Un studio fermé, une carrière détruite ainsi qu’un genre complètement abandonné jusqu’à l’arrivée de Disney : ce film est un désastre. Sorti en 1995, il était si mauvais qu’il a même eu sa petite ligne dans les records du monde.
Il y a près de trois décennies, en 1995, sortait un film de pirates qui allait marquer l'histoire d'Hollywood, non pas par son incroyable succès, mais par les dégâts financiers qu’il a causés. L'Île aux pirates, connu sous son titre original Cutthroat Island, a été un véritable four. Réalisée par Renny Harlin, cette production cinématographique a non seulement anéanti la carrière de sa star principale, Geena Davis, mais a également conduit à la faillite de Carolco Pictures, le studio qui l'avait produit. L'œuvre a tellement pris l’eau qu’il a même taper dans l'oeil d'une célèbre institution, particulièrement friande de records du monde : le Livre Guinness des records.
Le plus grand des naufrages
Si on en croit le Livre Guinness des records, L'Île aux pirates a été élu plus grand échec commercial de tous les temps, rien que ça. Avec un film ayant rapporté seulement 10 millions de dollars de recettes sur un budget de 100 millions, cela se comprend. La réalisation du film a été une véritable tempête, entraînant dans son sillage le déclin de tout ce qui l’entourait. Carolco Pictures, alors en difficulté financière et célèbre pour des succès comme les trois premiers films Rambo, Total Recall (1990) et Terminator 2 (1991), avait tout misé sur ce projet, allant jusqu'à annuler d'autres productions plus coûteuses, telle que Crusade avec Arnold Schwarzenegger, pour y investir davantage. Le budget prévisionnel de 60 millions de dollars s'est finalement envolé, triplant en raison de multiples problèmes et retards sur le plateau, amorçant la mort du studio.

Le réalisateur Renny Harlin, alors marié à Geena Davis, avait l'ambition de transformer l'actrice, habituée aux comédies romantiques, en une héroïne d'action, un rôle considéré comme masculin, ce qui a été mal vu à l'époque. Cette erreur coûtera à la comédienne sa carrière, apparaissant après coup dans quelques séries télévisées et des films à petit budget. Les péripéties ne s’arrêtent pas là, incluant également le renvoi du caméraman, des réécritures du scénario par le réalisateur lui-même, qui ont été payées un million de dollars de sa poche et même l'accident du directeur de la photographie, Oliver Wood, se cassant la jambe en tombant d’une grue, remplacé par Peter Levy.
Chasse à la baleine
La réception critique a été particulièrement hostile, le film recueillant seulement 38 % d'opinions favorables sur Rotten Tomatoes et une note moyenne de 37/100 sur Metacritic. Si certains louent tout de même le travail du réalisateur aujourd'hui, le public de l'époque n'a manifestement pas adhéré. Des médias comme Forbes ont suggéré que la mentalité dans les années 1990, selon laquelle “les femmes ne peuvent pas donner de grands films d'action”, a pu contribuer à ses performances médiocres.

L'échec a été si cuisant qu'il a condamné le genre pirate à une période de disette, jusqu'à ce que Disney ose le ressusciter près de dix ans plus tard avec le succès de Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl en 2003. Contre toute attente, la musique du film, composée par John Debney et interprétée par l'orchestre symphonique de Londres, a été bien accueillie, rappelant les films d'aventures de l'âge d'or d'Hollywood. Certains vont même jusqu’à le considérer comme l'une des meilleures du genre. Aujourd'hui, bien que l'œuvre suscite encore des débats, elle demeure difficile d'accès, n'étant disponible sur aucune plateforme de streaming.