Après le succès glaçant de Talk to Me, les frères Philippou signent avec ce nouveau film une nouvelle œuvre d’horreur viscérale et troublante, mêlant habilement gore extrême et exploration intime du deuil.
Après avoir marqué le monde de l’horreur avec leur premier succès Talk to Me, les réalisateurs australiens Danny et Michael Philippou - plus connus sous le nom de RackaRacka - reviennent en force avec Bring Her Back. Disponible actuellement en salles, ce nouveau film confirme sans conteste leur statut d’auteurs majeurs et de véritables maîtres modernes du genre. Attention : cette expérience cinématographique est viscérale, bien au-delà des simples frissons. Bring Her Back est un chef-d’œuvre audacieux, mais certaines scènes, je l’avoue, risquent de vous faire détourner le regard.
L’histoire nous plonge dès les premières minutes dans une atmosphère lourde de deuil et de malaise. Après la mort tragique de leur père, Andy, 17 ans (interprété par Billy Barratt), et sa demi-sœur malvoyante Piper (Sora Wong) se retrouvent orphelins et sont confiés à Laura (Sally Hawkins, qui change radicalement de registre après son rôle maternel dans Paddington). Cette ancienne conseillère excentrique héberge aussi Oliver (Jonah Wren Phillips), un garçon mutique. Mais derrière l’apparente bienveillance de cette mère adoptive, se cache une menace insidieuse.

Une exploration du deuil ultra gore
Ce qui rend Bring Her Back si profondément troublant, c’est son habileté à mêler l’horreur psychologique sourde à des scènes de gore d’une incroyable intensité et réalisme. Le film évite les jump scares faciles, préférant installer une tension implacable et un malaise persistant, même dans les instants les plus calmes. Les effets pratiques et le maquillage, particulièrement remarquables, rendent les scènes de violence et de transformation physique viscérales et répugnantes, mais de la meilleure manière possible. Certains moments, comme lorsqu’Oliver ronge violemment un couteau ou consomme des parties de son propre corps , sont d’une intensité presque insoutenable. J’avoue avoir souvent eu envie de fermer les yeux ou de me cacher le visage, tout en restant irrésistiblement captivée par l’écran. Le film déstabilise en brisant sans cesse les contrats sociaux fondamentaux, notamment la confiance que les enfants placent en les adultes censés les protéger.
Mais Bring Her Back va au-delà de la simple terreur : c’est une plongée saisissante dans le deuil, l’amour et les traumatismes. Les frères Philippou poussent les aspects les plus universels et beaux de la condition humaine jusqu’à leurs limites les plus sombres et perverses. Les performances sont unanimement saluées, et pour moi, elles renforcent considérablement l’impact du film. Sally Hawkins, dans le rôle de Laura, est tout simplement sublime et glaçante. Habituée à des rôles plus doux, sa métamorphose en monstre abusif est bluffante de naturel. La critique a largement adhéré, avec un score de 89 % sur Rotten Tomatoes et 75 sur Metacritic. Le film a également rencontré un beau succès commercial, rapportant 23 millions de dollars à travers le monde.