La nouvelle stratégie des studios hollywoodiens me laisse perplexe, d’autant plus qu’elle semble se généraliser. En 2025, plusieurs films “de cinéma” et donc destiné à être projeté sur grand écran se sont vus refuser cet honneur en France et dans la majorité des pays du monde. A mon grand désarroi, un long-métrage de science-fiction que j’attendais vraiment est sorti directement sur Amazon Prime Video. Je suis sidéré !

Le destin tragique de Ash

J’aimerais aujourd’hui vous parler d’un film de SF qui n’a pas fait grand bruit aussi bien outre-Atlantique que sur le Vieux Continent, et cela me chagrine au plus au point en tant que cinéphile. Il n’est pas question ici d’évoquer ses qualités et défauts en tant qu’objet cinématographique, mais son destin contrarié par les studios hollywoodiens. Ash réalisé par l’artiste Flying Lotus avec Eiza Gonzalez (Le problème à 3 corps sur Netflix) et Aaron Paul( Breaking Bad) dans les rôles principaux n’est pas sorti en France au cinéma, mais uniquement sur Amazon Prime Video.

Tout avait pourtant si bien commencé pour Ash avec une grande première en mars 2025 au South by Southwest 2025 (ou SXSW), un festival de musique, de cinéma et de médias interactifs, puis une exploitation en salles dans la foulée. Malheureusement, le film n’a récolté que 1,1 millions de dollars au box-office et fut déprogrammé très rapidement. La décision fut alors prise de céder les droits à l'international à Amazon MGM Studios et donc par extension à Prime Video qui ne s’est pas fait prier pour ajouter une autre exclusivité à son catalogue.

Le synopsis de Ash : "Riya, chercheuse sur une station spatiale, découvre à son réveil que ses collègues ont été brutalement assassinés lors d'une attaque dont elle n'a aucun souvenir. Avec l'aide de Brion, un autre chercheur envoyé pour la secourir, elle tente de découvrir ce qui s'est passé, déclenchant une série d'évènements terrifiants." - (Amazon Prime Video)

Le casting de Ash : Eiza González (Riya Ortiz), Aaron Paul (Brion Cargyle), Iko Uwais (Adhi), Beulah Koale (Kevin), Kate Elliott (Catherine Clarke) et Flying Lotus (Shawn Davis)

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Une expérience de cinéma sur Amazon

Je n’espérais pas grande chose de Ash, si ce n’est passer un “bon” moment devant un film de science-fiction horrifique ouvertement inspiré d’Alien, le huitième passager (1979). Je comprends parfaitement les reproches faits au film par la critique qui lui a tout de même attribué la note de 70% sur Rotten Tomatoes. Pour ma part, je suis mitigé. J’ai apprécié le postulat de départ, le casting et les visuels extérieurs. Pour ce qui est du scénario et la mise en scène… c’est une autre histoire. Tout est pour ainsi dire cousu du fil blanc et attendu.

Ash s’inspire du film de Ridley Scott, mais ce n’est pas tout. Il puise dans la science-fiction en “citant” parfois maladroitement Event Horizon le vaisseau de l'au-delà de Paul W.S. Anderson (1997) ou encore The Thing de John Carpenter (1982), mais sans jamais penser à mal. J’ai surtout retrouvé ce sens de l’étrange propre à la bande-dessinée de SF dont Metal Hurlant était le fer de lance. Et ce sont ces instants "poétiques" qui m'ont séduit. Le film de Flying Lotus m’a sidéré, dérangé, déçu également, mais je dois lui reconnaître une qualité. Il tente et c’est une sensation pour le moins rafraîchissante à l’ère des franchises et blockbusters qui saturent le marché.

Ash n’est pas parfait. Il est même pétri de défauts, mais cela n’a pas d’importance car le sujet est ailleurs (tout comme la vérité). En étant privé d’une exploitation en salles, le film n’a pas pu exprimer son plein potentiel. Il est difficile d’apprécier à sa juste valeur une œuvre artistique sur une télévision aussi grande soit-elle alors que celle-ci a été pensée pour être projetée dans une salle obscure. Ash n’a pas eu le destin qu’il méritait et nous avec.