Un développeur japonais contourne la censure en envoyant une version expurgée de son jeu vidéo, révélant des scènes gores après validation

Titre original : Ce développeur de jeux vidéo a contourné la censure en envoyant une fausse version de sa création, privée des scènes les plus gores !

À l’époque, on savait comment faire pour montrer des choses vraiment horribles aux joueurs sans se soucier de la censure : il suffisait de piéger les géants du jeu vidéo.

Cachez ce sang que je ne saurais voir

La violence dans les jeux vidéo a fait couler des hectolitres… d’encre. Sûrement à cause de sa dimension de "jouet" qui le prédestine presque logiquement à un jeune public, le jeu vidéo a longtemps été pointé du doigt par divers organismes. Nous savons que les sorties de Mortal Kombat avec ses gerbes de sang et de Night Trap, où des jeunes femmes filmées en full motion video se font assassiner, ont attiré l'attention d’un groupe de sénateurs décidés à convenir de quelques limites. Au début des années 1990, des sénateurs ont prévenu que si les géants de l'industrie ne se mettaient pas d'accord sur une manière de réguler leurs créations, la loi allait s’en charger. C'est ainsi qu'est né en 1994 l'ESRB, l'organisme américain autorégulé qui évalue les jeux vidéo.

Ce développeur de jeux vidéo a contourné la censure en envoyant une fausse version de sa création, privée des scènes les plus gores !

À cette époque, au Japon, l’industrie japonaise du jeu vidéo était soumise à une forte censure. Les éditeurs et principaux constructeurs, notamment Sony, Nintendo et Sega, imposaient divers contrôles afin d’éviter tout contenu jugé trop violent, choquant ou politiquement sensible. Certains développeurs sont malgré tout parvenus à montrer des scènes particulièrement gores… en contournant ces contrôles.

Ce développeur de jeux vidéo a contourné la censure en envoyant une fausse version de sa création, privée des scènes les plus gores !Ce développeur de jeux vidéo a contourné la censure en envoyant une fausse version de sa création, privée des scènes les plus gores !

Director’s Cut

Kenji Eno, développeur japonais qui a fondé le studio Warp, s’est distingué par ses créations sombres et horrifiques dans les années 1990. Cet électron libre voyait d’un mauvais œil la censure imposée par les géants du jeu vidéo qui empêchait, selon lui, la possibilité de raconter des histoires perturbantes destinées à un public adulte. Quand il développe “D”, un jeu narratif à l’ambiance très sombre, il sait que les principaux constructeurs n’accepteront jamais certaines séquences choquantes. Afin de proposer aux joueurs sa vision non censurée, il imagine alors une manœuvre audacieuse.

Ce développeur de jeux vidéo a contourné la censure en envoyant une fausse version de sa création, privée des scènes les plus gores !

Lorsqu’il envoya les compilations du jeu pour vérification, il donna des fausses versions, expurgée des passages problématiques. Cette version fut validée par les constructeurs qui donnèrent leur feu vert. Néanmoins, au moment où il fallait donner les disques destinés au pressage, Eno remplaça la version censurée par celle qui comportait les séquences sanglantes, sans rien dire à personne. Les équipes de Sony et Sega ne s’en rendirent compte qu’après la sortie officielle du jeu, quand il était trop tard pour réagir ! Le jeu a connu un succès à la fois commercial et critique au Japon, avec un million d'exemplaires vendus. Une autre époque !