Critique de Borderlands 4 : Un nouvel opus prometteur mais trop répétitif et classique

Titre original : Test du jeu Borderlands 4 : J'attendais une vraie révolution... elle n'a pas eu lieu ! sur PC

Gearbox Software dégaine de nouveau sa saga phare en 2025 et pour célébrer ce retour en fanfare fait peau neuve. Nouvelle planète, nouvel ennemi et nouveautés à foison, Borderlands 4 promet sur le papier monts et merveilles aux chasseurs courageux, mais la réalité pourrait être un tantinet différente. Voici mon avis définitif sur le quatrième épisode principal de la franchise Borderlands après avoir passé plus de 40 heures sur Kairos.

Une révolution timide

Gearbox Software a fait un choix que j’estime lucide et bienvenu en faisant fi du passé de la saga pour nous conter une histoire fraîche prenant pour cadre un tout nouvel astre. Il est inutile d’avoir écumé Pandore pour se lancer à l’assaut de Kairos, ce qui est à mettre au crédit des studios. Borderlands 4 débute tambour battant avec une séquence d’ouverture aussi gore que fun afin de nous présenter les enjeux ainsi que la menace avant de faire de nous le bras armé d'une résistance encore timide. La suite est une succession de rencontres avec des personnages haut en couleurs, de combats, d’humour et encore de combats.

La fin du Gardien du Temps, le grand méchant de cet opus, passe par l’exécution obligatoire de ces trois lieutenants, chacun contrôlant une région de Kairos. Personnellement, je trouve que cette structure, qui rappelle celle des derniers Ghost Recon, est datée. Elle garantit une certaine liberté, mais à quel prix ! Celui d’un sentiment de répétitivité qui se retrouve dans toutes les strates du jeu comme vous pourrez le constater par la suite. Ainsi, le Gardien du Temps s’avère être un spectateur de sa propre histoire tant il survole le récit en servant principalement de narrateur. Lui que j’espérais mémorable ne me laisse qu’un vague souvenir, et il en va de même pour une campagne scénarisée diluée durant plus de 30 heures.

La mise en scène ne démérite pas pour autant lorsque Borderlands 4 lui laisse le temps de s’exprimer à sa pleine mesure. Cela donne des cinématiques réalisées avec soin, entre sens affûté de l’épique et humour piquant. D’ailleurs, le ton humoristique “sous la ceinture” du précédent opus n’est plus qu’un lointain souvenir entretenu par un Claptrap souvent absent et quelques tirades au profit de traits d'humour plus “fins” même s'ils ne font pas toujours mouche. Gearbox Software a écouté la communauté rassemblée autour de leur franchise sur ce point et j’en suis le premier ravi.

Borderlands 4 : J'attendais une vraie révolution... elle n'a pas eu lieu !

Bienvenue sur Kairos

Ce qui me frappe dès les premières minutes à crapahuter sur Kairos est à quel point la direction artistique de Borderlands 4 est un modèle du genre. Le style “comics-like” qui se veut un peu plus réaliste que par le passé sied à merveille à cette nouvelle planète aux environnements assez variés garantissant un dépaysement certain. Attention, le titre de Gearbox Software, aussi abouti artistiquement soit-il, n’est pas forcément un porte-étendard technique bien qu’il ne démérite pas pour autant. Il assure l’essentiel, à savoir la fluidité, même s’il souffre d’un manque d'optimisation (sur PC), de quelques ralentissements et autres bugs mineurs avant sa sortie.

La grande nouveauté de ce nouveau Borderlands réside dans son monde ouvert, promesse d’une exploration accentuée et d’une liberté totale. Il est vrai que les premières heures sont plaisantes sur Kairos, l’aventure principale étant ponctuée d’activités en tout genre et de moultes découvertes. La carte déborde de points d’intérêt, et c’est à ce moment précis que la virée punk-apo vire au drame. Gearbox Software s’est inspiré des open worlds de la concurrence pour concevoir le sien, notamment la recette Ubisoft (Far Cry, Assassin’s Creed), et cela se ressent énormément. Aussi somptueux soit Kairos, il est désespérément “classique” et paradoxalement vide bien que jonché d’activités à faire et de collectibles à dénicher ici et là.

En définitive, cet astre présente plusieurs défauts des mondes ouverts modernes (enfin ceux des années 2010) en misant sur la quantité plutôt que sur une exploration plus organique. Toutefois, je dois reconnaître à Gearbox Software son envie de bien faire et sa générosité. Entre les défis, les contrats, les items, les quêtes secondaires ou encore les lieux à libérer, nettoyer la carte demande du temps (et de la patience). Malheureusement, ce copier-coller des mêmes activités exacerbe le caractère répétitif de l’aventure. La recherche des Arches perdues s’avère être le petit plus qui souffle un vent d’espoir sur Kairos. Je vais me garder de trop en révéler pour ne pas gâcher la surprise.

Borderlands 4 : J'attendais une vraie révolution... elle n'a pas eu lieu !

Aux origines du looter-shooter

Borderlands 4 est un looter-shooter dans la plus pure tradition. La saga de Gearbox Software a participé à populariser le genre et il n’est pas question ici d’abandonner les principes fondamentaux d’une expérience vidéoludique reposant sur des combats intenses et un loot épique. Les studios souhaitent simplement dépoussiérer une formule qui ne demande qu’à évoluer, mais éprouve certaines difficultés à la réinventer en 2025. Niveau gameplay, les studios se sont affairés à rendre les affrontements bien plus dynamiques et c’est une franche réussite grâce à l’ajout du grappin, bien que son utilisation soit limitée, et de la capacité de planer.

Néanmoins, la propension des ennemis à devenir des sacs à PV (pour points vie) et un bestiaire qui tourne en boucle finissent par égratigner un premier ressenti franchement vivifiant. Puis l’intelligence artificielle sommaire à défaut de surprendre ne fait pas de miracles sur Kairos. Fort heureusement, les combats de boss sont là pour pimenter une épopée qui ne demande qu’à prendre son envol avant de se heurter à une courbe de la difficulté parfois incompréhensible. Il n’est pas rare en fin d’aventure de se retrouver face à des hordes nettement plus fortes et de devoir serrer les dents en espérant survivre. Finir la campagne seul (même en mode “normal”) est un vrai défi.

La raison d’être de Borderlands 4 se trouve dans ses mécaniques RPG (pour Role Playing Game) d’une solidité à toute épreuve. Entre les différentes classes de Chasseurs de l'Arche, les différentes compétences d’action qui définissent votre manière de jouer sans oublier les armes et équipements à trouver/acheter, il me paraît impossible de ne pas y trouver son compte. La saga de Gearbox Software a toujours brillé sur cet aspect, et c’est une nouvelle fois le cas en 2025. Les studios sont généreux (parfois un peu trop) au point de nous submerger d’items souvent inutiles, mais il y a une raison à cela… Faire de l’obtention du “précieux” un événement. Le sentiment d’accomplissement est alors total.

Borderlands 4 : J'attendais une vraie révolution... elle n'a pas eu lieu !

Pour un fight avec toi…

Borderlands 4 est intégralement jouable seul, mais prend tout son sens en coopération. Jusqu’à 4 joueurs peuvent rejoindre ensemble la résistance écarlate, affronter le Gardien du Temps et écumer Kairos en quête de gloire, de fortune et de puissance. Il est évident que ce Looter-Shooter est pensé pour être partagé. C’est l’essence même de la saga que de connecter les Chasseurs de l'Arche afin d’écrire une histoire chorale. Et les studios facilitent grandement la connexion entre les personnes.

Au-delà du cross-play qui brise les frontières PC, PlayStation et Xbox, ce sont les mécaniques implémentées qui subliment l’expérience multijoueur. Il est ainsi possible de se téléporter où se trouve un équipier sur la carte, d’échanger du loot (en s’en débarrassant), de réaliser toutes les activités ensemble et de faire découvrir à un joueur moins avancé tous les mystères de Kairos. Il est évident que Borderlands 4 libère son plein potentiel en coopération. A plusieurs, c’est définitivement meilleur.

Borderlands 4 : J'attendais une vraie révolution... elle n'a pas eu lieu !
Et le endgame dans tout ça ?

Bien entendu, Borderlands 4 ne serait pas le digne héritier de la saga éditée par 2K Games sans un endgame solide. Pour l’occasion, Gearbox Software a réimaginé son mode Chasseur de l’Arche Ultime en offrant aux joueurs l’opportunité de gravir cinq niveaux de difficulté croissante. Cela passe notamment par des défis hebdomadaires, à savoir des redites des missions de la campagne et des combats de boss agrémentés de modificateurs (mis à jour toutes les semaines). A cela s'ajoutent des améliorations exclusives appelées Firmwares qu’il est possible de transférer une unique fois vers un autre objet afin de parfaire son Chasseur de l’Arche. Si sur le papier le contenu semble conséquent, dans les faits, il ne demande que quelques heures pour être terminé, ce qui risque de sembler léger pour les joueurs les plus déterminés.

Borderlands 4 : J'attendais une vraie révolution... elle n'a pas eu lieu !

Conclusion

Points forts

  • Un nouveau départ pour la saga
  • Un humour moins “gras”
  • La direction artistique cartoon réaliste
  • La montée en puissance et la personnalisation des Chasseurs de l’Arche
  • Une générosité à toute épreuve (loot, contenu, activités)
  • Les combats bien plus dynamiques
  • La coopération à 4 joueurs

Points faibles

  • Une aventure vraiment répétitive
  • Le manque d’optimisation technique (sur PC)
  • Un monde ouvert bien “trop” classique
  • La foire aux collectibles
  • Un bestiaire limité et à l’intelligence artificielle sommaire
  • Un endgame qui doit faire ses preuves
  • Une difficulté parfois absurde

Note de la rédaction

14

La révolution punk-apo n’aura pas lieu en 2025. Fort des qualités historiques de la saga et cherchant à en gommer les défauts, Borderlands 4 brille par sa direction artistique, sa générosité, ses mécaniques RPG, son multijoueur coopératif et le dynamisme de ses combats, mais se heurte à une dure réalité. Un looter-shooter peine à s’épanouir en monde ouvert. Cette nouvelle liberté offerte aux Chasseurs de l'Arche finit par exacerber un sentiment de répétitivité omniprésent. Les fans du genre en quête perpétuelle de puissance devraient y trouver leur compte, ceux désireux d’explorer un monde inconnu un peu moins.

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