L’intérêt des plateformes de streaming est multiple et répond à divers enjeux. Il s’agit d’abord de mettre en avant des films dont la projection est terminée, de donner accès à des séries ou des documentaires, mais également de proposer du contenu original et, parfois, de redonner une chance à des productions qui ont échoué. L’un de ces échecs a récemment su faire son trou en arrivant sur Netflix, 5 ans après son échec au cinéma.
Le casting ne peut malheureusement pas tout
Aller au cinéma a un coût, et les habitudes ont évolué depuis la pandémie qui avait contraint les salles du monde entier à fermer leurs portes pendant plusieurs mois. Les succès colossaux existent toujours, mais il y a moins de place. En conséquence, les producteurs misent encore plus sur des formules qui plaisent ainsi que sur des réalisateurs et des acteurs à même de déplacer les foules. Réussir à sortir son film n'est en réalité que le début, et il faut souvent être solide sur ses appuis.
Début 2020, alors que la menace du COVID-19 devenait de plus en plus concrète, Reed Morano proposait au public The Rhythm Section, un long-métrage adapté du roman de Mark Burnell. On y suit les pas de Stephanie Patrick (Blake Lively), confrontée à la perte de ses proches dans un crash aérien. Tombée dans la toxicomanie et devenue prostituée à Londres, elle apprend de la part d'un journaliste que tout porte à croire que ce crash n'était en rien un accident mais le résultat d'une attaque terroriste. Elle commence alors son enquête et tombe sur un ancien agent du MI6 incarné par Jude Law.
Ce dernier la forme aux rudiments de l'assassinat ciblé et à l'espionnage, avant de la laisser partir. Elle adopte alors l'identité d'une tueuse à gages portée disparue et organise sa vengeance dans toute l'Europe. Ce thriller misait notamment sur le fait de prendre le contrepied habituel en proposant une histoire dans laquelle le personnage ne devient pas une légende malgré lui, mais reste brutal, maladroit et imprévisible. Un pitch intéressant, qui n'a malheureusement convaincu personne au cinéma.
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The Rhythm Section : une petite étincelle sur Netflix
Déjà, le film a connu un retard conséquent, avec un tournage à l'arrêt pendant plusieurs mois suite à la blessure de Blake Lively. Paramount a ensuite repoussé la sortie plusieurs fois, avant d'envoyer les "bobines" aux cinémas début 2020. Le public s'est montré indifférent et la critique, particulièrement dure. Seulement 28 % d'avis positifs sur Rotten Tomatoes, ça fait mal. Le public n'a pas pris le contrepied des critiques, et The Rhythm Section a connu le plus mauvais démarrage en salles pour un film distribué dans plus de 3000 salles aux États-Unis.
Au bout du compte, le long métrage a provoqué une perte située entre 30 et 40 millions de dollars. Cependant, les plateformes de SVOD peuvent légèrement atténuer tout ça, même plusieurs années après. Récemment intégré au catalogue de Netflix, The Rhythm Section a visiblement eu droit à la curiosité des abonnés. Dans plusieurs pays dont la France, le film s'est retrouvé dans le Top 10 (et même Top 2 chez nous) des longs-métrages les plus vus de la plateforme.
Il en est déjà sorti, mais cela montre que les services de SVOD ont un rôle à jouer dans l'histoire d'une production et que s'arrêter aux chiffres du box-office n'est pas aussi pertinent que cela sur le long terme. De nombreuses créations peuvent se prendre un mur au cinéma et connaître une seconde vie sur petit écran. Cela ne veut cependant pas dire que ces contenus gagnent au passage leurs lettres de noblesse. The Rhythm Section est doté de commentaires très mitigés, fustigeant la platitude du propos, le fait qu'on pourrait "piloter un 747 dans les trous du scénario" ou encore que rien ne permet de vraiment ressentir le traumatisme vécu par le personnage principal.