Quand David Lynch a surpris le monde du cinéma avec 'Une histoire vraie', un biopic émouvant produit par Disney

Titre original : "Il y a 26 ans, David Lynch et Disney ont travaillé ensemble sur ce film et c’est l’un des plus bizarres de la carrière du réalisateur… "

En 1999, David Lynch surprend tout Hollywood en signant pour Disney ce film, un road movie doux et lumineux à mille lieues de ses univers inquiétants.

En 1999, une collaboration inattendue a surpris le monde du cinéma : David Lynch, le maître des œuvres oniriques et parfois troublantes comme Blue Velvet et Twin Peaks, a réalisé un film pour Disney. Le résultat fut Une histoire vraie, un biopic émouvant qui s'est avéré être l'une des raretés de sa filmographie et une œuvre saluée comme un chef-d'œuvre.

L'histoire improbable d'Alvin Straight

Une histoire vraie est un road movie biographique basé sur l'histoire vraie d'Alvin Straight. À 73 ans, et sans permis de conduire en raison de problèmes de vue et de jambes, Alvin (incarné par Richard Farnsworth) entreprend un voyage de 390 kilomètres (240 miles) sur une tondeuse à gazon pour rendre visite à son frère Lyle (Harry Dean Stanton) qui a eu un accident vasculaire cérébral, espérant se réconcilier après une décennie de silence. Le projet a vu le jour grâce à Mary Sweeney, une collaboratrice régulière de Lynch, qui a découvert l'histoire dans un article du New York Times et en est tombée amoureuse.

Le scénario, co-écrit avec John Roach, a également conquis Lynch, qui l'a trouvé "très spécial". Le film se distingue par son rythme posé, sa trame agréable et ses messages inoffensifs, ce qui en fait un film familial et accessible, une rareté dans la filmographie de Lynch, la seule autre étant Elephant Man (1980). Les scènes ont été tournées chronologiquement le long du véritable itinéraire emprunté par Alvin Straight, et les paralysies des jambes de Farnsworth dans le film étaient réelles, l'acteur étant alors atteint d'un cancer de la prostate métastatique.

"Il y a 26 ans, David Lynch et Disney ont travaillé ensemble sur ce film et c’est l’un des plus bizarres de la carrière du réalisateur… "

Un chef-d'œuvre inattendu et salué par la critique

Malgré la surprise initiale de voir Disney présenter un film de David Lynch, la maison de production l'a acquis sans hésitation après l'avoir vu à Cannes. Peter Schneider, alors président de la production chez Disney, l'a qualifié de "beau film sur les valeurs, le pardon et la guérison qui célèbre l'Amérique", ajoutant qu'il savait dès qu'il l'avait vu que c'était "un film Disney". La presse de l'époque a qualifié cette association d'"inhabituelle". Le film a été acclamé par la critique et a reçu une note G de la MPAA, la seule pour un film de Lynch. Roger Ebert lui a attribué quatre étoiles, louant la manière dont il mettait en lumière les connexions humaines. Janet Maslin du New York Times a souligné la capacité de Lynch à apporter tant d'intérêt et d'émotion à une histoire simple. Le DNA lynchien était indéniable, notamment grâce à la musique d'Angelo Badalamenti et à la galerie de personnages pittoresques. Le film a été nominé pour la Palme d'Or au Festival de Cannes 1999, et Richard Farnsworth a reçu une nomination à l'Oscar du Meilleur Acteur, devenant le nominé le plus âgé dans cette catégorie à l'époque.