Nos souvenirs de joueurs, ils sont souvent émouvants et parfois un peu ridicules. Voici un exemple : jamais un jeu ne m’aura autant marqué.
Beyond Good & Evil, c’est l’un de mes premiers coups de cœur en matière d’action-aventure. Le jeu d’Ubisoft, dirigé par Michel Ancel (le papa de Rayman, qui a aujourd’hui rendu son tablier), m’a complètement envoûté au début des années 2000. Je l’avais sur cette bonne vieille GameCube, et je suis tombé amoureux de son univers, son scénario, ses personnages haut en couleur. J’ai même eu l’occasion de le refaire et de vous en parler sur JV, à l’occasion de la sortie de l’édition 20th Anniversary. Mais à l’époque, il y a un détail bien particulier qui m’a marqué. Désolé d’avance, ça va spoiler un peu.
Un cochon qui fait des cachotteries
Pour la dernière ligne droite de l’aventure, Beyond Good & Evil nous demande de trouver le Béluga, un vaisseau qui permettra à Jade (l’héroïne-journaliste) d’aller sur la Lune. Là-haut se cache la preuve irréfutable du lien entre les Sections Alpha - des mercenaires qui flirtent clairement avec le totalitarisme - et les DomZ, une race extraterrestre dont les attaques sont de plus en plus fréquentes et violentes.
Sauf qu’évidemment, ce sésame vers les étoiles, il est bien caché. Il est même planqué sous le nez de Jade, dans son propre chez soi (une île coiffée d’un phare). Seul Pey’j, l’oncle de l’héroïne, connaît son emplacement. Mais l’homme-cochon disparaît à la moitié du jeu, laissant sa nièce seule quand vient l’heure de résoudre l’énigme du Béluga.
Pey'j, Jade et le Béluga


Ce n’est qu’un au revoir
Toutefois, avant de partir, Pey’j nous a laissé un indice. Un “Mdisk” (l’équivalent de nos CD-ROM) avec un message émouvant sur les parents de Jade. On y apprend que l’enfant lui a été confié dans l’urgence, que c’était une question de vie ou de mort, et que c’est grâce au Béluga que le duo est arrivé jusqu’à Hillys, la planète qui sert de cadre à Beyond Good & Evil. Puis, il y a cette phrase :
Le Béluga est chez nous. Il faut rentrer un code dans chacune des deux consoles pour ouvrir la planque.
Le message s’achève sur deux photos de l’atelier de Pey’j, où on voit très clairement deux panneaux ornés de croquis. Dessus, il y a les plans des “jet-boots”, des baskets qui permettent à l’oncle de s’élever brièvement dans les airs (ça sert notamment en combat). Y aurait-il un lien entre ces bottes et le Béluga ?


Une histoire de chaussure
À ce stade de l’aventure, on sait déjà où se trouvent les deux panneaux du Mdisk : un est en haut du phare, et l’autre, juste à côté du dock de l’atelier de Pey’j. La première partie de l’énigme est simple comme bonjour : dès qu’on s’approche des panneaux, une commande apparaît à l’écran et nous propose “d’appuyer” dessus. Le tableau de bois glisse alors, révélant un ordinateur.
Sauf qu’il faut ensuite entrer deux codes (il y a deux panneaux donc deux PC). Si vous m’avez lu jusqu’ici, vous avez sans doute compris où ils se cachent. De mon côté, à l’époque où j’ai fait le jeu - j’avais 10-12 ans -, je me suis retrouvé bloqué quelques heures. Je vous laisse donc imaginer ma surprise quand j’ai découvert les deux codes imprimés sur les semelles des jet-boots de Pey’j.

Ce que j’ai trouvé génial, c’est que ces jet-boots, on les récupère quelques heures plus tôt, et que j’aurais très bien pu trouver le code tout de suite si j’avais pris la peine de les regarder correctement. Déjà à l’époque, Beyond Good & Evil permettait d’analyser les objets de notre inventaire sous toutes les coutures, grâce à une modélisation en 3D. Et utiliser cette feature a priori anodine pour l’énigme la plus importante du jeu, c’est plutôt stylé, non ?