Cela fait 7 ans que les fans d’Histoire et de jeux de rôle exigeants attendent avec une certaine impatience la suite de Kingdom Come : Deliverance. Et on les comprend. Il était imparfait et pétri de bugs, mais il a su séduire les joueurs au point de faire de la sortie du second volet un événement. Il est désormais temps pour la rédaction de JV de donner son verdict final sur Kingdom Come : Deliverance 2 après 80 heures passées en Bohême, principalement sur PlayStation 5.
Sommaire
- Histoire
- Graphismes
- Gameplay
- Scénario
- Contenu
- Conclusion
Histoire
Kingdom Come : Deliverance nous immergeait pleinement dans le royaume de Bohême du XVe siècle et sa suite directe fait sans grande surprise de même. Les événements de Kingdom Come : Deliverance 2 se déroulent quelque temps après ceux du premier opus et nous invitent encore une fois à revivre l’Histoire avec un grand H. Bien entendu, les auteurs tchèques, même s’ils se sont inspirés des faits historiques, romancent l’Histoire tumultueuse de cette région d’Europe de l’Est afin de concevoir un récit épique et chevaleresque.
Nous sommes au XVe siècle alors que le royaume de Bohême est envahi par Sigismond de Luxembourg et ses troupes afin de revendiquer le trône. Le roi de Hongrie et de Croatie évince son demi-frère Venceslas IV jugé faible et s’auto-proclame souverain de Bohême. S’ensuit le saccage de la province ce qui nous mène à Henry qui assiste aux meurtres de ses parents et à la destruction du village de Skalice. Impuissant, il fuit devant l’ennemi. C’est ainsi que ce fils de forgeron voué à faire de grandes choses prend la route en quête d’aventure et de vengeance.
Kingdom Come : Deliverance 2 débute par une mission diplomatique. Henry de Skalice accompagne le noble Hans Capon afin de remettre en mains propres un message au seigneur de la région de Trosky de Berg. Malheureusement, ce qui devait être un simple voyage de routine tourne au désastre. Nos deux compagnons manquent de peu de se faire tuer et se retrouvent littéralement en slip avec pour seules richesses leur courage et une volonté de fer. Warhorse Studios trouve l’excuse idéale pour recommencer de zéro. Ils poursuivent ainsi l’épopée d’Henry tout en permettant à tous ceux n’ayant ni joué ni terminé le premier Kingdom Come de prendre l’histoire en cours de route sans souffrir d’un quelconque manque.

Graphismes
Une immersion totale dans le Moyen-Âge du XVe siècle. Voilà la première qualité indéniable de Kingdom Come : Deliverance 2 qui ne lésine sur aucun aspect afin de faire de la Bohême le théâtre idéal pour une aventure mémorable. Ce ne sont pas moins de deux régions qui sont offertes en 2025 aux joueurs, soient Trosky et Kuttenberg qui possèdent chacune leurs spécificités. La seconde a tout de même pour elle la cité médiévale du même nom qui donne un cachet certain à la province de par son opulence, sa démesure en comparaison des villages croisés jusque-là et bien entendu ses citoyens qui animent rues et ruelles.
D’ailleurs, Warhorse Studios n’a pas son pareil pour donner vie à ces régions de Bohême. Chacun vit sa vie et réagit à notre présence de manière crédible surtout si vous agissez mal. Bref, ils sont humains et non de simples PNJ, ce qui rappelle sur ce point précis Red Dead Redemption 2… Excusez du peu. Puis, ce royaume de Bohême est beau à s’en damner avec ses environnements verdoyants, ses villages typiques, ses personnages vivants et animés avec soin, sans oublier l’éclairage. Il faut dire que les studios tchèques maîtrisent leur sujet et le moteur CryEngine, déjà utilisé sur le premier épisode. Il en résulte un monde ouvert vivifiant et source d’opportunités pour tous ceux par nature curieux. Il fait bon vagabonder en Bohême en 2025.
Mais… car il y a des mais. Ce RPG édité par Deep Silver n’est en rien parfait. Les studios vont devoir se retrousser les manches pour corriger plusieurs bugs et problèmes techniques avant la sortie. Bonne nouvelle… Ils en sont conscients et planchent déjà dessus. Nous avons pu relever pêle mêle un léger clipping, des ralentissements dans certains cas très précis et l’absence de voix lors de dialogues. Cela n’occulte en rien le travail colossal effectué par les équipes chargées de ce projet, mais il serait bon de réduire au silence ces quelques errements afin de rendre une copie aussi parfaite que possible. Autre regret… Les expressions faciales laissent parfois à désirer.

Gameplay
Il est temps d’évoquer ce qui fait la sève d’un jeu vidéo… son gameplay. Ceux ayant osé braver Kingdom Come : Deliverance seront en terrain connu. En effet, Warhorse Studios peaufine en 2025 sa recette quelque peu rugueuse du “RPG” sans la dénaturer outre mesure. Les développeurs se sont principalement attelés à rendre l’expérience plus accessible tout en conservant ce qui en faisait une singularité dans le paysage vidéoludique moderne. Il n’est pas question ici de transformer l’aventure d’Henry en parcours de santé, mais d'améliorer ce qui pouvait ou devait l’être.
Kingdom Come : Deliverance 2 reste un jeu vidéo austère qui ne conviendra pas forcément à tout le monde. Les bases du gameplay traduisent cette vision vidéoludique en nous invitant à vivre la vie d’un homme du Moyen-Âge avec tout ce que cela implique… que ce soit dormir, se nourrir, se laver, etc. Il en va de même pour nos équipements et nos armes dont il faut prendre soin car la survie d’Henry en dépend. Il n’est pas question ici de partir en mission sans préparation en espérant faire plier la création de “Warhorse”. Au contraire, il est essentiel de la comprendre et de la faire sienne sous peine de manger prématurément les pissenlits par la racine.

Les combats ne font pas exception et peuvent se solder par une mort aussi rapide que juste. Ces affrontements inspirés des arts martiaux médiévaux qui misent sur la précision et la gestion de l’endurance sont aussi sporadiques qu’intenses et mêlent habilement authenticité et stratégie au point de ne ressembler à rien de connu. Le résultat est aussi grisant que frustrant, car la moindre erreur peut nous coûter la vie et donc de précieuses heures de jeu. La faute incombe à un système de sauvegarde toujours aussi contraignant qui ne pardonne aucune erreur ou presque. Sauvegarder nécessite de dormir dans notre lit, de boire une potion spécifique ou de quitter le jeu. Fort heureusement, le jeu sauvegarde aussi après avoir progressé dans une quête.
Kingdom Come : Deliverance 2 regorge de qualités, mais s’il y en a bien une qui à nos yeux fait toute la différence avec la concurrence, c’est la progression “organique” du héros. Elle ne repose pas à la différence des autres RPG sur le gain d’expérience à proprement parler, mais sur la pratique. Notre style de jeu influe donc directement sur l’apprentissage d’Henry qui se spécialise sans même sans rendre compte dans le combat, la furtivité ou encore l’éloquence. Warhorse Studios nous offre ainsi une expérience unique calibrée par et pour nous car Kingdom Come : Deliverance 2 est bel et bien l’aventure dont nous sommes le héros.

Scénario
Nous l’évoquions un peu plus tôt, ce RPG n’a pas pour but de nous donner un cours d’Histoire bien qu’il s’en inspire. Ce récit, qui romance des faits historiques, est bien plus prenant que celui de son prédécesseur et surtout plus ambitieux avec ses scènes de sièges et ses rebondissements à la “Game of Thrones”. La mise en scène digne de l’âge d’or hollywoodien n’est pas en reste et dresse fièrement l’étendard du royaume de Bohême, même si cette même mise en scène s'avère parfois trop statique et scolaire. Pourtant, le principal frein aux exploits d’Henry est paradoxalement le gameplay.
Si le RPG de Warhorse Studios est un modèle du genre lors de ses phases en monde ouvert, il peine à faire cohabiter ses mécaniques exigeantes et les séquences “scriptées” qui deviennent alors frustrantes. Il n’est pas rare de subir le réalisme du gameplay lors de séquences ludo-narratives qui exigent une certaine permissivité pour s’exprimer pleinement. Enfin, la liberté offerte dans la réalisation des différentes quêtes et la multitude de décisions aux conséquences bien réelles à prendre au cours de l’aventure sont à saluer. Henry se fraye un chemin par l’épée, mais aussi par la plume car il n’est pas nécessaire de croiser le fer pour prévaloir en Bohême. Tel est la force de ce Kingdom Come : Deliverance 2.

Contenu
Le premier volet possédait déjà une durée de vie exemplaire et sa suite la surpasse nettement. Nous avons passé pas moins de 80 heures au cœur du royaume de Bohême pour terminer la campagne principale et plusieurs quêtes secondaires en cours de route. Elles sont dans l'ensemble bien meilleures que celles Fedex inhérentes au genre et vous entraînent parfois dans des aventures tout aussi rocambolesques. Nous parlons ici d’une trentaine de missions principales et de plusieurs dizaines de quêtes et autres tâches secondaires. Et c’est sans oublier les différentes activités telles que le jeu de dés, la forge, l’alchimie de potion, les combats clandestins, etc.
Pour conclure en beauté, voici un petit détail qui pour nous fait toute la différence. Warhorse Studios a intégré des voix tchèques dans son RPG, ce qui participe grandement à l‘immersion. Il est donc possible ET recommandé de jouer à Kingdom Come : Deliverance 2 en version originale sous-titrée français afin de vivre une aventure égale à nul autre pareil. Les voix françaises sont aussi disponibles, mais ce n’est pas la voie idéale pour devenir un preux chevalier du royaume de Bohême. A la rédaction de JV, nous la déconseillons.

Conclusion
Kingdom Come : Deliverance 2 est bel et bien le RPG exigeant que nous attendions en 2025. Plus grand, plus ambitieux et plus fort que son prédécesseur, il sublime un réalisme vidéoludique parfois austère, mais ô combien grisant. Warhorse Studios n’épargne personne pour notre plus grand plaisir et confirme que sa vision sans concession du jeu vidéo est une voie toute tracée vers la grandeur. Nous regrettons simplement que certains errements ludiques et techniques l’empêchent d’atteindre la félicité !