Golden Sun : L'Audace des Développeurs pour Créer un RPG Iconique sur Game Boy Advance

Titre original : Ce jeu était si gros que les développeurs ont réalisé l'impensable... exploser la cartouche

Au début du 21e siècle, avec le J-RPG en plein essor et dans un contexte défavorable pour Nintendo qui voit un nouveau concurrent monter en puissance, la firme japonaise décide de développer un jeu trop ambitieux. La cartouche est pleine à craquer et il n’y a plus qu’une solution : l’exploser complètement.

A l’approche des années 2000, l'industrie du jeu vidéo connaît une profonde mutation. Nintendo, un temps leader avec la NES et la Super Nintendo, voit le marché des jeux de rôle japonais (J-RPG) lui échapper au profit de Sony et de sa PlayStation, qui avait raflé la mise avec des titres emblématiques comme Final Fantasy VII. Face à cette situation de quasi-monopole dans un genre particulièrement porteur, Big N cherche à frapper fort avec un RPG d'envergure. En collaboration avec Camelot Software sort Golden Sun, un jeu si ambitieux qu'il a dû défier toutes les conventions de l’époque, quitte à exploser la cartouche.

Une place au soleil ça ne suffit pas ? Rajoutez un transat

Initialement conçu pour la Nintendo 64, Golden Sun a dû connaître de grosses modifications. En effet, la console de salon étant alors en plein déclin face à la PlayStation, et il est jugé plus judicieux de positionner ce gros projet sur une plateforme prometteuse : la future Game Boy Advance prévue pour 2001 au Japon et 2002 en France. Cette décision a eu raison de la forme que prendrait le jeu, trop massif pour tenir dans une cartouche. Camelot a ainsi scindé le soft en deux aventures distinctes.

Ce jeu était si gros que les développeurs ont réalisé l'impensable... exploser la cartouche

Les développeurs ont donc improvisé en s'inspirant de leur travail sur Shining Force III, qui explorait différentes facettes d'une même histoire. Ils ont alors pu donner vie à deux jeux complets, constituant une épopée unique de près d'une soixantaine d'heures de jeu, les joueurs devant noter des pages entières de codes pour transférer leurs sauvegardes d'un épisode à l'autre. Cela a demandé un travail titanesque d'optimisation et quelques magouilles techniques pour simuler de la 3D avec des éléments de sprite en 2D, véritable prouesse pour l'époque.

Un joyau bien brillant

Camelot Software peut être fier du résultat. Graphiquement, Golden Sun est bluffant pour un jeu GBA, avec son monde riche et détaillé et ses combats incroyables visuellement. Les animations des personnages, réalisées en 2D, donnaient l'impression d'une véritable 3D, avec une caméra mobile, une innovation pour la console portable de Nintendo.

Développé en 12 à 18 mois, un délai considérable pour un titre GBA, Golden Sun est unanimement reconnu comme l'un des meilleurs RPG de son temps. Sa suite, Golden Sun: L'Age Perdu sorti quelques mois plus tard (la fameuse seconde partie de l'aventure), a offert une belle conclusion à l'intrigue laissée en suspens, donnant au J-RPG le statut de licence culte.

Ce jeu était si gros que les développeurs ont réalisé l'impensable... exploser la cartouche

Bien qu'elle n'ait pas atteint les chiffres de mastodontes du J-RPG comme Final Fantasy, la série s'est écoulée à près de 2 millions d'exemplaires dans le monde, loin d'être un échec commercial. Malgré son succès, la licence n’a pas eu d’opus depuis bien longtemps, hormis Golden Sun: Obscure Aurore sur Nintendo DS, se limitant à quelques émulations sur Wii U ou encore sur la Switch. On espère que sa récente apparition dans le catalogue GBA du Nintendo Switch Online donne quelques idées à la firme nippone pour l’avenir de la série.