Jean-Jacques Annaud évoque sa collaboration réussie avec Sean Connery et les tensions avec F. Murray Abraham sur le tournage du Nom de la Rose

Titre original : "Méchant et arrogant” On lui a dit se méfier de Sean Connery mais c’est un autre acteur qui a causé du tort à ce réalisateur : ils n’ont travaillé qu’une fois ensemble…

Au milieu des années 1980, ce réalisateur travaille sur l’adaptation d’un roman de renom et, pour ça, il compte recruter des acteurs triés sur le volet. Parmi les noms retenus, celui de l’acteur écossais Sean Connery. Pourtant, autour du réalisateur, on s’active afin de le mettre en garde sur la réputation de l’ancien agent 007. Finalement, malgré les avertissements, c’est un tout autre membre du casting qui va lui causer des problèmes sur le tournage de ce film culte.

On a dit à ce réalisateur de se méfier de Sean Connery, et pourtant…

Sorti en 1986, Le Nom de la Rose reste l’un des films les plus emblématiques du cinéaste Jean-Jacques Annaud. Adapté du roman d’Umberto Eco, ce thriller médiéval a valu au réalisateur français une reconnaissance internationale. Presque quarante ans plus tard, Jean-Jacques Annaud est revenu longuement sur la genèse de ce projet lors d’une interview fleuve accordée au magazine Les Années Laser, effectuée à l’occasion de la sortie du film en version UHD. Au cœur de ce long métrage, Sean Connery incarne le moine franciscain Guillaume de Baskerville. L’acteur écossais, qui n’avait pas encore remporté son Oscar (il l’obtiendra deux ans plus tard pour Les Incorruptibles), traînait alors une réputation de star difficile…

"Méchant et arrogant” On lui a dit se méfier de Sean Connery mais c’est un autre acteur qui a causé du tort à ce réalisateur : ils n’ont travaillé qu’une fois ensemble…

Pourtant, Jean-Jacques Annaud se souvient d’une collaboration particulièrement harmonieuse. « Travailler avec lui a été un rêve absolu », confia-t-il, rappelant s’être « merveilleusement bien entendu » avec l’ancien James Bond. Sean Connery, souvent décrit comme exigeant, s’est montré professionnel et impliqué dans son rôle. L’expérience fut suffisamment marquante pour que Jean-Jacques Annaud évoque encore aujourd’hui, avec chaleur, cette entente inattendue. Le réalisateur, connu pour des films comme La Guerre du feu, L’Ours ou Sept ans au Tibet, n’hésite pas à souligner que l’acteur était loin de l’image « impossible » qu’on lui associait alors.


Ce n’est pas Sean Connery qui a causé du tort au réalisateur du Nom de la Rose, mais cet acteur oscarisé

Si Sean Connery a surpris positivement Jean-Jacques Annaud, c’est un autre acteur du casting qui lui a, en revanche, laissé un souvenir amer : F. Murray Abraham. Auréolé de son Oscar pour son rôle d’Antonio Salieri dans Amadeus de Miloš Forman, l’Américain fut choisi pour incarner l’inquisiteur Bernardo Gui. Toutefois, son attitude sur le plateau s’est révélée problématique… Jean-Jacques Annaud n’a pas hésité à qualifier l’expérience de « pénible », décrivant Abraham comme « épouvantable, fondamentalement malveillant et arrogant ». Selon lui, l’acteur avait développé un comportement difficile à gérer, conséquence directe de son succès hollywoodien. Le réalisateur est même allé jusqu’à établir une comparaison cocasse : il dit avoir préféré affronter un ours Kodiak – qui l’avait attaqué sur le tournage de L’Ours – plutôt que de travailler avec Abraham.

"Méchant et arrogant” On lui a dit se méfier de Sean Connery mais c’est un autre acteur qui a causé du tort à ce réalisateur : ils n’ont travaillé qu’une fois ensemble…

En parallèle, le cinéaste évoque aussi de nombreux retards, parfois de plusieurs heures, perturbant le calendrier de tournage. Lors d’une scène finale cruciale, prévue tôt le matin, Abraham refusa de se présenter à l’heure convenue. Jean-Jacques Annaud lui annonce alors que la prise serait reportée en fin de production et que l’acteur devrait régler lui-même les frais supplémentaires. La réponse d’Abraham fut laconique : « Touché ! », avant d’assumer les coûts. Malgré ces tensions, Annaud reconnaît que son interprétation de Bernardo Gui reste marquante et a contribué à la force dramatique du film. Mais il précise qu’en plusieurs décennies de carrière et des milliers d’acteurs dirigés, F. Murray Abraham demeure l’unique cas de collaboration véritablement problématique.