En Inde, la ressortie en salles d’un film modifié par intelligence artificielle suscite une vive controverse et pose plusieurs questions d’éthique majeures.
Un film partiellement modifié par I.A.
L'industrie cinématographie indienne est en pleine tourmente après l'annonce de la ressortie du film "Raanjhanaa" dans une nouvelle version destinée au public parlant le tamoule. Le problème, c'est que cette nouvelle version contient une fin inédite, entièrement générée par intelligence artificielle, comme le rapporte The Hindu. "L'histoire d'amour intemporelle revient au cinéma ! #Ambikapathy sort en salles le 1er août… Une nouvelle fin optimisée par l'IA", a déclaré Upswing Entertainment, qui se charge de la distribution du film. Un constat alarmant à plus d'un titre, qui révolte d'abord Aanand L. Rai, le cinéaste à l'origine du projet original.

Une situation alarmante
"Raanjhanaa" est d'abord sorti en 2013 et contenait alors un fin tragique. Mais cette fois-ci, le film est complètement repensé à l'aide de l'intelligence artificielle afin de proposer un happy ending moins clivant. Un coup dur terrible pour Aanand L. Rai qui évoque une "expérience dystopique".
Je suis navré de voir vers quel avenir nous nous dirigeons, où l'intention et la paternité sont jetables. Je ne peux que me dissocier d'une expérience aussi imprudente et dystopique. Raanjhanaa n'avait pas besoin d'un nouveau dénouement. Il avait du cœur et de l'honnêteté. Il est devenu culte parce que le public s'y est attaché malgré ses défauts et ses imperfections. Voir sa fin modifiée sans un mot de discussion est une violation flagrante non seulement du film, mais aussi de la confiance des fans qui le portent dans leur cœur depuis 12 ans.
De son côté, la société de production Eros s'est défendu en expliquant qu'il ne s'agit pas là d'un "remplacement", mais d'une "réinvention créative". " Il s'agit d'une réinvention créative, et non d'un remplacement, et elle est conforme aux pratiques mondiales de l'industrie, notamment les éditions anniversaire, les montages alternatifs et les remasters modernisés. Nous rejetons catégoriquement les allégations de M. Rai, qui sont non seulement erronées sur le plan factuel, mais également infondées sur le plan juridique." Il faut comprendre qu'en Inde, la production détient les droits moraux et est considérée comme l'auteur légal du film. Un constat effarant qui soulèvent de nombreuses questions éthiques et morales, notamment concernant les droits d'auteur et les droits à l'image des acteurs qui n'ont, a priori, jamais donné leur accord.