En 2022, l’éditeur Fellow Traveler publiait Citizen Sleeper, un jeu développé par Jump Over the Age, studio tenu par Gareth Damian Martin, qui a réalisé et écrit le jeu. En attendant la sortie du second volet, revenons sur les raisons qui ont fait de Citizen Sleeper une petite pépite.
À sa sortie en mai 2022, Citizen Sleeper a été très bien accueilli par la presse et le public, notamment salué pour la qualité de sa narration et sa maîtrise du genre du visual novel. Aidé par les illustrations de Guillaume Singelin (PTSD, Batman: Urban Legends) et par la musique d’Amos Roddy (STRAFE, Kingdom: Two Crowns), le jeu a tapé dans l'œil de nombreux joueurs au point de devenir un petit succès culte.

Le Dormeur de l’espace
En sa qualité de visual novel, Citizen Sleeper comprend une forte composante narrative et demande du joueur de lire des kilomètres de texte. Ceux que la proposition ne rebutait pas ont pu découvrir une œuvre à la profondeur narrative certaine et témoignant d’un réel amour pour le jeu de rôle sur table. Se déroulant dans un univers de science-fiction cyberpunk, Citizen Sleeper met le joueur aux commandes d’un Dormeur, un type cyborg à la conscience tirée de la numérisation d’un esprit humain et exploité par des entreprises privées. Après vous être enfui de votre vie de servitude, le jeu s’ouvre alors que vous réveillez sur l’Œil d’Erlin, une station spatiale conçue selon le "tore de Stanford" et laissée à l’abandon (ou presque) depuis des années.
Au fil de la dizaine d’heures de jeu, on constate clairement les qualités d’écriture du scénariste-développeur Gareth Damian Martin, qui parvient à développer un récit poignant sur la conquête spatiale d'un univers, les dynamiques capitalistes qui l’ont entraînée, ceux que ce système capitaliste a exploité (et délaissé) et la recherche de communauté, d’entraide entre humains. Citizen Sleeper réussissait d’ailleurs à traduire un de ses thèmes, la question du maintien d’un corps mécanique, à travers son gameplay. En effet, le jeu vous demande de tenir compte d’une jauge de constitution représentant la stabilité de votre corps artificiel : une jauge dont la baisse peut conduire à des malus. C’est un point crucial du récit et du gameplay, puisque qu’il vous faut régulièrement acheter (ou fabriquer) des stabilisants pour éviter que votre constitution ne baisse trop. De plus, l’obtention de ses médicaments est une part importante de l’histoire, renforçant ses thèmes autour de la servitude que connaissent ces corps mécaniques aux mains de conglomérats privés.

Aidés par des personnages secondaires attachants et au chara-design réalisé par Guillaume Singelin, artiste français qui s’est notamment illustré au sein du Label 619, Citizen Sleeper réussi à développer un cast intéressant et dont les récits personnels se mêlent à celui du Dormeur. Profondément cyberpunk, la création de Gareth Damian Martin réussit avec brio à reprendre les codes du genre et s’approprier ses tropes, le tout accompagné de la musique synthétique d’Amos Roddy, une autre composante marquante du jeu.
À l'époque, Citizen Sleeper a également frappé de l'œil de nombreux joueurs par ses mécaniques inspirées du jeu de rôle sur table. À chaque début de cycle (équivalent d’une journée) le jeu vous octroie cinq dés que vous pourrez ensuite utiliser comme bon vous semble pour effectuer différentes actions. Plus la valeur de votre dé est élevée, plus vos chances de réussite sont importantes, le tout en prenant en compte les éventuels bonus ou malus s’appliquant à certains lancers. Malgré tout, le visual novel apparaissait parfois trop linéaire et échouait à mettre en scène le récit à embranchement que l’on pourrait attendre d’un tel RPG. Peut-être insuffisamment vaste au vu de sa propre proposition, Citizen Sleeper conservait cependant suffisamment de qualités, notamment un récit excellemment ficelé, pour rester une expérience aussi prenante qu’unique.
La même chose mais en mieux
En partant des promesses et des réussites du premier opus, Citizen Sleeper 2: Starward Vector semble promettre un jeu plus profond et mieux maîtrisé. S’il prend place après le premier, cet épisode ne se déroule pas directement après l'une de ses fins mais suit plutôt un nouveau protagoniste dans une nouvelle partie de cet univers. Nous avions pu essayer une démo du jeu à l’occasion du Steam Néo Fest et en étions sorti avec de très bonnes impressions, tant le jeu semblait être une amélioration de son aîné sur tous les points.

En vous donnant votre propre vaisseau d'abord, Citizen Sleeper 2 donne au joueur un sentiment d’exploration accru, loin d’être restreint à une seule structure comme pour le premier jeu. Le titre nous permet aussi de monter votre propre équipage composé de personnages rencontrés au fil de vos aventures spatiales, et de personnaliser les liens qu’il choisit de tisser (ou non) avec des personnages secondaires. Ces éléments mis ensemble donnent l’impression d’une aventure qui pourra changer en fonction des choix du joueur, avec la promesse d’avoir à gérer l’entretien de votre vaisseau aussi bien que les relations personnelles des personnes qui y résident.
L’un des écueils du premier jeu tenait à la générosité de ses ressources : rapidement, l’argent et les items nécessaires au maintien de votre Dormeur ne devenaient plus de réels soucis tant elles finissaient par être abondantes. Avec plus d’éléments à gérer, Citizen Sleeper 2 pourrait bien amener une couche de complexité bienvenue, juste de quoi forcer le joueur à faire des choix difficiles.
En ce sens, Citizen Sleeper 2 semble promettre une expérience plus complexe, plus complète aussi peut-être, que le premier jeu. Avec cette suite vient la promesse d’une aventure au choix plus impactants et aux embranchements davantage différenciés. Vraisemblablement plus dense, Citizen Sleeper 2: Starward Vector à l’opportunité de surpasser les limitations du premier jeu et d’offrir, en jeu vidéo, une expérience toujours plus proche du jeu de rôle sur table, un genre lui-même connu pour sa complexité et sa profondeur. Le titre sort le 31 janvier prochain sur PC, Switch, PS5 et Xbox Series (il est même inclus au Game Pass).