Lancée par plusieurs associations de consommateurs, la pétition contre les pratiques jugées abusives des géants du jeu vidéo a déjà récolté des milliers de signatures. L’initiative s’apprête désormais à franchir une nouvelle étape, avec une audience prévue devant la Commission européenne dans les prochaines semaines.
Lancée à l’été 2024, la campagne Stop Killing Games continue de tracer sa route à Bruxelles. Ce projet vise à contraindre les éditeurs à laisser leurs titres en état de fonctionnement, même lorsqu’ils ferment leurs serveurs en ligne. Derrière ce mouvement, le vidéaste Ross Scott, connu sous le pseudonyme Accursed Farms, qui dénonce depuis des années la disparition progressive de certains jeux devenus injouables. L’exemple le plus frappant reste The Crew, retiré des mains des joueurs en mars 2024, dix ans après sa sortie.
Vers une étape politique majeure
Après une progression spectaculaire au début de l’été, l’initiative a dépassé le seuil requis d’un million de signatures, franchissant la barre de 1,4 million de soutiens. Restait alors à savoir si ce chiffre résisterait à l’examen des autorités européennes. Ross Scott exprimait ses réserves en juillet dernier, redoutant qu’une partie significative des signatures n’ait pas de valeur juridique.
Ross Scott

Les données récemment publiées viennent cependant le rassurer. Dans une déclaration relayée sur les réseaux, il a reconnu que ses inquiétudes étaient infondées et que le travail des autorités nationales plaçait désormais le mouvement en position de force : environ 97 % des signatures analysées seraient valides. La vérification, menée pays par pays, doit se poursuivre encore pendant environ trois mois avant d’être close définitivement. Ce taux de conformité renforce considérablement la crédibilité de la démarche et rapproche l’initiative de son objectif majeur : une audition officielle devant la Commission européenne.
It looks like my worrying in July was for nothing. Not all the signatures have been counted yet for the ECI, but for the ones that have, the validity rate is about 97%. I think this means a hearing before the EU Commission is all but guaranteed.https://t.co/NSfobJcJAs
— Accursed Farms (@accursedfarms) September 14, 2025
Entre enthousiasme et résistances
Ce combat n’a pas laissé la communauté indifférente. Des centaines de milliers de joueurs européens se sont mobilisés, mais aussi des créateurs indépendants et même des responsables politiques. Markus Persson, créateur de Minecraft (Notch), ou encore le studio Owlcat Games ont apporté leur soutien, tout comme l’eurodéputé Nicolae Ștefănuță. Tous mettent en avant la nécessité de protéger le patrimoine vidéoludique et de garantir un accès pérenne aux jeux achetés par le public.

Mais l’initiative suscite aussi de fortes réserves du côté de l’industrie. Le groupement Video Games Europe, qui fédère des entreprises comme Electronic Arts, Nintendo ou Microsoft, estime que l’obligation réclamée n’est pas réaliste et mettrait en péril la rentabilité de certains projets. Ubisoft, directement concerné, a rappelé que « rien n’est éternel » et qu’il n’était pas possible de maintenir indéfiniment le support de tous ses titres.
Si la vérification en cours confirme bien la quasi-totalité des signatures, les organisateurs pourront remettre leur pétition à la Commission européenne dans les prochains mois. Cette étape déclenchera une audition publique au Parlement, suivie d’une réponse formelle de la comission. La commission n’a pas l’obligation de transformer l’initiative en loi, mais elle devra formuler une position claire.