Beau à en pleurer, maniable, terriblement fun, bourré de contenus… il a transformé la route en terrain de jeu. Passant devant Gears of Wars, Fable et même Halo dans un vacarme étourdissant, le soft de Playground Games s’est imposé comme la plus grande réussite des studios Xbox. Souvent imité, jamais égalé, Forza Horizon dépasse les bornes (dans le bon sens du terme) et nous encourage à en faire de même.
Plus vite que la musique
Toujours classé dans les jeux les plus joués sur Xbox malgré son âge (4 ans), vendu à plus de 3 millions d’exemplaires sur PS5 en quelques semaines, comptant un socle solide de joueurs sur Steam quand bien même il serait disponible dans le Game Pass, Forza Horizon 5 roule sur tout. À ce stade, nous devrions plus le comparer à un rouleau compresseur qu’à une Ferrari 812 Superfast tant il ne laisse que des miettes – ou plutôt des morceaux de bitume – à The Crew Motorfest et Test Drive Unlimited Solar Crown. La concurrence est dans le talus, oui, et il n’y a aucun hasard à cela : Forza Horizon est équipé pour emporter la victoire peu importe les situations.
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La série, sortie du garage de Playground Games en 2012, était à ses débuts considérée comme un simple spin-off arcade de Forza Motorsport. Une sorte de parenthèse un peu loufoque destinée à tous les profils de pilotes, qu'ils soient néophytes ou confirmés, fans des Forza ou non. Les bases étaient bien là : un grand univers dans lequel rouler où le hors-piste est encouragé, une ambiance festive et une jouabilité permissive sans être dénuée de subtilités. Contre toute attente, la tentative est un succès. C’est surtout avec sa suite, Forza Horizon 2, que la franchise gagne ses lettres de noblesse. Grâce au gain de puissance de la Xbox One, le jeu affiche des graphismes splendides et se dote d’une météo dynamique très travaillée. Mieux, le soft nous emmène dans le sud de la France ainsi que le nord de l’Italie pour offrir des terrains autrement plus variés que ceux vus dans le Colorado. Aujourd’hui, la marque Forza Horizon est devenue plus puissante que Forza Motorsport. Qui aurait pu le deviner, il y a 13 ans ?

La course n’est qu’un prétexte
Au fil des sorties, chaque épisode de Forza Horizon améliore ce qui a été fait précédemment tout en apportant des nouveautés, parfois majeures. Forza Horizon 3 agrandit encore sa carte, propose un drone et ajoute une campagne jouable en coop à quatre. Forza Horizon 4 frappe un grand coup en instaurant un système de saison, un monde partagé avec les autres joueurs et de quoi créer ses propres courses. Forza Horizon 5 améliore encore la formule en ajoutant un contenu plus scénarisé très plaisant, les expéditions, et en allant toujours plus loin dans le fun 100 % arcade. Rien que dans l’intro, le véhicule du joueur est lâché d’un avion et atterrit sur un volcan qui menace d’entrer en éruption ! Les séquences d’intro des FH sont toujours de grands moments, j’ai ma petite préférence pour celle du 2 et du 4.

Ce côté un peu “foufou” de la licence agace les puristes depuis le début. Il est vrai que les animateurs radio ont tendance à en faire des caisses et qu’il n’y a aucune conséquence au fait de faire n’importe quoi sur les pistes… mais c’est justement le design du jeu. Forza Horizon s’adapte toujours au joueur et non l’inverse. De multiples options sont disponibles afin que le soft colle à toutes les envies. La difficulté générale des drivatars est modifiable alors que différentes aides peuvent être activées ou désactivées (ABS, contrôle de traction, contrôle de stabilité, etc.). À vrai dire, il n’est nul besoin de finir premier pour progresser. On gagne de l’XP en conduisant et cela suffit à débloquer des épreuves.

Le simple fait de rouler rapporte des points et fait monter une jauge de récompenses affichée en plein milieu de l’écran. C’est donc clair : vous ne pouvez pas rater cette machine à sous qui se lance au moindre dérapage et qui vous récompense juste de rouler librement. Alors, à quoi sert un jeu de course si l’on gagne même quand on arrive en queue de peloton ? C’est justement ce qu’il faut comprendre : Forza Horizon 5 n’est pas qu’un jeu de course. C’est un jeu en monde ouvert où le joueur découvre, explore, tente et s’amuse à faire la course.

Penser en dehors de la boîte (à gants)
De la présentation de ses règles au premier rassemblement, le titre de Playground enchaîne les défis en évitant l’effet sapin de Noël sur la carte (tout du moins lors de la première heure de jeu). Playground Games a acquis un joli savoir-faire dans ce qui touche à la balade libre motorisée, et dans ce que l’on appelle le free roam, cette expression de l’open world. Grâce à ses règles simples et son challenge à la carte, le titre n’est pas lié aux contraintes des autres productions en monde ouvert. Les bolides servent à rouler, certes, mais aussi et surtout à détruire les barrières, les murs, le mobilier urbain et les arbres pour mieux s’affranchir des limites. Bien sûr, ce n’est pas très réaliste, mais vous l’aurez compris, on se fiche du réalisme au festival Horizon. On préfère miser sur l’excitation et sur le fait de pouvoir se rendre d’un bout à l’autre de la map par pur plaisir.

Le soft de Playground incite perpétuellement à sortir des sentiers battus. Chaque désert peut cacher un bonus et chaque forêt peut masquer un hangar abritant un bolide légendaire. Avec son ambiance sonore travaillée, le flow qui se dégage devient vite entêtant. Je retourne régulièrement sur les terres mexicaines de FH5 sans savoir ce que vais y faire, et le jeu le conçoit sans aucun problème. Il me propose des missions Forzathon pour débloquer du contenu et il sait continuellement me proposer des axes d’amélioration (de temps, de score) sans m’imposer quoi que ce soit.

Si je veux foncer cheveux au vent au milieu de paysages magnifiques, il sait m’indiquer que je peux battre ce record sur tel radar que je viens d’enclencher. Il est très simple d’activer des rivaux ou juste de participer à des rassemblements contre des avions de chasse. Je fais ce que je veux. Une classe de véhicules ne me convient pas ? Je peux la changer en un clic. Mieux, si j’ai soudainement une brillante idée, je peux créer ma propre épreuve grâce à l'Event Lab. Que ce soit dans l’esprit, dans les options, dans les possibilités d’édition ou de création, il n’y a pas plus ouvert que Forza Horizon.

Que va bien pouvoir faire Forza Horizon 6 ?
Avec les multiples épreuves multijoueur, les mises à jour régulières qui apportent du contenu gratuit, les livrées des joueurs, les créations grâce à l’Event Lab… Forza Horizon 5 me réserve toujours de jolies surprises quand je retourne dans son monde partagé. Si je me fie aux statistiques de mon compte, j’ai passé plus de 430 heures en compagnie de la série. La question est maintenant de savoir comment une saga comme celle-ci peut continuer d’évoluer.

Est-ce que Playground va se contenter d’affiner sa proposition, d’améliorer encore les fonctionnalités en misant tout sur le changement de destination ? Est-ce que le studio britannique peut se permettre de revoir sa philosophie et de révolutionner son concept ? Ce qui est certain, c’est que Playground devrait faire face à une nouvelle menace, celle de Maverick Games. Ce studio, fondé par des anciens de Playground, dont Mike Brown, le directeur créatif de FH 5, travaille sur son propre jeu de course. Alors, Forza Horizon 6 aura-t-il le châssis suffisamment solide pour résister une fois de plus à ceux qui rêvent de prendre sa place ? Ce n’est pas une course, mais un championnat.