Analyse de Shinobi Art of Vengeance (2025) : Un retour réussi ou une nostalgie décevante ?

Titre original : Test du jeu Shinobi Art of Vengeance : C'était l'un des meilleurs jeux vidéo d'action il y a 14 ans, que vaut la version de 2025 ?

Les fans de ninjas et de jeux d’action rétro vivent leur meilleure vie. Après le retour de Ninja Gaiden via l’épisode Ragebound, SEGA et Lizardcube ressuscitent Shinobi. Que vous soyez sur une console Playstation, Xbox, Nintendo ou sur PC, vous êtes invité à couper en morceaux tous les adversaires de Joe Musashi. Comme chacun le sait, on apprend peu par la victoire… mais beaucoup par la défaite.

Conditions du test

Le test du jeu a été effectué sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur. Nous avons terminé le jeu en une dizaine d'heures en difficulté Shinobi.

Un Ninja peut en cacher un autre

Lorsque Joe Musashi vient retrouver les siens, il découvre que son village est réduit en cendres et que son clan a été transformé en pierre. Après tant d’aventures, le shinobi sait que rien n’est jamais gravé dans le marbre. Le destin, il compte bien le faire fléchir en sa faveur, même si cela implique une quête de vengeance sanglante contre de puissantes forces maléfiques. Que ce soit dans son pitch, dans son aspect général ou même dans son gameplay, SHINOBI : Art of Vengeance nous rappelle le récent Ninja Gaiden Ragebound conçu par The Game Kitchen. Jeu d’action/plates-formes 2D nerveux, il est lui aussi le premier épisode inédit d’une série culte qui est restée dans l’ombre après plus d’une décennie d’absence. Que ce soit du côté du bestiaire rencontré, des niveaux traversés ou encore de la direction artistique globale, il est compliqué de ne pas dresser de parallèle avec l’épopée de Kenji Mozu du mois dernier.

Shinobi Art of Vengeance : C'était l'un des meilleurs jeux vidéo d'action il y a 14 ans, que vaut la version de 2025 ?

Shinobi cultive sa différence dans ses mouvements – plus nombreux – et son level design – légèrement plus orienté Metroidvania – afin de séduire les ninjas de la manette. La map monde est en fait découpée en 12 grands niveaux. Ces tableaux sont longs à parcourir en plus d’offrir différents embranchements à visiter pour progresser ou pour dénicher les nombreux objets cachés. Soyons clairs : Art of Vengeance est le genre de jeux où quand on pense avoir convenablement exploré un niveau lors d’un premier run, on se rend compte qu’il n’est complété qu'à 40 %. Il faut dire qu’avec les défis d’escouade d’élites à réussir, les brèches de l’Ankou à trouver et les reliques d’Obora à dénicher, donnant accès à plus d’objets/techniques à acheter dans les boutiques, il y a de quoi encourager l’exploration. Les différentes compétences à débloquer au cours de l’aventure, telles que le grappin ou le poing canon, donnent l’opportunité d’arpenter d’autres chemins auparavant inaccessibles lors d’autres runs. Ce n’est donc pas un vrai Metroidvania, les niveaux n’étant pas interconnectés, mais ce Shinobi est moins linéaire que ses prédécesseurs.

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Il n’y a pas de meilleur miroir qu’un ami véritable

Contrairement au héros de Ninja Gaiden Ragebound, Joe Musashi n’a pas besoin d’un sidekick pour déchaîner sa puissance. Le shinobi fait tout, tout seul. Il saute, frappe, s’accroche aux murs, envoie des kunais, s’accroupit, déchaîne les éléments grâce aux Ninpôs, sans l’aide de qui que ce soit, sauf celle du joueur. En accord avec les standards du genre, il effectue aussi des double-sauts et peut dasher au sol comme dans les airs, ce qui permet aux level designers de jouer sur plus de nuances dans l’architecture des tableaux. Manette entre les mains, les combos sortent naturellement et c’est un véritable plaisir de maximiser le nombre de Hits en abusant des coups de pied plongeant, attaques verticales, coups de genou dans les roupettes et d’autres taillades rotatives. Le compteur de combos n’est pas là juste pour flatter l’égo : certains bonus passifs ne s’activent qu’après avoir atteint un certain nombre de Hits. La bonne nouvelle, c’est que ce compteur ne revient à zéro que lorsque Joe est blessé, et non après un timer. Le message est clair : mieux vaut bien gérer un combat que de se précipiter tête baissée vers les ennemis !

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Shinobi s’inspire de tout un tas de jeux d’action/plates-formes plus ou moins saupoudrés d’éléments de Metroidvania tels que les Ori, Prince of Persia The Lost Crown, Tales of Kenzera : ZAU ou encore Bô. Nous retrouvons par exemple des séquences de course-poursuite, des scènes où il faut se mouvoir dans les courants aériens grâce au planeur sans se heurter à des pics, mais aussi quelques puzzles et divers boss. Il y a des passages de plates-formes plus corsés, mais Shinobi a généralement la douce idée de nous faire réapparaître près de l’endroit où on est mort plutôt que de nous obliger à tout recommencer, bien que cela engendre parfois des morts en boucle (quand il y a un scrolling automatique bas/haut). Comme le veut le dicton, la bougie ne perd rien de sa lumière en la communiquant à une autre bougie : le soft de Lizardcube s’évertue à prendre tout ce qui fonctionne bien ailleurs histoire d’être certain de frapper juste. Certains fans prendront ça pour des hommages appuyés là où d’autres parleront, comme nous, d’un manque d’originalité.


Ninja affûté, plate-forme émoussée

S’évertuant à maintenir l’équilibre entre la plateforme, l’exploration et l’action, Shinobi Art of the Vengeance brille particulièrement dans ses combats. En plus de tous les mouvements que nous avons cités, il y a des techniques destructrices qui s’enclenchent en fonction de la touche maintenue (LB pour envoyer un Ninpô, LT + RT pour balancer un Ninjutsu). En outre, s’il n’est plus possible de parer les attaques avec une touche prévue à cet effet, il y a un système d'exécution bien pensé. Attaquer un ennemi remplit une jauge placée sous celle de santé du belligérant. Quand elle est pleine, le bad guy est marqué. Si le joueur enclenche l’exécution (LB + RB), cela engendre un finish move qui tue sur le coup tous les adversaires aux jauges remplies. Certaines attaques augmentent plus cette jauge que d’autres, et terminer les adversaires ainsi rapporte beaucoup plus de bonus (items, soin, argent) que s’ils sont tués normalement. Cette mécanique ajoute un soupçon de stratégie aux combats, puisque spammer les attaques rapides n’est pas forcément recommandé si l’on veut avoir le meilleur butin.

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La partie action de Shinobi Art of the Vengeance est tellement riche avec ses nombreux mouvements (17 techniques de combat), combinaisons de coups, assassinats, éléments de personnalisation (8 Ninpôs, 4 Ninjutsus, 24 pouvoirs passifs, 7 Ninjis)… que les autres piliers souffrent un peu de la comparaison. En ce qui concerne l’exploration, le level design n’est pas toujours engageant. Actionner un levier pour désactiver une barrière électrique, c’est sympa. Devoir le faire 8 fois avec de nombreux allers-retours sur une petite parcelle, c’est redondant. Les tableaux sont un peu trop longs pour leur propre bien, surtout vers la fin du jeu où les pièges mortels sont légion et où les puzzles pour ouvrir des portes se multiplient comme des shurikens lancés par un maître ninja. Quant à l’aspect plates-formes, il se contente du minimum syndical. Il n’est ni novateur, ni transcendant, mais il fonctionne convenablement.


La voie du guerrier

Grâce à ses niveaux variés, à son ambiance sonore réussie et à sa 2D impeccable mise en valeur par de nombreux calques (au premier plan comme en arrière-plan) et par une caméra très dynamique, le jeu se parcourt avec un grand plaisir, quand bien même les niveaux manqueraient d’idées propres. En difficulté “Shinobi”, le challenge est corsé sans être frustrant, à part peut-être contre deux ou trois boss très agressifs. Histoire de s’assurer qu’aucun apprenti ninja ne soit mis de côté, Lizardcube a mis au point tout un tas d’options d’accessibilité rendant l’expérience beaucoup plus simple en cas de pépin. Du côté de la durée de vie, nous avons terminé le jeu en difficulté “Shinobi” en une grosse dizaine d’heures. Merci en tout cas aux développeurs d’avoir pensé aux voyages rapides peu importe où l’on se trouve sur la map, la revisite de niveaux afin de dégoter le 100 % n’en est que plus agréable. Une fois l’aventure principale terminée, vous aurez l’occasion de rejouer les niveaux pour tout débloquer, atteindre la meilleure note (mode Arcade) ou de vous lancer dans le mode Boss Rush, qui comme son nom l’indique, demande d’affronter les plus gros vilains du jeu en un temps record.

Shinobi Art of Vengeance : C'était l'un des meilleurs jeux vidéo d'action il y a 14 ans, que vaut la version de 2025 ?

Néanmoins, cette envie de bien faire dans la présentation comme dans l’accessibilité se retourne de temps en temps contre le titre. Par exemple, des cutscenes s’enclenchent parfois pour mettre un avant un coup létal et coupent le gameplay, ce qui fait qu’il n’est pas toujours aisé d’éviter de tomber dans un trou après avoir vaincu un adversaire avec une jolie attaque plongée. Dans le même ordre d’idées, activer un interrupteur suspend les contrôles pendant que la caméra montre le mécanisme enclenché, sans stopper les adversaires qui se font un malin plaisir de nous encercler pendant ce laps de temps. On aurait également apprécié que le stick qui sert à bouger la map soit celui de gauche comme dans presque tout ce que l’on voit ailleurs, plutôt que celui de droite, mais nous chipotons. Ces quelques détails ne doivent pas faire oublier l’essentiel : Shinobi Art of Vengeance est un super jeu d’action 2D qui se parcourt avec plaisir.

Shinobi Art of Vengeance : C'était l'un des meilleurs jeux vidéo d'action il y a 14 ans, que vaut la version de 2025 ?

Conclusion

Points forts

  • Des combos jouissifs grâce à une pléthore de coups et de techniques
  • Très bonne réalisation générale (graphismes, animation, son)
  • Niveaux, boss et ennemis variés
  • Plein d’options d’accessibilité

Points faibles

  • L’aspect plates-formes finalement en retrait par rapport à l’action
  • Un manque certain d’originalité dans le level design, avec des séquences redondantes
  • Quelques choix de game design un peu frustrants

Note de la rédaction

16

Comme un katana poli avec amour, Shinobi Art of Vengeance tranche fort. Agréable à prendre en main et fun à jouer grâce à ses multiples mouvements, il est un jeu d’action tellement robuste que la dimension plates-formes paraît plus timorée à côté. Certes, l’aspect Metroidvania-lite offre de grands niveaux à explorer, mais il ne transcende pas l’expérience. On sent en tout cas la rigueur d’un entraînement intensif derrière de nombreuses mécaniques de gameplay, à la manière d’un shinobi qui perfectionne son art, même si toutes les techniques observées ont déjà été vues ailleurs.

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