L'Annulation de Total Recall 2 : Comment elle a permis à Spielberg de réaliser Minority Report

Titre original : Ce film de SF par Steven Spielberg n'aurait jamais existé sans l'annulation de ce projet avec Arnold Schwarzenegger

Avant que Steven Spielberg ne transforme Minority Report en un classique du cinéma de science-fiction, le film aurait pu devenir une suite directe de Total Recall, toujours avec Arnold Schwarzenegger. Retour sur cette histoire méconnue d’un projet avorté qui a changé la trajectoire de deux films cultes.

Le succès retentissant de Total Recall en 1990 a marqué un tournant décisif dans la carrière d'Arnold Schwarzenegger, le propulsant au-delà des films d'action classiques vers le thriller de science-fiction intelligent. Ce film, basé sur la nouvelle We Can Remember It for You Wholesale de Philip K. Dick, a été un tel succès que Carolco Pictures a rapidement envisagé une suite. Or, c'est ce projet de suite avorté qui a paradoxalement ouvert la voie à un chef-d'œuvre de Steven Spielberg.

Minority Report, la suite rêvée de Total Recall

L'idée d'une suite à Total Recall a commencé à prendre forme lorsque Gary Goldman, l'un des co-scénaristes du film original, a acquis les droits d'une autre nouvelle de Philip K. Dick, The Minority Report, avec l'intention d'en faire ses débuts en tant que réalisateur. L'intrigue, qui dépeint une force de police utilisant des "précogs" mutants pour prédire et arrêter les crimes avant qu'ils ne se produisent, présentait des similitudes thématiques avec la manipulation de la réalité déjà explorée dans Total Recall.

Ce film de SF par Steven Spielberg n'aurait jamais existé sans l'annulation de ce projet avec Arnold Schwarzenegger

Paul Verhoeven, le réalisateur de Total Recall, a été séduit par l'idée et a suggéré que Minority Report soit réutilisé comme base pour Total Recall 2. Le film original avait d'ailleurs déjà introduit l'idée de mutants dotés de capacités psychiques sur Mars, ce qui aurait permis une transition naturelle pour intégrer les "précogs". La suite aurait vu Douglas Quaid, le personnage de Schwarzenegger, à la tête d'une unité de Pré-Crime martienne. Verhoeven cherchait une suite originale, qui ne soit ni répétitive ni dérivée, et ce concept permettait d'explorer de nouvelles questions sur la confiance dans un système imparfait et le libre arbitre, plutôt qu'une simple crise d'identité pour Quaid.

Spielberg récupère le flambeau et change la donne

En 1994, le projet Total Recall 2 était bien avancé, avec Schwarzenegger, Verhoeven, Goldman et Ronald Shusett tous impliqués. Schwarzenegger, cherchant de nouveaux succès après le décevant Last Action Hero, était particulièrement désireux de travailler à nouveau avec Verhoeven. Cependant, le sort en a décidé autrement. En raison des dépenses excessives de Carolco et de l'échec financier retentissant du film L'Île aux pirates (1994), le studio a déclaré faillite, mettant un terme brutal aux plans de production de Total Recall 2.

Suite à la banqueroute, les droits de Total Recall 2 ont été vendus à Miramax, mais sans l'intrigue de Minority Report. Les droits de la nouvelle de Dick sont revenus à Goldman et Shusett, et le projet a finalement atterri chez 20th Century Fox. Après un certain flottement, Steven Spielberg s'est emparé du projet, avec Tom Cruise dans le rôle principal. Le film de Spielberg, sorti en 2002, a adopté une tonalité plus sombre et de film noir, se rapprochant de l'ambiance de Blade Runner, bien loin de l'épique d'action prévu pour Schwarzenegger.