Robert Redford : De la désillusion d'Hollywood à l'univers Marvel, une carrière marquée par l'art et le commerce

Titre original : “Rien à voir avec l’art” Robert Redford avait totalement perdu foi en Hollywood, mais ça ne l’a pas empêché de jouer dans ces films Marvel

Robert Redford, légende du septième art célébrée pour ses rôles emblématiques et ses réussites en tant que réalisateur, a connu une profonde désillusion face à la nature commerciale de l’industrie cinématographique il y a plusieurs décennies. Pourtant, il a marqué sa présence dans des productions à grand succès de l’ère moderne, à l’image des films Marvel.

Hollywood a récemment dit adieu à l'une de ses figures les plus emblématiques, Robert Redford, décédé le 16 septembre 2025 à l'âge de 89 ans. Acteur dans des films cultes tels que Butch Cassidy et le Kid et réalisateur oscarisé pour Des gens comme les autres, il a pourtant exprimé une profonde perte de foi en l'industrie cinématographique bien avant de s'illustrer dans des productions contemporaines à succès. Sa carrière, jalonnée de chefs-d'œuvre, révèle une complexité dans ses relations avec le système hollywoodien, marquée par une déception ancienne et tenace.

L'amère leçon d'un artiste à Hollywood

La désillusion de Redford remonte à plus de cinquante ans, lorsqu'il a été confronté au traitement de La Descente infernale, un drame qui lui tenait particulièrement à cœur. Réalisé par Michael Ritchie et basé sur un roman d'Oakley Hall, ce film représentait pour l'acteur son premier film indépendant, un petit drame axé sur les personnages, sur une victoire à la Pyrrhus. Pour concrétiser ce projet, Redford avait consenti d'importants sacrifices, renonçant à ses honoraires d'acteur ou de producteur, et qualifiant l'expérience de "véritable cinéma de guérilla". L'importance de porter cette idée à l'écran primait alors sur toute considération financière, l'amenant à croire que le film, une fois achevé, serait distribué. Cependant, la réalité s'avéra tout autre.

La Descente infernale sortit bien en salles mais ne fut projeté que sur un nombre limité d'écrans, forçant Redford et Ritchie à prendre en charge sa promotion. L'acteur expliqua que le "système de distribution de films de l'époque était un système fermé, les studios et les chaînes de cinémas ayant des relations étroites qui remontaient à 40 ou 50 ans". Il fut profondément affecté par cette expérience :

Le studio a simplement mis La Descente infernale de côté sans y réfléchir. Cela m'a brisé le cœur. Bien sûr, Hollywood n'a rien à voir avec l'art, je le savais déjà. Mais je n'avais pas réalisé que la seule question à laquelle il faut répondre si l'on veut vraiment qu'un film soit produit et distribué, est la suivante : comment votre projet va-t-il rapporter de l'argent ?

Le film n'engrangera finalement que 1,9 million de dollars au box-office international, à peine plus que son budget. Malgré ce revers commercial, La Descente infernale fut majoritairement salué par la critique, l'influent Roger Ebert le qualifiant même de "meilleur film jamais réalisé sur le sport, sans qu'il ne s'agisse vraiment de sport".

Le retour inattendu sur le grand écran des blockbusters

Malgré son scepticisme profondément ancré vis-à-vis de l'industrie, Robert Redford a surpris en apparaissant dans l'univers cinématographique Marvel. Son entrée dans le MCU s'est faite en 2014 avec Captain America : Le Soldat de l'Hiver, le deuxième opus de la saga Captain America. Cette participation a permis à son visage d'être reconnu par des générations plus jeunes, qui ne connaissaient peut-être pas l'étendue de sa filmographie antérieure.

“Rien à voir avec l’art” Robert Redford avait totalement perdu foi en Hollywood, mais ça ne l’a pas empêché de jouer dans ces films Marvel

Cinq ans plus tard, il a même été convaincu de faire une brève apparition dans le succès colossal de Marvel, Avengers : Endgame, bien qu'il ait officiellement annoncé sa retraite d'acteur l'année précédente. Ces rôles, bien que pouvant paraître en contradiction avec ses déclarations passées sur la primauté de l'art, ont cimenté son statut d'icône pour un public élargi et soulignent la complexité de sa relation avec le monde du cinéma, un équilibre constant entre ses idéaux artistiques et les réalités commerciales d'Hollywood.