Critique acerbe de l'adaptation d'Amazon Prime de 'La Guerre des mondes' : un naufrage cinématographique à 65 millions de dollars

Titre original : Amazon Prime s’attaque à ce classique de la SF : je l’ai vu et je me demande comment on peut créer un tel film avec autant d’argent en 2025…

Ces dernières années, Amazon Prime Video nous a démontré que la plateforme était capable du meilleur (l’adaptation de la saga de jeux vidéo Fallout, par exemple) comme du pire… Ces derniers temps, ce film de science-fiction a défrayé la chronique. Sur le coup, j’ai pensé à une critique excessive et j’ai voulu avoir la confirmation par moi-même : oui, Amazon a jeté l’argent par les fenêtres et je ne comprends pas qu’on puisse utiliser autant de millions, en 2025, pour arriver à un tel résultat…

Steven Spielberg s’était cassé les dents sur ce film de SF, Amazon a fait bien pire que lui…

On a beau dire, Netflix et Amazon Prime Video sont peut-être en concurrence, mais la plateforme au N rouge fait largement la course en tête. Ces derniers temps, rares sont les moments où je prends le temps de passer en revue les films et séries fraîchement ajoutés. À côté de ça, je ne gâche pas mon impatience de découvrir la nouvelle saison de Gen V ou l’ultime saison de The Boys ! En attendant, j’ai décidé de jeter à l’un des nouveaux films de la plateforme, notamment parce qu’il est décrié de toutes parts. Il faut dire qu’un film qui débute sa course avec un score de recommandation de 0%, ça ne court pas les rues… Finalement, quelques jours après sa sortie, il a terminé sa course à 3%. Du moins, c’est l’avis des critiques. Enfin, je coupe court à tout suspense, ce n’est pas forcément la rédemption de ce côté-là puisqu’on parle d’un score de recommandation de 21%. Il est vrai que, dans un autre cas de figure, je me serais peut-être arrêté à ce constat, mais plus je voyais de commentaires à son sujet sur les réseaux sociaux, plus j’avais envie d’attester s’il s’agissait bel et bien du désastre annoncé. Qui plus est, Amazon Prime Video ne s’est pas facilité la tâche sur ce coup puisque la plateforme a jeté son dévolu sur l’un des plus grands classiques de la science-fiction… Je m'accorde le droit de parler en son nom mais il y a potentiellement un monde où Herbert George Wells se retourne dans sa tombe !

Amazon Prime s’attaque à ce classique de la SF : je l’ai vu et je me demande comment on peut créer un tel film avec autant d’argent en 2025…

Il y a quelques années de cela - vingt ans, tout de même ! -, c’était Steven Spielberg qui s’était lancé le défi d’appeler l’une des plus grandes œuvres de cet auteur, si ce n’est la plus grande : La Guerre des mondes. Connaissant le cinéaste, il y avait peu de chance pour que ça soit l’un des plus mauvais films que le septième art ait jamais connus. Pourtant, la critique, de manière générale, a été partagée face au résultat final. Pour la presse professionnelle, ça valait bien un score de 76%. Mais, du côté des spectateurs, on n’a pas vraiment voulu monter aussi haut : 42%. Steven Spielberg lui-même a eu quelques remords vis-à-vis de ce film. Lors d’une interview, il avait notamment confié qu’il n’avait « pas trouvé comment bien finir cette histoire ». Sans vouloir vous spoiler, dans le cas présent, la version proposée par Amazon Prime Video, baptisée War of the Worlds, ne s’est même pas embêtée d’un scénario un tant soit peu intéressant, mais on y reviendra… Car, oui, depuis tout à l’heure, le désastre télévisuel auquel je fais référence n’est autre que l’adaptation « made in Amazon » de La Guerre des mondes de Herbert G. Wells. Et oui, j’emploie le terme « adaptation » car se servir du mot « film » ou même « long-métrage » serait un affront auprès de toutes les productions qui ont essayé d’élever le genre de la science-fiction sur les écrans géants ou à travers la petite lucarne. Il est désormais temps que je vous parle du film et des réflexions que j’ai pu me faire en le visionnant mais, sincèrement, je me demande comment on peut créer un tel film avec autant d’argent en 2025...


Amazon Prime Video a dépensé 65 millions pour ce film et je n'arrive pas à croire que ça ait donné un tel résultat...

Petite question, avant de commencer. Est-ce que vous savez ce qu’on peut faire avec 65 millions de dollars ? Par exemple, on peut financer un loyer de 2000 dollars pour une famille pendant… 2708 ans. Aussi, on peut offrir un revenu de base de 1000 dollars pendant 5 ans à pas moins de 1083 personnes, ou encore financer, plus simplement, 65 millions de repas pour une association caritative. Aussi, pour rester dans le thème du cinéma, ça représente quatre fois le budget de l'acclamé Godzilla : Minus One ! Autant vous dire que, lorsque le générique de fin défilait devant mes yeux, j’avais l’impression qu’Amazon avait tout bonnement jeté l’argent par les fenêtres car, à mon sens, rien ne justifiait une telle dépense pour une réalisation pareille. Déjà d’une, War of the Worlds n’a aucune ambition dans ce domaine. D’un bout à l’autre du film, on a le droit à des personnages qui passent leur temps à se filmer avec une caméra frontale, notamment le protagoniste « joué » par Ice Cube, et à des insertions d’écrans qui alternent d’une fenêtre à l’autre, avec des gros plans sur des champs de texte, ou à des discussions en FaceTime...

Car, oui, il faut savoir que l’on « suit » - en réalité, il bouge à peine pendant 80 minutes - avant tout le personnage de Will Radford, un expert en cybersécurité au sein de la Sécurité intérieure du gouvernement américain. Pour le reste, à part rentrer dans la peau d’un père de famille célibataire et grandement envahissant, contrôlant les faits et gestes de ses enfants - déformation professionnelle - tout en gérant les menaces potentielles qui peuvent s’abattre sur le pays, le héros, comme son interprète, ne propose rien, hormis un jeu qui ressemble plus à une fabrique à mèmes qu’à un vecteur d’émotions. Et encore, s’il n’y avait que lui dans cette situation… Peu importe le membre du casting, rien n’est à sauver, et ce constat vaut pour énormément de choses.

Amazon Prime s’attaque à ce classique de la SF : je l’ai vu et je me demande comment on peut créer un tel film avec autant d’argent en 2025…

Alors que l’essence même du film est de mettre en scène une humanité confrontée à l’hostilité d’une espèce extraterrestre, ce qui implique d’insuffler de la tension et de l’angoisse, chaque situation est d’une platitude sans nom. Le pire, c’est qu’on se retrouve même à rire nerveusement face aux réactions de certains personnages ou aux effets spéciaux calamiteux. En réalité, le résultat global est si risible qu’on se demande presque si ce n’est pas fait exprès. Encore aujourd’hui, à l’heure où ces lignes sont écrites, le film War of the Worlds trône encore dans le top 10 France des longs-métrages les plus visionnés et je ne veux pas croire que cette popularité ne soit pas le fruit d’un effet d’entraînement qui, comme moi, a donné envie aux spectateurs d’aller se faire leur propre avis pour savoir si, oui ou non, c’est un naufrage en bonne et due forme. Au-delà de ça, c’est toute la vitrine promotionnelle faite à Amazon - l’un des personnages travaille comme chauffeur-livreur - à travers ce film qui rend le tout encore plus risible, notamment cette scène où on nous explique que Will peut se faire livrer une clé usb via un drone de livraison…

Au bout du compte, je n’ai pas le sentiment qu’Amazon ait été dépassé par ce film tant certaines choses paraissent sciemment calculées. Comme je le disais, il y a le côté « aguicheur » de l’échec mais aussi tout un tas d’éléments pour permettre au film de devenir viral. Tout au long de ces 80 minutes, et on le voit d’ailleurs très bien depuis la sortie, il y a des extraits qui recèlent un énorme potentiel de divertissement à destination des réseaux sociaux et que les utilisateurs peuvent se partager entre eux (les réactions d’Ice Cube, les effets d’explosion…) sous la forme d’un mème, d’un gif, etc. Néanmoins, l’argument le plus flagrant, selon moi, c’est que ce film est une sorte de produit d’appel pour la génération TikTok puisque tout passe par un point de vue frontal où chaque personnage se filme à l’aide de son smartphone, renforçant le sentiment que toute notre existence gravite autour de lui. Moi qui pensait que les gens s’étaient acharnés sur ce film, je peux vous dire que je n’ai pas été déçu du voyage et qu’il fait clairement partie de ce que j’ai pu voir de pire ces dernières années.