La mode est aux expériences survivalistes, à croire que le contexte géopolitique de ces dernières années influence grandement les studios. Après avoir survécu à la zone d’exclusion de S.T.A.L.K.E.R. 2 : Heart of Chornobyl et au royaume de Bohême en guerre de Kingdom Come Deliverance 2, il est temps de filer en Angleterre pour faire face à une catastrophe nucléaire avec Atomfall de Rebellion Developments. Voici nos premières impressions après 10 heures de jeu sur PlayStation 5.
Une uchronie nucléaire
Atomfall est un jeu vidéo de survie à la première personne développé et édité par Rebellion Developments. Les studios britanniques derrière les séries Sniper Elite et Zombie Army, mais aussi NeverDead, Alien vs Predator (2010), etc. ambitionnent en 2025 de proposer leur vision du genre post-apocalyptique. Au cœur d’une Angleterre victime d’une catastrophe nucléaire forçant le gouvernement à mettre en place une zone de quarantaine autour de Lake District, nous incarnons un survivant amnésique déterminé à s’échapper.
Cette uchronie réécrit donc l’Histoire en prenant pour point de départ l'incendie de Windscale ayant ravagé la première centrale nucléaire britannique en octobre 1957. L’intrigue d’Atomfall débute 5 ans après les événements alors que la région, victime d’incidents surnaturels, est coupée du reste du monde. Dans cette version alternative de l’Histoire, le Royaume-Uni a vécu son propre Chernobyl. Il est désormais temps de faire face à ce jeu vidéo de science-fiction inspiré entre autres de Fallout : New Vegas, la franchise Metro et BioShock. L’épopée s’annonce sur le papier mémorable.

Une zone de quarantaine
Atomfall n’est pas un monde ouvert comme peut l’être S.T.A.L.K.E.R. 2 : Heart of Chornobyl, mais une région constituée de plusieurs zones connectées entre elles et qui nécessitent un temps de chargement pour passer de l’une à l’autre. Cela n'entache en rien l’expérience, mais témoigne de la volonté des développeurs de garantir aux survivants des conditions de jeu optimales. Il faut toutefois relever que les environnements demeurent statiques et souffrent d’un manque de vie qui n’est en rien choquant… zone d’exclusion oblige. Je me suis même surpris à flâner ici et là et à découvrir des lieux marquants qui valent le coup d'œil. Pénétrer dans une grotte peut vous mener à une balade de plusieurs heures et à des découvertes inattendues.
D’un point de vue purement technique, le titre de Rebellion Developments assure l'essentiel (il fait le café comme on dit), sans ne serait-ce qu’oser flirter avec le top des standards actuels. Toutefois, cela n'affecte en rien ce charme 100% ‘british” qui se dégage du titre. Je pense notamment aux fameuses cabines téléphoniques rouges, à l’Union Jack disséminé ici et là et aux décors typiques du nord de l’Angleterre. Atomfall manque de diversité, surtout en extérieur, mais se rattrape une fois en intérieur avec ses bases secrètes tentaculaires et ses réseaux souterrains mystérieux. Puis le simple fait d’entendre l’accent anglais dans tout ce qu’il a de plus exotique m’immerge pleinement à District Lake. Le sound design de bonne facture est une autre qualité d’un jeu qui préfère créer une ambiance réaliste sans jamais forcer sur la musique… et je remercie les équipes créatives pour ça.

Une formule attendue, mais efficace
Atomfall serait inspiré de grands noms du 10e Art et cela se ressent manette en mains tant il reprend les grands principes du genre, soit le jeu vidéo d’action-aventure et de survie à la première personne, sans forcément se les réapproprier. Tout est ici extrêmement bien pensé et réalisé, mais ne surprend que rarement, surtout si vous avez terminé Stalker 2 par exemple, ce qui n'est pas un problème en soi. Le titre de Rebellion repose en réalité sur 3 piliers suffisamment solides pour garantir une expérience vidéoludique mémorable, à savoir l’exploration, la survie et le combat.
Explorer est incontestablement la principale qualité du titre. Il n’est pas rare de vagabonder au gré des objectifs et de découvrir un lieu, de rencontrer un personnage, etc. qui mènent vers d’autres trouvailles pouvant débloquer des pans entiers de l’histoire. Car il n’est pas question ici de suivre bêtement une trame gravée dans le marbre. Notre amnésique peut s’acoquiner avec divers PNJ dans l’espoir de fuir District Lake, mais cela n’est pas sans conséquences. Atomfall nous laisse libre de nos choix et de nos actes, et ce sentiment de liberté fait un bien fou à l’heure des récits “trop” dirigistes.
Pour ce qui est des combats, ils sont honnêtes sans jamais rivaliser avec ses illustres modèles mentionnés plus tôt. Si le feeling des armes se suffit à lui-même, l'intelligence artificielle qui donne vie aux différents ennemis est encore trop perfectible pour constituer une véritable menace. Quant à la dimension survie (et par extension RPG), elle se résume à une gestion minutieuse des équipements et des munitions, à l’obtention de nouvelles compétences passives, au suivi de son rythme cardiaque et c’est à-peu-près tout. Sans faire d’étincelles, Rebellion Developments livre en 2025 la marchandise et prouve qu'il y a de la place sur le marché pour une aventure survivaliste de plus.

Une expérience sur mesure
Il est fort agréable de pouvoir personnaliser son expérience de jeu afin de la rendre la plus plaisante possible. Au-delà des options d’accessibilité qui sont toujours les bienvenues, je parle ici de celles permettant de modifier la difficulté selon plusieurs critères. Dans Atomfall, le défi que représentent les dimensions combats, survie et exploration peut varier indépendamment les unes des autres. Explorer en mode “décontracté” se traduit par des indications sur la carte à la différence de “défi” et surtout “intense” où votre sens de l’observation et de l’orientation sont mis à contribution. Enfin, ces styles de jeu affectent aussi les combats et la survie en réduisant votre résistance, en diminuant le loot, etc. Rebellion Developments propose ainsi une aventure sur mesure pouvant convenir à tous les types de joueurs. Le geste est à saluer.