The Rogue Prince of Persia : Un Roguelite Innovant qui Réinvente la Saga

Titre original : Test du jeu The Rogue Prince of Persia est un petit miracle : il vous réconciliera avec le roguelite !

Sortie en early access l’année dernière, la version roguelite du mythe Prince of Persia est finalisée. Comme toutes les bonnes histoires, celle du soft d’Ubisoft débute dans la crainte, puis, après une succession de formidables péripéties, débouche sur une heureuse conclusion. Vos yeux vont briller sur la rive gauche du Tigre !

Contre les Huns… et les autres !

Rien n’était gagné d’avance pour ce Prince of Persia pas comme les autres. Sorti en accès anticipé au mois de mai 2024, c’est-à-dire quatre mois seulement après le très bon The Lost Crown, The Rogue est arrivé à un moment délicat. D’un côté, les fans de la série étaient rassasiés grâce à la création d'Ubisoft Montpellier, de l’autre, Ubisoft attirait plus l’attention pour ses déboires à la bourse de Paris que pour l’attrait de ses productions. S’essayant à un genre risqué – l’action/platformer 2D roguelite – où il y a plus d’appelés que d’élus, s’adressant de facto à un public moins large que d’autres épisodes de la saga, Rogue Prince of Persia avait tout du projet maudit. Mais si les contes des Mille et Une Nuits nous ont appris quelque chose, c’est que les malédictions peuvent être brisées.

The Rogue Prince of Persia est un petit miracle : il vous réconciliera avec le roguelite !

La magie d’Evil Empire se devait d’être puissante. Le studio français, connu pour ses incantations ayant maintenu en vie l’excellent Dead Cells, a laissé parler sa maîtrise comme sa fougue. C’est d’ailleurs ce grain de folie qui fait toute la différence. Certes, The Rogue Prince of Persia est un roguelite, ce qui signifie qu’il doit entrer dans des cases. Oui, à chaque mort, le joueur retourne à la case départ et perd toutes ses armes acquises en cours de route. Oui, les niveaux sont générés de façon procédurale, ce qui fait que chaque tentative est différente, bien que l’on retrouve quelques archétypes d’un essai à l’autre. Oui, la structure est un poil redondante avec ces tableaux à revisiter, même pour un roguelite. Cependant, à la manière de ce Prince anonyme qui revit la même journée en boucle pour trouver un moyen de stopper l’invasion sanguinaire des Huns, Evil Empire virevolte avec une aisance déconcertante. Ses écarts, alliés à une expertise sans faille, font le sel, ou plutôt le sablé, de l’expérience.

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Rogue Nation

Comme nous l’avons dit, sous le soleil qui poudroie, ce Prince tire les rênes du roguelite. Dans les faits, chaque mort renvoie le joueur vers un hub central nommé l’Oasis, lieu à l’intérieur duquel il est possible de débloquer/d’améliorer tout un tas de choses et de choisir son point de départ. Le héros dispose d’une arme principale (lame, marteau, etc.), d’un outil (arc, chakram, etc.) et d’emplacements de médaillons. Ces bijoux, une fois équipés, confèrent divers effets (résistance, effet de brûlure, ralentissement de l’adversaire, etc.). Le soin s’effectue grâce à une potion qui se recharge à chaque checkpoint, à moins bien sûr que le joueur débloque d’autres fioles via l’arbre de compétences. L’aspect “lite” vient du fait que les armes, outils, et médaillons débloqués grâce au Cendres d’Âmes, une des monnaies du jeu, peuvent être retrouvés au cours des parties suivantes. En outre, les améliorations acquises grâce au gain d’XP restent définitivement, et les objectifs du “livre des crânes”, qui demandent de tuer “x” fois un monstre particulier contre un peu de Cendres, ne se réinitialisent pas.

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Malgré des bottes qui peuvent sembler usées par des rouages éprouvés, le Prince est solide sur ses appuis. Déjà, les objets à équiper sont tellement différents qu’ils changent vraiment la manière dont on se bat avec le prince. Ensuite, les fameux médaillons forment des synergies, ce qui ajoute une surcouche intéressante à l'élaboration des builds. Enfin, le joueur est invité à prendre des risques : s’il brise un Brasier des Âmes, l’endroit qui permet normalement de sécuriser les Cendres d’Âmes pour la prochaine run, il libère un nombre conséquent de Cendres qu’il ne peut cependant pas déposer en banque. Tenter plus pour gagner plus, telle est la devise du Prince. En outre, une fois le gros méchant Nogaï vaincu, il est possible d'activer des malus (pierres d'éveil) rendant l'expérience plus difficile afin de dégoter de meilleurs gains. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! Ce qui est certain, c'est qu'avec toutes ces améliorations qui restent à chaque run, même le joueur allergique aux roguelikes/roguelites devrait y trouver son compte.

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À l’instar d’Hades, la dimension rogue est intégrée dans le scénario, puisque chaque mort fait redémarrer la boucle temporelle. Faire des loops contribue à mieux comprendre le scénario, à débloquer de nouvelles destinations mais aussi et surtout à sauver des personnages. De fil en aiguille, le joueur comprend le bon ordre des défis à accomplir afin de réussir la run parfaite, celle qui mènera à la victoire. Ce n’est pas Deathloop, mais vous voyez l'idée. Il est bon de signaler qu’à force de revisiter les niveaux, le Prince fait face à des situations inédites (fumée opaque dissimulant les opposants, mini-boss, PNJ à sauver, etc.), histoire de surprendre le visiteur. Se concentrant avant tout sur les joueurs peu habitués aux roguelites, ce PoP ne propose pas un choix phénoménal d'éléments à personnaliser. Les builds s'élaborent facilement, sans avoir à se triturer les méninges, ce qui agacera peut-être les plus hardcores. En règle générale, avec plus d'ennemis différents, plus d'armes, plus de variété dans les niveaux, la production d'Evil Empire aurait été (encore) meilleure.

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La mélodie du parkour

C’est chaud… et c’est beau ! La direction artistique de The Rogue Prince of Persia, inspirée des bandes dessinées franco-belges avec ses couleurs chatoyantes, est un piège. Elle attire le voyageur curieux pour le faire souffrir devant le challenge de l’épopée. En plus des nombreux adversaires à éliminer et des boss résistants, tous disposant de patterns clairs et précis, il faut évoluer dans des tableaux plein de dangers. Prince of Persia oblige, la dimension plate-forme est omniprésente : le level design est pensé pour abuser des multiples mouvements acrobatiques. Le petit truc en plus du héros, c’est qu’il peut courir le long d’un mur situé à l'arrière-plan. En combinant la course murale avec les sauts, les rebonds contre les bords et les dashs, le joueur crée des chorégraphies mortelles, dans tous les sens du terme.

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Le parkour est définitivement au cœur du gameplay. Le joueur est sans cesse encouragé à bouger dans tous les sens, quand bien même cela mènerait à de rares erreurs à cause d'un Prince qui s'aimante là où l'on ne veut pas. Avec les attaques chargées, les coups de pied rotatifs, les écrasements... on obtient des combats aussi verticaux qu’horizontaux où chaque piège peut être utilisé contre les ennemis. Bien qu’il n’y ait malheureusement pas de mécaniques liées au temps, outre le fait que le Prince évolue dans une boucle temporelle, nous retrouvons de nombreux éléments qui ont fait le charme de la série, tels que les pics vicieux s’activant sous nos pas ou les combats à l'arme blanche. Contrairement à d’autres titres sortis récemment (Ninja Gaiden Ragebound, Shinobi Art of Vengeance), Prince of Persia nous autorise à jeter un coup d'œil autour du héros grâce au stick droit. Traverser les tableaux est particulièrement agréable car non seulement les mouvements s'enchaînent avec une belle fluidité, mais les téléporteurs sont nombreux. Bien souvent, un aller compliqué pour aller récupérer un trésor caché ne nécessite pas de retour “manuel”. Le rythme est de ce fait soutenu.

Oh le Baatar !

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Déambuler dans les mondes modifie également plus ou moins discrètement la bande-son. N’y allons pas par quatre chemins : l’ambiance sonore de ce PoP nous a enflammés ! En mélangeant des sonorités orientales avec des musiques électroniques tapageuses, le titre d’Ubisoft livre un cocktail enivrant à la saveur menthe poivrée aussi forte que délicate. Cette ambiance dynamique est l’ultime rouage d’un soft très bien pensé. Tout a du sens : le level design, l’enchaînement de niveaux assez courts, les mécaniques roguelite, les mouvements fluides, les musiques évolutives, le fait que les actions parfaitement timées remplissent une jauge qui a pour effet d’augmenter la vitesse du Prince… tous les ingrédients sont réunis pour engendrer un flow de tous les diables ! Le simple fait de bouger est un véritable plaisir, alors quand les coups s’enchaînent et tuent tout ce qui ose se dresser sur notre chemin. Rogue devient une drogue qui fait palpiter notre cœur au rythme des basses puissantes de ses musiques.

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Conclusion

Points forts

  • Mécaniques roguelites parfaitement équilibrées
  • Pensé pour les réfractaires au genre sans trahir les fans
  • Excellent aussi bien dans les combats que dans la plates-formes
  • Direction artistique qui sort du lot
  • Ambiance sonore explosive

Points faibles

  • Structure forcément un poil redondante à la longue
  • Un soupçon d'imprécision quand le Prince se colle aux (nombreuses) parois
  • On aurait aimé plus d'ennemis différents, plus d'armes, plus de possibilités de build

Note de la rédaction

16

Que vous soyez hermétique ou non aux mécaniques contraignantes des roguelites, vous devez absolument plonger dans l’univers de ce très bon The Rogue Prince of Persia. Vous viendrez pour son gameplay archi efficace qui ne s’encombre d’aucun superflu, vous resterez pour le flow diabolique qui se dégage des combats et de l’exploration. Disponible dans le Game Pass et le PS Plus Extra au moment où nous écrivons ces lignes, le titre d’Evil Empire édité par Ubisoft n’aspire qu’à une seule chose quand une partie est terminée : en relancer une autre pour rester dans cette boucle débridée !

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