Christopher Nolan, le cinéaste tant renommé à Hollywood, a souvent partagé les influences qui ont façonné sa propre vision du cinéma. Il puise notamment son inspiration dans le panthéon du 7e Art, et un titre en particulier, qualifié de “perle rare” par le principal intéressé, a laissé une empreinte significative sur son travail. Il s’agit de La Colline des hommes perdus, un film de 1965 réalisé par Sidney Lumet et mettant en vedette Sean Connery.

Un drame militaire sans concession

La Colline des hommes perdus (titre original : The Hill) de 1965 est un film de guerre britannique qui plonge les spectateurs au cœur d'une prison militaire située dans le désert libyen au cours de la Seconde Guerre mondiale. C'est une exploration intense des luttes de pouvoir physiques et psychologiques au sein de cette institution. L'intrigue se noue autour de l'arrivée de cinq nouveaux prisonniers, condamnés pour diverses infractions militaires et sont soumis à des routines répétitives et brutales sous la chaleur écrasante du désert. Au centre du camp, une colline artificielle, un monticule géant de sable, sert d'instrument de punition que les détenus sont contraints de gravir inlassablement. La confrontation entre les nouveaux arrivants et les autorités du camp s'intensifie, notamment avec le sergent-chef Williams, un gardien excessivement cruel. Lorsque l'un des prisonniers succombe à ces traitements abusifs, une lutte de pouvoir éclate.

Le film bénéficie d'une distribution solide avec Sean Connery dans le rôle de Joe Roberts, un ancien sergent-major du Royal Tank Regiment, emprisonné pour avoir agressé son commandant. Harry Andrews incarne le sergent-major Bert Wilson tandis qu'Ian Hendry campe le sadique sergent-chef Williams. La Colline des hommes perdus a été projeté en compétition au Festival de Cannes 1965 où il a été nominé pour la Palme d'Or et a remporté le Prix du Meilleur Scénario. Il a également été nominé pour six BAFTA Awards, remportant celui de la Meilleure Photographie. Malgré un succès commercial limité, le film décrit comme "dure, sadique et brutale" mais "superbement interprétée" a été largement salué par la presse. Des critiques ont loué sa "cinématographie en noir et blanc" et le jeu "intelligemment retenu" de Connery, ainsi que la performance exceptionnelle d'Harry Andrews.

Une influence majeure sur le cinéma de Christopher Nolan

Le réalisateur a confié avoir projeté une magnifique copie de La Colline des hommes perdus en 35 mm du film pour son directeur de la photographie sur Oppenheimer, Hoyte Van Hoytema. Lors de cette projection, ils ont été particulièrement impressionnés par la cinématographie en noir et blanc, mais aussi et surtout par la manière dont la caméra était utilisée. Cette admiration pour The Hill s'inscrit dans la reconnaissance plus large de C. Nolan pour le travail de Sean Connery en dehors de son rôle emblématique de James Bond. Il a d'ailleurs qualifié sa performance dans un autre film de Lumet, The Offence, comme sa meilleure. Comme le déclare Christopher Nolan, dans le Vidéo Club de Konbini avec Christopher Nolan et Cillian Murphy, La Colline des hommes perdus est "une perle rare". Cette affirmation résume l'estime qu'il porte à ce classique, non seulement pour son récit puissant et ses performances marquantes, mais aussi pour les leçons techniques et narratives qu'il a pu en tirer, influençant indirectement la création de ses propres films.

ça, c'est une perle rare. Tu connais ? - Christopher Nolan

Oui. - Cillian Murphy

Fantastique. On a projeté une copie. Hoyte Van Hoytema, qui est le directeur de la photographie pour "Oppenheimer" et moi-même avons projeté une magnifique copie en 35 mm pour l'Académie. - Christopher Nolan

J'adorerais voir ça. - Cillian Murphy

Voir les techniques cinémétographiques du noir et blanc, mais pas seulement la cinématographie, je pense que Hoyte a été marqué par la façon dont la caméra bouge. C'était avant le Steadicam. Avec le chariot. Maintenant on fait tout avec un chariot... - Christopher Nolan

Ils n'avaient pas la même machinerie à l'époque. - Cillian Murphy

Pas de machinerie et on s'est inspiré de ça, de cette façon d'essayer de capturer des plus gros mouvements, en essayant de dompter la caméra pour capturer une intimité même si on tourne avec cette grosse machine. - Christopher Nolan

C'est de Sidney Lumet ? - Cillian Murphy

Oui, Sidney Lumet. - Christopher Nolan

C'est de quelle année ? 1965 ? - Cillian Murphy

1965, je dirais. - Christopher Nolan