Presque 30 ans après la création de son manga phare, à savoir One Piece, l’auteur Eiichiro Oda n’a de cesse d’inspirer ses lecteurs et, en ce moment, le drapeau de l’équipage de Luffy au Chapeau de Paille a des airs de révolution ! En Indonésie, le pavillon noir des Mugiwaras est devenu un symbole à part entière, si bien que le gouvernement indonésien s’inquiète d’une telle popularité et du mouvement de contestation qui s’accroît autour de ce drapeau.
Le Jolly Roger de Monkey D. Luffy de One Piece fait trembler tout un pays
En Indonésie, un curieux symbole pirate vient de s’inviter dans l’actualité politique. Depuis plusieurs semaines, le drapeau de l’équipage de Monkey D. Luffy, emblématique de l’anime et manga One Piece, s’affiche partout : sur des bateaux, des voitures, des motos, devant des maisons et même sur des camions. Sur les réseaux sociaux locaux, les vidéos montrant ces bannières noires frappées d’une tête de mort souriante et affublée d’un chapeau de paille sont devenues virales, au point d’inquiéter les plus hautes sphères du pouvoir. Pour une partie des Indonésiens, ce pavillon pirate n’est pas qu’une simple référence à l’œuvre d’Eiichiro Oda : il incarne une véritable déclaration politique.

Dans l’univers de One Piece, les pirates sont les opposants du gouvernement mondial et de son armée, vivant selon leurs propres règles et défendant leur liberté coûte que coûte. Cette image résonne particulièrement auprès de manifestants qui y voient un symbole de résistance face au pouvoir jugé corrompu. En ce moment, ce mouvement prend de l’ampleur à l’approche d’une date hautement symbolique : le 17 août, jour du 80ᵉ anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie. Certains internautes appellent même à brandir le pavillon de One Piece à la place du drapeau national lors des célébrations officielles, un geste qui divise et inquiète les autorités. Cette mobilisation s’inscrit dans un climat tendu, marqué par le mouvement étudiant de février dernier contre les mesures d’austérité du président Prabowo Subianto.
Un drapeau souriant qui inquiète le gouvernement indonésien
Cependant, la popularité de ce symbole pirate ne fait pas sourire tout le monde. Plusieurs responsables politiques indonésiens y voient une provocation directe à l’encontre de l’État. Sufmi Dasco Ahmad, vice-président de la Chambre des représentants, a qualifié ces drapeaux de « menace nationale », accusant leurs partisans de chercher à « diviser la nation ». De son côté, Budi Gunawan, ministre coordinateur des Affaires politiques, juridiques et de sécurité, est allé plus loin en affirmant que lever ce drapeau pourrait constituer une infraction pénale, car il porterait atteinte à l’honneur du drapeau indonésien.

Toujours selon lui, des poursuites judiciaires seront engagées contre les auteurs de ce geste. Firman Soebagyo, autre membre de la Chambre, estime quant à lui qu’il s’agit d’une manœuvre pour déstabiliser, voire renverser, le gouvernement, et appelle à l’ouverture d’enquêtes. Pourtant, le cadre légal indonésien reste flou. De nombreux internautes rappellent que la loi n’interdit pas explicitement l’usage de symboles culturels ou organisationnels sur une propriété privée. Elle exige simplement que le drapeau national indonésien soit hissé en première position lorsqu’il est accompagné d’autres étendards. Un détail qui nourrit le débat sur la liberté d’expression et la portée symbolique de ce geste.