Big N a encore frappé ! On sait que Nintendo est très attaché à ses licences mais tout de même pas au point de mettre à mal l’organisation d’un événement caritatif, non ? Pourtant, c’est ce qu’ils ont fait ! Mario et ses amis ont plié bagage et il faut croire qu’ils ne reviendront pas.
Si Nintendo pouvait gagner un prix Nobel, ce ne serait sûrement pas celui de la paix, et ce n’est pas RTA in Japan qui nous contredira. Créé en 2018, RTA in Japan est un événement caritatif japonais très populaire, spécialisé dans le marathon de speedrun (une discipline visant à finir un jeu le plus rapidement possible). Tout comme ses homologues américains (Games Done Quick) et français (Speedons), il est diffusé sur Twitch et les revenus générés profitent aux organisations humanitaires. Lors de sa dernière édition en 2024, RTA in Japan a réussi à récolter plus de 17 millions de yens (soit 100 000 euros) pour Médecins Sans Frontières. Les jeux à l’honneur durant l’événement sont généralement très variés, avec bon nombre de classiques de Nintendo, mais la dernière lubie du constructeur japonais risque bien de changer ça à tout jamais.
Nintendo se met au speedrun : se faire détester en moins de 24 heures
Nous sommes le 13 juin 2025. Alors que les organisateurs du marathon sont en plein préparatifs pour l’édition estivale qui se profile, se déroulant du 9 au 15 août, ils reçoivent un avertissement de Nintendo. Quel est l’objet ? Signifier à RTA in Japan que leurs diffusions précédentes constituent “une utilisation non autorisée” de leurs jeux, les obligeant à soumettre une demande d’autorisation pour chacun des softs. Au vu de la complexité d’une telle manœuvre, trop exigeante niveau logistique et trop risquée en cas de refus, les organisateurs ont préféré jeter l’éponge. Aucun jeu Nintendo ne sera présent lors de l’édition 2025. Véritable coup de massue pour l’événement, chez qui 4 des 5 speedruns les plus regardés lors de l’édition 2024 étaient des jeux Nintendo. Donc adieu The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom, Splatoon, Pokémon Rouge et Bleu. Même Super Mario 64 n’est pas épargné, lui qui détenait pourtant le record d’audience depuis la création du show.
Qu’est-ce qui a causé cette soudaine attaque ? Deux choses : une politique trop rigide chez Nintendo et un changement de statut du côté de l’association, devenue une entité juridique en 2020. En effet, afin de protéger ses propriétés intellectuelles, le constructeur nippon envoie systématiquement des avertissements quand une entité "officielle" cherche à utiliser ses licences.
Je t’aime, moi non plus
Malheureusement, ce n’est pas la première fois que la communauté Nintendo se heurte à la poigne de l'entreprise japonaise. Influenceurs, fans de la première heure, moddeurs (personnes modifiant un jeu pour y ajouter du contenu non prévu par les développeurs), tout le monde y passe lorsqu’il s’agit de créer du contenu en lien avec les licences de Big N. Preuve en est avec la polémique de 2013, où le constructeur japonais a voulu monétiser les vidéos des youtubers qui diffusaient leurs jeux, avant de faire machine arrière grâce à la montée au créneau des joueurs. Même pour des jeux créés par les fans, Nintendo reste inflexible, fermant à la volée des projets amateurs comme Pokémon Uranium ou encore AM2R, le fan remake de Metroid II.
La firme nippone sort les crocs lorsqu’on touche à ses jouets et va à rebours d’une industrie remplie d’acteurs tolérant ce genre de pratiques, avec une logique beaucoup plus participative et communautaire. Il n’y a qu’à voir Bethesda par exemple, qui a ouvert la porte au modding pour les joueurs console. Concernant Nintendo, sa mentalité ne changera sûrement jamais.