Sur les plateformes de streaming, il arrive que des joyaux cinématographiques ne parviennent pas à capter l’attention des abonnés. C’est le triste destin de ce film emblématique arrivé sur Netflix en France le 4 août 2025 qui demeure étrangement absent du TOP 10. Cette œuvre américaine éclipsée par des productions plus récentes, célébrée pour sa pertinence et sa profonde charge émotionnelle, conserve pourtant une puissance narrative et une inspiration qui lui confèrent le statut de classique intemporel.
Une exploration poétique de la jeunesse
Réalisé par l'Australien Peter Weir et scénarisé par Tom Schulman, Le Cercle des poètes disparus nous transporte en 1959, au cœur de la rigoureuse Welton Academy, un pensionnat masculin élitiste situé dans le Vermont. L'intrigue débute avec l'arrivée de Todd Anderson, un adolescent d'une timidité prononcée, qui intègre cet établissement prestigieux. La routine scolaire, empreinte d'une austérité suffocante, est bousculée par l'arrivée de John Keating, le nouveau professeur de littérature anglaise. Keating, incarné avec brio par le regretté Robin Williams exhorte ses élèves à remettre en question les conventions et à affirmer leur singularité. Cette pédagogie mène à la résurrection d'un club secret, le Cercle des poètes disparus, dont Keating fut autrefois un membre éminent. En cachette, les jeunes hommes se réunissent pour partager des poèmes et forger leur propre voie, en dehors des pressions familiales et académiques.
Dead Poets Society de son titre original bénéficie d'une distribution solide avec Robin Williams en tête d'affiche entouré de talents émergents tels que Robert Sean Leonard dans le rôle de Neil Perry et Ethan Hawke dans celui de Todd Anderson. Le réalisateur Peter Weir a délibérément choisi de filmer dans l'ordre chronologique afin de permettre un développement organique des relations entre les jeunes acteurs, ce qui a indéniablement renforcé l'authenticité de leurs interactions. Il a également encouragé la spontanéité de Robin Williams, allant jusqu'à dissimuler une partie du tournage à la productionafin de préserver sa liberté d'improvisation. La bande originale, composée par Maurice Jarre, est harmonieusement complétée par des pièces classiques de Haendel, Beethoven, et une référence à l'Ouverture 1812 de Tchaïkovsky, ajoutant une profondeur musicale au récit.
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Un chef-d'oeuvre intemporel
Dès sa sortie, Le Cercle des poètes disparus fut un triomphe commercial, générant 235,9 millions de dollars au box-office pour un budget de 16,4 millions de dollars. La critique a été majoritairement favorable, le film affichant un taux d'approbation de 85% sur Rotten Tomatoes. Vincent Canby du New York Times a loué la "performance exceptionnellement fine" de Robin Williams, tandis que Pauline Kael, du New Yorker, a trouvé la prestation de l'acteur "plus gracieuse que tout ce qu'il avait fait auparavant". Ethan Hawke a également été salué pour sa "performance obsédante" en Todd, selon Variety. Cependant, le film a aussi suscité quelques réserves. Roger Ebert du Chicago Sun-Times a critiqué ses "platitudes pieuses" et la tendance de Williams à verser parfois dans son registre comique habituel. Enfin, Kevin Dettmar, écrivant pour The Atlantic, a estimé que sa manière de présenter l'enseignement de la littérature était "trompeuse et profondément séduisante" mais au fond "anti-intellectuelle".
Indépendamment de ces quelques critiques, le film a été largement récompensé. Il a notamment remporté un Oscar pour le Meilleur scénario original, remis à Tom Schulman. Il a également reçu le prestigieux BAFTA Award du Meilleur film et le César du Meilleur film étranger. Et son impact sur la culture populaire est indéniable. La phrase culte "Carpe diem. Saisissez le jour, les garçons. Rendez vos vies extraordinaires." a été classée 95ème plus grande citation de film par l'American Film Institute. Après le décès de Robin Williams en 2014, de nombreux admirateurs et membres du corps enseignant ont rendu des hommages émouvants à l'acteur, en reproduisant la scène finale mémorable du "Ô Capitaine! Mon Capitaine!", témoignant de l'influence durable du personnage de Keating. Ce film, loin d'être un simple divertissement, continue d'être un puissant rappel de l'importance de la pensée critique et de la passion tout au long de nos vies.