Créer une série historique est d’une difficulté sans nom. Des décors aux tenues en passant par la narration des faits et l’intégration nécessaire d’éléments fictifs, on a tôt fait de se retrouver face à un public qui se plaint des anachronismes et des différentes erreurs commises. Mais une série a su embarquer tout le monde avec elle et même être, dans une certaine mesure, recommandée par des universitaires.

Rome est toujours une série référence

À quelle fréquence pensez-vous à l'Empire romain ? Cette question anodine a pourtant donné naissance à l'une des tendances les plus engageantes sur les réseaux sociaux il y a deux ans. Derrière celle-ci, une réelle fascination de beaucoup pour la période antique romaine et plus particulièrement pour celle narrant la vie de Jules César et la naissance de l'ordre impérial. Les raisons sont variées et pas toujours très bonnes, mais, dans l'ensemble, cette période historique intéresse énormément de monde. Le Colisée, les toges, l'armée romaine, la conquête, les jeux du cirque, les complots, Rome en tant que ville... Il y a tant à dire et encore à découvrir.

Et l'intérêt du grand public pour l'Empire romain, période dont certains aspects vivent encore (langue, droit, structures administratives), ne s'est jamais vraiment tari. L'époque classique, qui a notamment vu l'Europe se développer à toute vitesse, est notamment caractérisée par la redécouverte de l'Antiquité. Bien plus proche de nous, ce sont le cinéma, la télévision, la littérature et le jeu vidéo qui s'en inspirent. Les premières superproductions sont les péplums, des films représentant une antiquité fantasmée. Reste que, d'un point de vue historique, les productions ont longtemps été assez chiches.

Alors, quand HBO débarque en 2005 avec Rome, on se demande bien ce qui va nous être présenté. Créée par John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller, Rome nous relate les événements entraînant la chute de la République et l'avènement du Principat, mieux connu sous le nom d'Empire. Succès critique et commercial, Rome s'est distinguée par le fait d'avoir su être hautement crédible en termes de décors, de costumes et d'ambiance. Les personnages ont bien évidemment été romancés, mais leurs ambitions et leurs personnalités collent au plus près de ce qu'ils ont dit et de ce qu'on a dit d'eux. Sans être parfaite, c'est l'une des séries qui retranscrivait le mieux la Rome agitée de la fin de la République.

Deux saisons et un feu

Nommée plusieurs fois dans différentes cérémonies, elle n'a pourtant duré que deux saisons. Malgré son succès, la série coûtait extrêmement cher. Initialement prévue pour durer quatre ou cinq saisons et se terminer sur l'ascension d'un certain Jésus de Nazareth au sein d'un territoire sous domination romaine, elle a été ramenée à deux, ce qui explique le rythme effréné et parfois décousu de la seconde saison. Les équipes ont bien tenté de négocier, mais le dernier clou du cercueil de la série a été planté par l'incendie des studios en 2007. Rome était en effet tournée à la Cinecittà de Rome, créée dans les années 1930 pour servir le régime de Mussolini avant de devenir le plus grand lieu de tournage fermé d'Europe.

On y retrouve des quartiers entiers reproduisant la Rome antique, idéal pour un tournage aussi ambitieux que celui de Rome. D'ailleurs, Alexandre Astier s'en est servi pour une partie du Livre VI de Kaamelott. Victime de nombreux incendies au fil des décennies (et encore en 2002), la Cinecittà a été en partie détruite en 2007. Entre le coût de la série et les travaux de reconstruction à réaliser, c'en était trop pour la chaîne, qui s'est arrêtée là. On parle tout de même d'un budget de 12,5 millions de dollars par épisode lors de la saison 2, un coût absolument pharaonique pour l'époque. Un projet de film était sur la table dès 2010 et un scénario était prêt, mais rien ne s'est concrétisé à ce sujet.