La frontière entre le monde du cinéma et celui du jeu vidéo est de plus en plus poreuse. En témoignent les adaptations dans un sens, et l’arrivée massive d’acteurs mondialement connus dans les studios de motion capture. Certains s’investissent même dans les deux industries.
Lorsqu'on pense aux acteurs présents dans les jeux vidéo, on pense à Norman Reedus, Idris Elba, Keanu Reeves, Rami Malek, Ashley Johnson, Shawn Ashmore, Elliot Page, Léa Seydoux, Mads Mikkelsen, Kevin Spacey ou encore Kristen Bell. On parle également de grosses productions telles qu'Assassin's Creed, Until Dawn, Call of Duty, Cyberpunk 2077, Beyond : Two Souls ou encore Death Stranding. De plus en plus régulièrement, et grâce aux progrès de la motion capture et des moteurs de rendu 3D, les acteurs peuvent déployer leur jeu dans des productions vidéoludiques. De quoi apporter de la plus-value aux productions et disposer d'un sacré argument marketing. Un titre capable de s'offrir des comédiens et comédiennes récompensés dans tous les sens a tendance à générer de la confiance.
Abubakar Salim, comédien et développeur
L'enjeu autour de leur image est tel qu'ils "ne se risqueraient pas" à s'investir dans un traquenard. Bien évidemment, les choses ne sont pas aussi binaires, et tout ne se passe pas toujours comme prévu. Il arrive également que des comédiens se lancent dans l'aventure du jeu vidéo. On peut notamment citer Elijah Wood (Le Seigneur des Anneaux) et son studio VR, mais également Abubakar Salim. L'acteur britannique, connu pour ses rôles dans The Jury, Spotless, Black Mirror, Raised by Wolves, Napoleon et House of the Dragon, a mis les pieds dans le jeu vidéo il y a près de 10 ans. Son premier rôle n'est autre que celui de Bayek, personnage principal d'Assassin's Creed Origins.
On le retrouve également dans World of Warcraft (Rokhan), Diablo Immortal, Xenoblade Chronicles 3, Diablo IV ou encore Stray Gods : The Roleplaying Musical. Il a également officié en tant que Game Director sur Tales of Kenzera : ZAU, incarnant lui-même le personnage principal. Ce titre souffrede nombreuses erreurs de jeunesse mais vaut tout de même un coup d'œil si vous aimez les métroidvanias. Édité par EA Originals, le titre n'a pas pu trouver assez de joueurs pour maintenir l'équipe en place. Plusieurs développeurs ont donc été remerciés. Cependant, l'histoire n'est pas finie car Surgent Studios a trouvé un nouvel allié : Pocketpair. Le studio derrière Palworld s'est en effet rapproché du studio d'Abubakar Salim après une rencontre lors des Game Awards :
Aux Game Awards, nous avons eu cette rencontre avec l’équipe. C’était essentiellement des développeurs qui parlaient honnêtement de leurs expériences. Nous avons tous deux eu des expériences très différentes. En fin de compte, il y avait une sorte de connexion autour de l'amour des jeux. (...) L’année dernière, je me suis senti extrêmement impuissant (rapport à la sortie du jeu et au harcèlement raciste subit par le studio, ndlr). Ça m’a fait réfléchir à l’endroit où se situe le pouvoir dans l’industrie du divertissement. Qu'est-ce que cela signifie pour les gens en termes d'art ? Je pense que j'ai bloqué sur ces pensées et que je voulais les transformer en quelque chose, indique Abukara Salim
Pocketpair (Palworld) et Surgent Studios main dans la main pour un jeu horrifique
Tout en poursuivant de façon indépendante son travail sur son beat'em up aux allures de RPG narratif, Tales of Kenzerra: Project Uso, Surgent Studio s'attelle actuellement au développement d'un jeu d'horreur "court et étrange". Ce dernier a pour thème le pouvoir et la corruption dans l'industrie du divertissement. Un sujet qui a plu à Pocketpair, qui est donc partenaire sur cette production attendue dans le courant de l'année.
Surgent et Pocketpair ont tous deux l'habitude de prendre des risques. Nous avons remarqué un schéma qui se répète dans l'industrie du divertissement, et Pocketpair nous a donné l'opportunité d'en tirer un jeu d'horreur. (...) Je pense que ce que nous avons à dire va intéresser les joueurs, ajoute l'acteur-développeur.
Alors que l'industrie du jeu vidéo continue de croître, de plus en plus de jeux peinent à trouver des financements. Nous trouvons cela bien dommage, car il y a énormément de créateurs et d'idées fantastiques qui n'ont besoin que d'un coup de pouce pour devenir de formidables jeux. Nous avons tout de suite été fascinés par la vision créative d'Abubakar et il est tout particulièrement qualifié pour explorer ce sujet, indique de son côté John Buckley, patron de Pocketpair Publishing.
Couvert d'or par le fulgurant succès de Palworld malgré un procès en cours contre Nintendo, Pocketpair a rapidement fait connaître ses intentions en termes d'édition avec la création d'une branche dédiée. Celle-ci se veut d'ailleurs très rassurante, déclarant sur son site officiel que l'intention n'est pas de prendre le contrôle des projets ou de pousser un style plutôt qu'un autre, mais simplement de "donner de l'argent et (...) à faire un jeu sympa". Un discours plaisant pour les studios, reste à voir combien de temps il restera valable.