Un acteur britannique au talent éclatant, reconnu mondialement pour ses performances captivantes, a un jour pris une décision radicale, celle de s’éloigner d’Hollywood. Cette pause surprenante, qui s’est étendue sur quatre années, aurait été provoquée par sa profonde aversion pour un film en particulier, dans lequel il partageait l’affiche avec la star d’action Jason Statham.

Cet acteur n'est autre que Sir Mark Rylance, le lauréat d’un Oscar qui a ouvertement exprimé son dégoût pour le thriller d’action Blitz sorti en 2011. Il a trouvé ce projet répréhensible qu’il a congédié l’intégralité de son équipe d’agents. Son retour sur le grand écran, orchestré par le légendaire réalisateur Steven Spielberg en personne, témoigne du talent indéniable de Sir Mark Rylance.

Blitz : un thriller controversé

Blitz est un film d’action britannique de 2011 mis en scène par Elliott Lester. Son scénario, élaboré par Nathan Parker, est une adaptation du roman du même nom de Ken Bruen. L’intrigue se déroule dans les quartiers sud-est de Londres, où un tueur en série prend pour cibles des policiers, instaurant une atmosphère de tension palpable au sein des forces de l’ordre. Le sergent Porter Nash, incarné par Paddy Considine, est affecté à cette enquête et trouve un allié inattendu en la personne du sergent-détective Tom Brant, interprété par Jason Statham, un personnage reconnu pour ses méthodes peu conventionnelles et son passé marqué par des incidents violents.

Sir Mark Rylance y apparaît dans le rôle de l’inspecteur en chef Bruce Roberts, l’une des victimes initiales de ce meurtrier implacable. Le tueur, Barry Weiss, qui se fait appeler Blitz, est campé de manière saisissante par Aidan Gillen. Mû par une quête de notoriété, il prend contact avec un journaliste afin de s’assurer que ses méfaits bénéficient d’une large couverture médiatique. Malgré son arrestation initiale, l’absence de preuves tangibles contraint la police à le libérer, poussant Brant et Nash à concevoir un plan audacieux afin que justice soit faite.

La réception commerciale de Blitz fut mitigée. Le film a enregistré des recettes mondiales avoisinant les 15,8 millions de dollars, le positionnant comme le moins lucratif des trois films de Jason Statham sortis en 2011. Sur Rotten Tomatoes, il n’a obtenu qu’un taux d’approbation de 48 %, la critique le qualifiant de "thriller policier moyen". Cath Clarke du Guardian l'a ainsi trouvé "curieusement divertissant". Néanmoins, certains commentateurs ont relevé des faiblesses narratives, notamment un nombre excessif de personnages secondaires dont les arcs narratifs restaient inachevés. La presse a également noté un manque de suspense. Sir Mark Rylance lui-même a exprimé sa forte aversion pour le film et affirmé qu’il préférait renoncer à sa carrière d’acteur plutôt que de se voir contraint de promouvoir des œuvres qu’il méprisait de tout son cœur. Il a déclaré à Big Issue :

J’ai arrêté de jouer au cinéma en 2010 après avoir joué dans un film catastrophique intitulé Blitz. Je l’ai tellement détesté que j’ai viré tous mes agents. - (Sir Mark Rylance)

Le parcours d'un acteur distingué

La réaction passionnée de Mark Rylance face à Blitz contraste fortement avec le reste de sa carrière, par ailleurs illustre et jalonnée de réussites. Né David Mark Rylance Waters à Ashford, Kent, en 1960, il a suivi une formation à la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art (RADA) de Londres. Il a choisi d’adopter le nom de scène Mark Rylance car son nom de naissance était déjà enregistré auprès de l’association Equity. Il s’est distingué non seulement en tant qu’acteur, mais aussi comme dramaturge et metteur en scène de théâtre, assumant notamment le rôle de premier directeur artistique du Shakespeare’s Globe à Londres de 1995 à 2005.

Son talent a été maintes fois récompensé par l’industrie. Il a remporté un Oscar, trois BAFTA Awards, deux Olivier Awards et trois Tony Awards, attestant de sa grande polyvalence et de sa profondeur artistique. En 2017, la Reine Elizabeth II l’a anobli, reconnaissant par là ses services exceptionnels rendus au théâtre. Parmi ses rôles les plus acclamés figure sa prestation en Rudolf Abel dans Le Pont des espions de Steven Spielberg en 2015, pour laquelle il a reçu l’Oscar et le BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle. Il a également brillé dans des productions télévisuelles telles que The Government Inspector (2005) et Wolf Hall (2015) qui lui ont valu des BAFTA TV Awards du meilleur acteur.

Après sa pause de quatre ans, déclenchée par son expérience sur Blitz, Mark Rylance a été sollicité par Steven Spielberg pour Le Pont des espions. Cette collaboration fructueuse s’est poursuivie avec d’autres œuvres cinématographiques majeures, notamment Le Bon Gros Géant (2016) et Ready Player One (2018). Il a continué à explorer un large éventail de rôles, apparaissant dans des productions variées comme Dunkerque (2017), Les Sept de Chicago (2020), Don’t Look Up (2021) et The Outfit (2022). La trajectoire de Mark Rylance démontre que sa mauvaise expérience sur Blitz n’a en rien entamé sa capacité à offrir des performances de premier plan et à être salué par la critique et le grand public à son retour.