Si Pokémon cartonne toujours alors que la licence approche des 30 ans, c’est en grande partie grâce à sa capacité à trouver sa place sur tous les terrains. Mais il ne faut pas négliger le design des créatures, qui se trouve à la base d’absolument tout. Et autant dire que dans le cas de la mascotte, on a échappé au pire.
Pokémon : le rouleau-compresseur
Pokémon, c'est une histoire de collection. L'histoire officielle raconte que Satoshi Tajiri adorait chercher et capturer des insectes autour de chez lui, et que c'est ce souvenir qui a conduit à la création de Capsule Monsters, puis de Pocket Monsters : Pokémon. À partir de 1996, Pokémon étend progressivement son influence dans le monde entier. S'il est (déjà) en retard sur les standards techniques de l'époque, le titre fascine.
Les jeux sont accompagnés des cartes, de la série animée et d'un premier film, auxquels se greffent un nombre ahurissant de produits dérivés. Vous le savez, c'est cet ensemble de choses qui font de Pokémon une franchise ultra-puissante générant une quantité d'argent colossale. Le revers de la médaille est un rythme effréné qui nuit visiblement à la qualité de réalisation des jeux. Quoi qu'il en soit, le cœur de Pokémon reste, eh bien, les Pokémon. Cela peut paraître idiot dit comme ça, mais il faut bien mesurer le rôle crucial que jouent ces créatures fictives. Chaque design fait l'objet d'un très long travail et passe par un grand nombre d'étapes de validation.
Des milliers d'idées ont été rejetées ou mises de côté pour plus tard car, au-delà des thèmes choisis ou de leur style, les Pokémon doivent pouvoir être déclinés : cartes, peluches, posters, figurines, vêtements, etc. Pokémon, c'est avant tout une affaire de mascotte. Si de nombreux Pokémon sont considérés comme des mascottes, l'icône absolue c'est la petite souris jaune, Pikachu. Dès le lancement de la franchise, il est là et a même été choisi pour être le compagnon de Sacha dans la série et les films. Son design a plusieurs fois été retravaillé afin de toujours être dans l'air du temps. Figure majeure de la pop culture et désormais de la culture mondiale avec un grand C, Pikachu a fait l'objet de réflexions... surprenantes.

Pikachu ultra-sexualisé, c'est quelque chose qui a bien été proposé
Dans une interview datant des débuts de Pokémon et dont la traduction a fait l'objets de débat avant d'être fixée par Game*Spark, Tsunekazu Ishihara, l'ancien PDG de Creatures Inc, explique que Nintendo of America avait envisagé de totalement retravailler Pikachu pour l'arrivée de la franchise en Occident.
Lorsque je leur ai montré Pokémon pour la première fois, ils m'ont dit que c'était trop mignon. Les employés de Nintendo of America ont alors proposé leurs propres dessins pour les personnages. Je ne montrerai ces illustrations à personne tant que je vivrai, mais elles ressemblaient un peu aux personnages de la comédie musicale Cats. Par exemple, Pikachu a été transformé en un personnage ayant la forme d'une sorte de chat rayé avec une poitrine énorme.
Il a été invité à accorder des précisions sur le mot qu'on pourrait traduire par poitrine ou sein, qui correspond également aux pectoraux, et a bien confirmé qu'on parlait de seins :
Ils nous ont présenté ce type de design pour de vrai. J'ai trouvé cela intéressant, dans le sens où l'on apprécie les différences culturelles. Cependant, je ne voulais pas entrer en concurrence sur le marché (occidental, ndlr) avec ce genre de choses.
Les Pokémon, afin de séduire le public dans le monde entier, ont largement été discutés au sein des différentes succursales. Des idées de créatures plus musclées, sexualisées, dotées d'autres couleurs ou formes, ont été proposées. Finalement, Pikachu a bien gardé son design original et tout s'est très très bien passé.