Dans ce jeu vidéo en ligne, les développeurs ont durci les règles : un simple mot ou même une simple touche du clavier peut désormais entraîner un bannissement. Une décision radicale qui relance le débat sur les limites de la modération et la liberté des joueurs.

Depuis son lancement en 2022, Overwatch 2 a connu des débuts compliqués. Entre critiques sur son modèle économique, problèmes de serveurs et manque de nouveautés (notamment l’absence du solo au lancement), la suite du célèbre Hero Shooter de Blizzard a dû batailler pour convaincre sa communauté. Mais ces derniers mois, le jeu a repris des couleurs : nouveaux héros, modes inédits et surtout fonctionnalités compétitives très demandées comme le bannissement de héros ou le vote de cartes. Un retour en grâce qui redonne de l’espoir aux fans… sauf sur un point : la modération du chat.

Car si le gameplay s’est bonifié, le système de signalement de Blizzard continue de faire grincer des dents. La dernière polémique en date est partie d’un simple post sur le subreddit dédié au jeu : un joueur y raconte avoir reçu une suspension permanente pour « communications inappropriées ». Jusque-là, rien d’étonnant. Mais en consultant le journal de discussion, la communauté est restée bouche bée : les mots incriminés n’étaient autres que « noob », « ? » et « worth ».

« Noob », « ? », « worth » : des mots désormais bannis ?

Trois expressions relativement banales dans le jargon du jeu en ligne. « Noob », certes un peu moqueur, est utilisé depuis des décennies dans les FPS et les MOBA pour 'désigner un joueur maladroit. Le « ? » est une manière implicite d’exprimer l’incompréhension ou la critique après une action ratée. Quant à « worth », il sert souvent à indiquer si une action a valu la peine, par exemple un échange de kills ou une capacité dépensée. Rien qui ne semble relever de l’insulte lourde ou de la toxicité caractérisée.

Pourtant, Blizzard a été inflexible. Après avoir fait appel, le joueur sanctionné a reçu une réponse claire du support. « Ce compte a déjà reçu plusieurs sanctions pour ce type de comportement et donc plusieurs occasions de corriger ce comportement », a expliqué un Game Master. « Après mon examen, je peux confirmer que la suspension a été correctement appliquée et sera maintenue. » En d’autres termes : sanction confirmée, porte fermée.

Un FPS compétitif sans trash talk, est-ce possible ?

Cette sévérité a relancé un vieux débat dans la communauté. D’un côté, certains estiment que la toxicité dans les jeux compétitifs est un fléau réel, qui gâche l’expérience de nombreux joueurs et justifie une modération drastique. D’un autre côté, beaucoup jugent que Blizzard va trop loin. Faut-il vraiment bannir définitivement un joueur pour avoir écrit « noob » ou utilisé un « ? » ironique ? N’y a-t-il pas une différence entre harcèlement volontaire et simples piques de langage gamer ?

Ce n’est pas la première fois que l’éditeur se retrouve pointé du doigt pour des sanctions jugées disproportionnées. Et à voir la tendance, Blizzard ne semble pas décidé à assouplir ses règles. Ce qui pousse certains à s’autocensurer complètement dans le chat textuel, voire à le désactiver pour éviter tout risque. À l’heure où Overwatch 2 tente de reconstruire une base solide de joueurs fidèles, cette politique de tolérance zéro pourrait bien avoir l’effet inverse : refroidir encore davantage une partie de sa communauté. Car si personne ne veut d’un jeu envahi par les insultes, beaucoup s’interrogent : un FPS compétitif peut-il vraiment se passer de toute forme de trash talk ?