On dit que la guerre des consoles serait sur le point de se terminer à cause de la disparition des exclusivités, trop coûteuses à produire pour un parc qui peine à s’étendre au fil des générations. Ce qui est certain, c’est que la décision des dirigeants de PlayStation du 3 juillet 2025 laisse imaginer un avenir plus multiplateforme que jamais, à la fois pour Xbox et PlayStation.

Un échange de munitions

La nouvelle est tombée brusquement le 3 juillet dernier : Sony Interactive Entertainment va sortir son jeu service qui rencontre le plus de succès sur Xbox Series X|S. Jusque-là exclusif à la PS5 et au PC, Helldivers II va effectivement atterrir sur la planète au gros “X” le 26 août prochain. Certains y voient un échange de bons procédés entre Sony et Microsoft, Gears of War : Reloaded arrivant sur PlayStation 5 le même jour, mais ce n’est objectivement pas le cas.

Au petit jeu du multiplateforme, le constructeur américain a largement pris les devants par rapport à son concurrent japonais. As Dusk Falls, Hi‑Fi Rush, Sea of Thieves, Pentiment, Grounded, Indiana Jones et le Cercle Ancien, Forza Horizon 5 et bientôt Senua’s Saga : Hellblade 2… Microsoft profite des 78 millions de PS5 vendues dans le monde pour augmenter ses marges. Et ça marche ! Au mois de mai 2025, 4 des 5 jeux vidéo ayant généré le plus de dollars aux États-Unis sont édités par Microsoft (d’après Circana). En d’autres termes : les joueurs PlayStation n’achètent pas de Xbox, mais ils craquent pour les jeux édités par Microsoft.

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Marcher dans le sillage

Le créateur de Windows est-il en train de montrer la voie à Sony ? Ce qui est certain, c’est qu’après avoir suivi Xbox sur la sortie de plus en plus systématique de jeux first-party sur PC et après avoir modifié son PS Plus pour mieux concurrencer le Game Pass, le groupe japonais semble lui aussi être séduit par les promesses du multiplateforme. Il a sorti Lego Horizon Adventures sur Switch, vient de publier Patapon 1+2 Replay sur l’hybride de Nintendo et va autoriser l’arrivée d’Everybody's Golf : Hot Shots sur le Store des papas de Mario. Des débuts timides, mais des débuts quand même.

En ce qui concerne les consoles Xbox, bien que MLB The Show soit arrivé en 2021 et bien que les jeux Bungie (Destiny, Marathon) soient toujours prévus dans l’écosystème Microsoft, l'atterrissage prochain d’Helldivers 2 sur Xbox Series X|S continue de faire parler. C’est tout à fait normal : il s’agit du premier jeu publié par PlayStation à être lancé sur Xbox, puisque Destiny est édité par Bungie et MLB The Show par MLB. Depuis, on voit certains utilisateurs du réseau social X prophétiser un virage third party pour Sony, tandis que certains sites spécialisés dressent des listes de jeux PS4/PS5 qu’ils aimeraient voir sur Xbox. Un échange de bons procédés, là aussi ?

Survivre ensemble

L’annonce de la sortie d’Helldivers 2 sur Xbox est intervenue quelques jours seulement après la publication d’une vidéo de questions/réponses destinée aux actionnaires de la société japonaise. Dans cette dernière, Hideaki Nishino (président et directeur général de Sony Interactive Entertainment) et Hermen Hulst (directeur général des studios PlayStation) affirment explorer toutes les possibilités qui se dressent devant eux pour apporter les contenus et les services PlayStation aux joueurs, quand bien même ces derniers ne seraient pas forcément sur une machine de Sony. “Nous réfléchissons beaucoup sur comment, et si, nous allons commercialiser nos titres sur d'autres plateformes”, insiste Hermen Hulst.

Sony, historiquement très attaché à ses exclusivités, casse – prudemment – ses propres règles en déployant un titre majeur sur une console concurrente. Cet événement s’inscrit dans un contexte plus large avec Microsoft qui porte régulièrement ses jeux sur d’autres consoles à un moment où les organismes de régulation de la concurrence commencent à s’intéresser aux Stores propriétaires dans le monde des consoles. À terme, le multiplateforme deviendra-t-il la norme ? Face aux coûts de production qui ne cessent d’augmenter, face à un parc de consoles qui stagne d’une génération à une autre, et avec des jeux-service tellement énormes qu’ils sont devenus des plateformes à part entière, les éditeurs ne semblent plus avoir beaucoup d’options s’ils veulent – au minimum – lutter.