Metal Gear Solid Delta : Un remake fidèle du chef-d'œuvre de Kojima, 21 ans après

Titre original : Test du jeu Metal Gear Solid 3 Delta : le chef d'œuvre de Kojima revient 21 ans après dans une version remake... à la hauteur d'un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps ?

Sept ans après le dernier jeu Metal Gear Solid inédit, Konami donne une nouvelle chance à l’une de ses plus grandes licences. Après le succès de la Master Collection Vol. 1, Metal Gear Solid 3 a droit à un remake ambitieux en 4K avec Metal Gear Solid Delta. 21 ans après sa sortie, est-ce que cet épisode considéré comme l’un des meilleurs de la saga brille-t-il toujours autant, même en l’absence de son créateur, Hideo Kojima ?

Ces dernières années, Konami semble bien décidé à revenir dans l'industrie du jeu vidéo plus "traditionnelle". Après des années à se focaliser sur les jeux mobiles et les pachinko, l'entreprise japonaise retourne à des productions plus classiques de titres premium à destination des consoles et PC. Entre de nombreuses collections de remasters, les plus grandes licences de l'éditeur ont droit à des remakes de leurs épisodes cultes, histoire de prendre la température avant de lancer la production d'un titre inédit. Après le succès de Silent Hill 2 (2024), c'est au tour de Metal Gear Solid d'avoir le même traitement avec Metal Gear Solid Delta : Snake Eater, remake du légendaire Metal Gear Solid 3 : Snake Eater.

Sauf que par rapport à Silent Hill, les choses sont un peu plus compliquées pour MGS. On se souvient du départ tumultueux de Hideo Kojima, créateur iconique de la franchise, de Konami après le développement tout aussi complexe de Metal Gear Solid V : The Phantom Pain. Après ça, on ne pensait plus jamais voir la licence tant elle est liée à son créateur visiblement parti en mauvais termes avec son employeur. Et pourtant, après une classique compilation de remasters avec Metal Gear Solid : Master Collection Vol. 1, Konami saute le pas d'un projet plus ambitieux MGS sans Kojima. Alors, 21 ans après, est-ce que MGS 3 est-il toujours autant un chef d'oeuvre ?

Metal Gear Solid 3 Delta : le chef d'œuvre de Kojima revient 21 ans après dans une version remake... à la hauteur d'un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps ?

21 ans plus tard, Snake Eater reste l'une des meilleures histoires du jeu vidéo

Pour les plus jeunes qui ne l'ont pas fait à l'époque, Metal Gear Solid 3 : Snake Eater est le premier épisode chronologiquement dans l'univers de MGS car il se déroule en 1964. En plein contexte de Guerre Froide, soit deux ans après la crise des missiles de Cuba, on incarne Jack, renommé Snake pour l'opération, qui part en Russie exfiltrer un scientifique soviétique qui cherche à passer à l'Ouest. Durant la mission, on croise la route de The Boss, mentor de Snake, qui trahit les États-Unis pour rejoindre le colonel Volgin, dissident au sein de l'U.R.S.S., et met la main sur le scientifique avant de nous laisser pour mort. Après l'explosion d'un missile nucléaire sur le sol russe lié à notre mission créant un incident diplomatique, Snake est renvoyé en Russie pour récupérer le scientifique, mettre fin aux agissements de Volgin... et tuer sa mentor.

Dans le contexte géopolitique actuel, Snake Eater paraît plus contemporain que jamais tant les tensions entre les États-Unis, la Russie et la Chine ont de quoi rappeler la Guerre Froide. Encore une fois, c'est l'occasion de souligner à quel point Hideo Kojima a su être visionnaire. Mais au-delà de ce cadre historique, Metal Gear Solid 3 est un jeu devenu légendaire pour son histoire et 21 ans plus tard, elle est toujours aussi puissante. La force du titre, c'est de proposer un scénario au rythme soutenu, avec des rebondissements constants, des cinématiques certes longues, mais à la mise en scène maîtrisée, et surtout des combats de boss iconiques. Évidemment, tout cela est rendu marquant grâce à un formidable casting de personnages, à commencer par The Boss qui est probablement l'une des meilleures "antagonistes" de l'histoire du jeu vidéo, rien que ça. Et comme d'habitude, ce qui fait tout le charme de MGS, ce sont ces longs discours solennels et philosophiques pour développer l'intrigue qui côtoient des séquences parfois grotesques, ce qui donne un mélange unique aussi puissant que grandiloquent.

Tout ça mis bout à bout rend l'aventure mémorable, surtout car elle est condensée puisqu'elle prend entre 15 et 20 heures pour en voir le bout. Pour autant, certains aspects ont quand même mal vieilli comme la sexualisation du personnage d'EVA par exemple, mais cela avait déjà été souligné à l'époque. Car oui, Konami a décidé de ne pas modifier une seule ligne du jeu original pour ce remake, même pour la mise en scène des cinématiques, ce qui fait qu'on se retrouve face à une copie 1:1 du titre de 2004, mais entre 4K. D'ailleurs, le nom de Hideo Kojima n'est jamais dissimulé, autant pour respecter le créateur que pour ne pas énerver les fans on imagine. Finalement, la principale grande différence avec le jeu original, c'est bien ses visuels.

Une réinterprétation réaliste en 4K d'un classique

Le point sur lequel Metal Gear Solid Delta était le plus attendu au tournant, c'est bien entendu sur les graphismes. Si MGS 3 était l'un des plus beaux jeux de la PS2, avec un peu de recul, on se rend compte aujourd'hui que ses visuels avaient un aspect presque dessiné, ce qui rappelait les illustrations de Yoji Shinkawa, le character designer légendaire de la franchise. Pour ce remake, Konami est resté fidèle à l'apparence des personnages, mais a misé sur un rendu 4K réaliste grâce à l'Unreal Engine 5. Résultat, on a l'impression de redécouvrir des figures si familières sous un nouveau jour dans un écrin qui correspond aux standards actuels. Néanmoins, en comparaison aux cinématiques sur PS2, on relèvera un travail moins appuyé sur les couleurs, ce qui donnait un charme unique au titre original, mais qui aurait moins sa place dans une réinterprétation plus réaliste.

Au-delà des personnages plus réalistes que jamais, les créateurs de ce remake ont tenu à respecter la direction artistique si particulière de MGS3. Le jeu a beau se dérouler dans les années 60 en pleine Guerre Froide, on a quand même droit à des éléments de science-fiction typiques de la franchise, ce qui fait presque rétro-futuriste. De ce côté-là, on retrouve toujours la distinction nette entre de vastes zones dans des environnements naturels luxuriants et des intérieurs militaires qui n'hésitent pas à faire quelques anachronismes. Donc, en un mot comme un cent, ce Metal Gear Solid Delta est la meilleure porte d'entrée d'un point de vue visuel pour ceux qui voudraient découvrir la franchise. Par contre, pour ce qui est du gameplay....

Metal Gear Solid 3 Delta : le chef d'œuvre de Kojima revient 21 ans après dans une version remake... à la hauteur d'un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps ?

Un remake fidèle à l'original pour le meilleur... comme pour le pire

Si on ne tarit pas d'éloge jusque-là sur Metal Gear Solid Delta, il y a tout de même un point qui fâche : le gameplay. Dans son objectif de vouloir bien faire, Konami a décidé de conserver tout ce qui faisait le charme de MGS3 pour le meilleur... comme pour le pire. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec la formule, la franchise alterne entre séquences d'exploration et d'infiltration réalistes et combat de boss plus action et très "jeux vidéo". Mais le problème de refaire un jeu 21 ans plus tard, c'est que les standards de jouabilité ont bien évolué et que cela est plus évident que jamais avec ce Delta. En 2025, la maniabilité de Snake dans MGS3 est plus lourde que jamais et ne semble plus dans l'air du temps, notamment par la rigidité des mouvements de son personnage. Par exemple, devoir rester appuyer sur un bouton pour se relever lorsqu'on est au sol et éviter de se faire enchaîner par un adversaire, cela a quoi être rapidement frustrant, voire agaçant. Même chose pour ce qui est du manque de précision pour se déplacer en rampant, ce qui a tendance à activer des pièges que l'on voulait éviter. Et que dire du découpage de l'aventure en petites zones que l'on comprenait sur PS2 en 2004 à cause de la puissance de la console, mais qui paraît étrange sur nos machines actuelles.

Pourtant, ce Metal Gear Solid Delta propose un style nouveau qui promet un gameplay plus moderne. Grâce à lui, on peut désormais bouger et tirer simultanément par exemple, comme Resident Evil 2 (2019) pour rester dans les remakes. Mais dans les faits, la jouabilité se rapproche de celle de la version Subsistence de MGS 3 qui proposait déjà une caméra libre au lieu de la caméra du dessus de la toute première édition sortie en 2004. Parmi les rares nouveautés, on retrouve une roulade certes plus souple, mais aussi une boussole qui indique l'objectif sur la carte ou encore un raccourci pour changer de camouflage à la volée. À part ça, Metal Gear Solid Delta est vraiment le jeu de 2004 (ou plutôt la version Subsistence de 2006), mais en 4K. Cela veut dire que certains défauts sont toujours présents, à l'image de l'intelligence artificielle qui est toujours autant en dents de scie. Parfois, les soldats sont capables de vous repérer à des dizaines de mètres caché dans les herbes, tandis que d'autres ne vous verront pas les braquer à 5 mètres de leur visage. Mais bon, ça, c'est presque ce qui fait le charme de la saga ! Et de toute façon, si on veut un vrai challenge, mieux vaut monter la difficulté en début de jeu.

Metal Gear Solid Delta, la version ultime de MGS 3 ?

Avant de terminer ce tour d'horizon, il est important de souligner que Konami a voulu bien faire les choses avec ce Metal Gear Solid Delta et cela se ressent jusque dans les détails. Pour résumer, il s'agit de la version ultime de la MGS3 car il rassemble en un seul endroit tout le contenu produit autour du jeu. Par exemple, les mini-jeux comme Snake vs Ape, qui consistent à capturer les singes de Ape Escape, ou Guy Savage, improbable niveau de jeu d'action, ont été refaits et sont dans le titre. Idem pour ce qui est du théâtre secret, lieu qui rassemble des cinématiques humoristiques inédites de l'aventure principale, qui comporte même des séquences refaites avec le moteur du jeu. Et comble du détail, on retrouve aussi le manuel de la version HD de MGS3 pour profiter des illustrations de Yoji Shinkawa. Plus que jamais, Konami a voulu montrer qu'ils étaient respectueux de la saga, même en l'absence de Hideo Kojima.

Conclusion

Points forts

  • Une aventure courte au rythme soutenu remplie de moments iconiques
  • Une refonte graphique réussie pour une réinterprétation au rendu plus réaliste
  • Des options de confort de vie bienvenues (bouger et tirer, boussole, raccourcis...)
  • Tout le contenu des versions de MGS3 dans un seul jeu

Points faibles

  • Un gameplay qui conserve ses lourdeurs, même dans le style nouveau
  • Une intelligence artificielle toujours aussi inégale

Note de la rédaction

17

Metal Gear Solid Delta réussit son pari de remettre au goût du jour un jeu légendaire. 21 ans après sa sortie, MGS 3 reste toujours un chef d'oeuvre par son incroyable scénario, ses personnages mémorables et son aventure au rythme soutenu où on ne s'ennuie jamais. Pour les nouveaux joueurs, sa refonte visuelle en 4K dans un rendu réaliste et ses options de confort en font un excellent point d'entrée, tandis que les fans seront ravis de retrouver tout le contenu autour de cet épisode dans un même jeu. Mais par peur de dénaturer l'oeuvre originale, Konami en a gardé certains défauts comme une intelligence artificielle en dents de scie, mais surtout un gameplay marqué d'une certaine lourdeur qui en découragera plus d'un. Dans tous les cas, difficile de bouder son plaisir de voir MGS revenir sur le devant de scène, en espérant que cela débouche sur une aventure inédite la prochaine fois.

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