Françoise Cadol, voix emblématique de Lara Croft, victime d'un clonage vocal par IA : un combat pour la protection des artistes

Titre original : “Une trahison” Cette actrice a prêté sa voix à une saga culte du jeu vidéo, elle a été copiée par IA sans son accord…

Symbole du doublage français et voix historique de Lara Croft, Françoise Cadol découvre que son timbre a été cloné par intelligence artificielle sans son accord dans Tomb Raider Remastered. Une affaire qui secoue l’industrie du jeu vidéo et pose un précédent juridique inédit.

Depuis près de trente ans, Françoise Cadol incarne la voix française emblématique de Lara Croft. Mais cet été, l’actrice a été confrontée à une découverte amère : son timbre vocal aurait été reproduit artificiellement par une intelligence artificielle, sans son consentement, dans la dernière compilation Tomb Raider Remastered. Une révélation qui a provoqué un véritable séisme dans la communauté vidéoludique et ravivé un débat brûlant : comment protéger les artistes face à l’irruption fulgurante du clonage vocal ?

Une icône du doublage face à une trahison technologique

À 61 ans, celle qui prête également sa voix à Angelina Jolie, Sandra Bullock et à de nombreux personnages cultes du jeu vidéo, se retrouve au cœur d’un scandale inédit. Alertée par ses fans, Cadol a découvert, le 14 août dernier, que la mise à jour de Tomb Raider IV-VI Remastered comportait de nouvelles répliques qu’elle n’avait jamais enregistrées. Les comparaisons menées par la communauté ne laissent guère de doute : la voix, étrangement familière, semble bel et bien être un clonage de la sienne, mais avec une qualité jugée « nettement inférieure », tant sur le plan technique qu’artistique. Le choc est d’autant plus violent que la comédienne s’était publiquement opposée par le passé à l’utilisation de ses données vocales dans l’entraînement d’algorithmes. Militante de l’association Les Voix et figure de proue du mouvement Touche pas à ma VF, elle avait formellement exercé son droit d’opt-out sur la plateforme lesvoix.fr. « J’ai été sidérée d’entendre ma voix clonée par IA sans qu’aucun contact n’ait été pris avec moi », confie-t-elle. Pour ses admirateurs comme pour elle, l’affaire s’apparente à « une trahison et un déni total de respect ».

Un bras de fer juridique aux allures de précédent

Françoise Cadol a immédiatement choisi la voie judiciaire. Les faits ont été constatés par huissier et, représentée par le cabinet Hiro Avocats, elle a adressé une mise en demeure à l’éditeur américain Aspyr Media. Selon son conseil, Me Jonathan Elkaim, il s’agit d’une affaire « inédite » car elle touche à une « exploitation commerciale assumée » d’un clonage vocal. Le droit français et européen reconnaît déjà la voix comme un attribut de la personnalité : protégée par l’article 9 du Code civil et par l’article 226-1 du Code pénal, considérée par le RGPD comme une donnée biométrique sensible, elle bénéficie également des droits de propriété intellectuelle liés aux interprétations artistiques.

Mais au-delà du simple retrait des contenus incriminés, l’actrice souhaite créer un précédent et empêcher que d’autres comédiens subissent le même sort, insiste-t-elle. Son combat vise autant à obtenir réparation qu’à envoyer un signal d’alarme à une industrie tentée par des pratiques opaques. L’affaire rappelle celle de l’actrice brésilienne Lene Bastos, dont la voix avait également été remplacée par une IA dans une version du jeu. Aspyr avait alors mis en cause un partenaire de développement externe et promis de corriger la situation dans un patch ultérieur.