Est-ce que vous aussi, vous avez des jeux “doudous” ? Des titres qui, quelles que soient leurs qualités, ont toujours leur place dans votre ludothèque car ils ont une utilité bien précise : vous réconforter en vous rappelant le bon vieux temps. Ce ne sont pas forcément vos jeux vidéo préférés ever, mais ils ont une place indéboulonnable dans votre cœur. Ce sont des madeleines de Proust vidéoludiques !
Cet article étant un billet d’opinion, il est par nature 100 % subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV. Bonne lecture !
Se rappeler d’un (bon) moment plutôt que d’un jeu
“La nostalgie ? Ça vient quand le présent n'est pas à la hauteur des promesses du passé”, écrivait Neil Bissondath dans Tous ces mondes en elle. Loin des considérations identitaires abordées par l’auteur dans le livre cité, les passionnés de jeux vidéo – nés il y a plusieurs décennies – ont des softs adorés qui leur rappellent de bons souvenirs provenant d’époques définitivement révolues. Même un jeu objectivement mauvais, mal noté dans les magazines de l'époque, mais reçu lors d’un Noël enchanteur peut marquer positivement les mémoires. Au bout d’un moment, ce n’est plus le jeu en lui-même qui importe, mais tout ce qui a gravité autour de sa découverte à un instant T. Les musiques, les cinématiques, les graphismes, les mécaniques… tous les ingrédients qui composent ces titres marquants rouvrent des cases dans notre cerveau, telles des clés à-mêmes de libérer des réserves inépuisables de dopamine, sérotonine, endorphine et ocytocine.



Pour ma part, ce ne sont pas forcément les jeux que je considère comme géniaux, avec toute l’objectivité dont je dispose, que je relance le plus régulièrement. The Legend of Zelda Ocarina of Time, Super Mario Galaxy, Perfect Dark, GTA 3, BioShock, Uncharted 2, Resident Evil 4, Gears of War… tous ont eu un impact sur ma vie de joueur grâce à leurs grandes qualités rencensées via Metacritic, mais ils n’ont pas ce “petit truc” qu’ont certaines autres productions jugées moins bouleversantes dans l’histoire du jeu vidéo. Ce n’est pas une question de gameplay, de réalisation ou d’âme. Il s’agit de moments, d’époques, d’ères liées à leur découverte.
Gravés dans les pixels, les murs, les cassettes
Sur NES, on parle souvent de Mario Bros. ou de The Legend of Zelda dans les jeux préférés des (vieux) joueurs, mais pour ma part, c’est Gremlins 2 : The New Batch que je chéris. J’ai joué au jeu avant de voir le film et à l’époque, je me souviens avoir regardé un nombre incalculable de fois le programme TV pour voir quand une des 6 chaînes allait le diffuser. Je trouvais la jaquette tellement incroyable que je l’ai prise en photo pour ensuite l’afficher dans ma chambre. Le titre était très cinématographique pour l’époque, avec des cutscenes bien fichues comme je n'en avais jamais vues. La séquence finale disposait d’une superbe musique pour un jeu NES que j'avais enregistrée sur une cassette audio. Bref, de sacrés souvenirs.
La Game Boy Caméra, accessoire qui a refait parler de lui depuis que certains l’utilisent comme webcam pour la Switch 2, est par exemple pour moi indissociable de l’ambiance survoltée de la coupe du monde 1998. L’étrange cartouche qui permettait de prendre des photos sur sa Game Boy est effectivement arrivée le 17 juin 1998… soit une semaine après le match d’ouverture (Brésil - Ecosse). Alors âgé de 7 ans, je m’amusais à prendre plusieurs photos des matchs puis de rajouter Pikachu avec l’outil d’édition afin de l’incruster dans les rencontres et de créer des petits dessins animés. Quand je vois ce gros œil blanc de l’accessoire, ce sont les souvenirs de liesses populaires de bals de klaxons qui reviennent immédiatement. J’ai retrouvé mon exemplaire et suis allé faire un petit tour dans ses menus. Je suis retombé sur des clichés pris il y a presque 30 ans et oui, ça fait tout drôle.
Oui, c'est une photo de mon chat prise en 1998 (le pauvre, il n'est plus de ce monde).

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Du côté des mauvais jeux que j’adore relancer régulièrement par pur trip nostalgique, il y a The Adventures of Mighty Max. Demandé au père Noël tout simplement parce que j’aimais les jouets, il avait tout pour déplaire au fan d’action que j’étais, puisqu’il s’agissait d’un puzzle game labyrinthique (saupoudré de plateforme) où il fallait trouver un moyen de ramener différentes pièces d’une arme dans des téléporteurs. Cependant, et un peu comme pour Turok : Dinosaur Hunter sorti quelques années après, il est indissociable de fêtes de fin d'année placées sous le signe de l'insouciance. C’est certain, on a connu mieux comme jeu "doudou", mais les premiers pas dans le monde Volcano me transportent directement au milieu des années 1990 avec de l’Eurodance dans les oreilles et le goût des bonbons du professeur Horribilus dans le palais.



Du bonheur en doses homéopathiques
Évidemment, il est impossible de ne pas citer les gros jeux de lancement de quelques consoles qui m’ont marqué pour leur côté révolutionnaire. Deux en particulier me viennent à l’esprit. Bien que Super Mario Bros. et Super Mario World m’ont impressionné, c’est Super Mario 64 qui m’a infligé une des plus grosses baffes de ma vie de joueur. L’introduction dans une superbe 3D inédite pour Mario couplée à l’impression de liberté (dans le parc du château) que je n’avais jamais ressentie auparavant font qu’encore aujourd’hui, je me balade dans les jardins du titre par pure nostalgie réconfortante. L’autre production, c’est Halo : Combat Evolved. Je relance régulièrement des missions telles que “Le Pillar of Autumn”, “Halo”, “Le Truth and Reconciliation" ou encore "Le cartographe silencieux", des niveaux mythiques qui donnaient vraiment l’impression d’être sur une machine “next-gen”.


Dans les petits rituels nostalgiques qui me remplissent d’émotion que je m’accorde régulièrement par pure gourmandise, il y a le fait de regarder la cinématique d’introduction de Blood Omen : Legacy of Kain, trottiner dans le manoir Spencer de Resident Evil 1 (puis écouter la jolie musique de la salle de sauvegarde avant de couper) ou encore revivre les 10 premières minutes d’Half-Life à bord de la rame automatique. Me balader sur le Pioneer II de Phantasy Star Online fait aussi partie de ces petits bonheurs qui rappellent quelques parties endiablées, en ligne, sur console. Les premières, en réalité... à un moment où les joueurs étaient juste heureux de se retrouver en ligne. Ces jeux vidéo “doudous” me procurent des doses homéopathiques de pur bonheur nostalgique.
Bien sûr, ce petit billet très personnel pourrait ne rien vous évoquer. Nous sommes tous différents, surtout dans tout ce qui touche à la nostalgie et aux jeux qui ont marqué notre vie (pour tout un tas de raisons). Parfois, rejouer est un moyen tout simple de se retrouver : les parties sont lancées non plus pour gagner, mais pour se remémorer de bons souvenirs. Ces pixels un peu flous affichés sur nos écrans pas toujours très cathodiques sont rendus plus nets par la force de nos souvenirs, ceux des moments révolus qui nous sont chers.