Raphael Colantonio critique le Xbox Game Pass : un modèle insoutenable pour l'industrie du jeu vidéo ?

Titre original : Il pense que le Xbox Game Pass est un problème pour le jeu vidéo et ce n'est pas le seul...

Menace ou révolution bienvenue ? C’est le débat échauffé qui entourait le Game Pass proposé par Xbox ce week-end et il a impliqué des acteurs de l’industrie vidéoludique pour qui le service financé par Microsoft constitue un gros problème.

Il n’a fallu qu’un tweet pour enflammer la sphère jeu vidéo ce week-end, tant son sujet faisait débat. Ce tweet, c’est celui de Raphael Colantonio, fondateur et président d’Arkane (Dishonored, Deathloop, Prey...) jusqu’en 2017, et actuel président de Wolfeyes Studios (Weird West). Dans un post daté du 5 juillet, il désigne le Xbox Game Pass comme “l’éléphant dans la pièce dont personne ne parle,” sous-entendant que le service de jeu à la demande est un problème, ce qu’il développe par la suite.

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"Un modèle insoutenable qui fait de plus en plus de mal à l'industrie"

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le fondateur d’Arkane n’y est pas allée de main morte avec le service proposé par Xbox :

Je pense que le Game Pass est un modèle insoutenable qui fait de plus en plus de mal à l’industrie depuis une décénnie, soutenue par “l’argent infini” de Microsoft, mais la réalité frappera bien à un moment. Je pense que le Game Pass ne peut pas coexister avec d'autres modèles, il tuera tous les autres ou abandonnera.

Ces propos n'ont pas manqué de faire réagir les internautes, d'autant plus que le sujet du Game Pass est souvent propice aux discussions échauffées. Invité à s'expliquer par différents interlocuteurs sous son tweet, Raphael Colantonio a expliqué que selon lui, le modèle économique de Microsoft ne peut pas soutenir indéfiniment le Xbox Game Pass. S'il reconnait volontiers que le service est un très bon plan pour les joueurs qui ne paient parfois qu'un euro pour profiter d'un immense catalogue de jeux, il rappelle que le service n'est pas rentable et ne peut pas l'être sans une grande augmentation du prix de l'abonnement. Pour rappel, le "Netflix des jeux vidéo" comme le décrivait Phil Spencer propose actuellement un tarif de 12€/mois pour l'abonnement normal, et 17.99€ pour le modèle supérieur.

L'ancien président d'Arkane a aussi émis une mise en garde pour les joueurs envers ce système qu'il juge dangereux pour l'équilibre de l'industrie. Il explique :

"Quand un deal semble trop beau, il y a une raison derrière qui pourrait se révéler plus tard et blesser tout le monde, y compris le public. Ce qu'il *pourrait* se passer quand Microsoft aura gagné, c'est que les jeux vont commencer à être mauvais alors que les prix montent. Pourquoi ? Parce que ce deal génial que vous avez maintenant est financé par Microsoft qui y injecte de l'argent dans l'espoir de tuer la concurrence. Mais une fois qu'ils y parviendront, les choses deviendront sérieuses."

Des propos partagés par d'autres figures de l'industrie

Même si Raphael Colantonio s'est souvent engagé dans des débats contre des supporters du Game Pass ce weekend, il a aussi trouvé des alliés, comme Joe Kreiner, l'ancien vice-président du service commercial d'Epic Games, ou bien Michael Douse, directeur de publication chez Larian, le studio derrière Baldur's Gate, jeu absent du Game Pass. Ce dernier a répondu au post initial pour apporter une voix complémentaire au point de vue du président de Wolfeyes Studio. Il confirme ainsi que la problématique de "l'argent infini" de Microsoft inquiète plus qu'il ne rassure les développeurs de son réseau. Il indique d'ailleurs préférer le modèle promu par Playstation et son PS+, dans lequel les jeux possédés par Sony ne sont pas ajoutés immédiatement au catalogue de jeux.

Il pense que le Xbox Game Pass est un problème pour le jeu vidéo et ce n'est pas le seul...

Malgré tous ces débats sur le service d'Xbox, le Game Pass continue de trouver son public, même si Phil Spencer a reconnu en avril dernier que " le Game Pass n'est pas pour tout le monde ". Selon les derniers chiffres rapportés par un employé de l'entreprise, 35 millions de joueurs seraient abonnés au service de jeux à la demande de Microsoft. Un chiffre haut dans l'absolu, mais qui représente un ralentissement dans l'évolution des souscriptions au Game Pass (qui comptait 34 millions d'abonnés en février 2024, et 30 millions en septembre 2023). Ce discours autour de ce service non rentable intervient dans un contexte où Microsoft fait face à un contrecoup auprès du public, après 9 000 nouveaux licenciements ce 3 juillet 2025, dont plus de 1000 chez Xbox Gaming.