Chef-d’œuvre de son genre sorti en 1997, Final Fantasy Tactics revient en 2025 sur PC et consoles. C’est sous la forme remasterisée The Ivalice Chronicle que l’un des rois du RPG Tactique au tour par tour revient et il n’a rien perdu de sa superbe.
Sommaire
- Une narration qui questionne le joueur
- Une qualité de doublage et de traduction supérieure aux attentes
- Une gameplay toujours riche
- Graphismes, techniques et scories
À chaque genre sa porte d'entrée et son jeu d'initié. En ce qui concerne le RPG Tactique au tour par tour, c'est bien la licence des Fire Emblem de Intelligent Systems et Nintendo qui popularise le genre par son accessibilité. Une série de jeux vidéo grand public, encore aujourd'hui, qui tire son épingle du jeu grâce à son gameplay mais surtout grâce à la variété de personnages attachants, son côté Tranche de vie et un scénario correct qui ne fait pas trembler les murs.
De l'autre côté, pour ceux cherchant plus de profondeur, plus de réalisme dans leur expérience, se sont succédés les Tactics Ogre et Final Fantasy Tactics dans les années 90. Même ces dernières années, c'est du côté de Square Enix qu'il faut se tourner avec la sortie en 2022 de Tactics Ogre : Reborn, la rédaptation d'un titre déjà sorti, et Triangle Strategy. Le 30 septembre prochain, c'est Final Fantasy Tactics : The Ivalice Chronicles qui sert de remaster du jeu original sorti en 1997. Un chef d'œuvre du genre alors, qui n'a rien perdu de sa superbe aujourd'hui.
Une narration qui questionne le joueur
Si Final Fantasy Tactics a tant marqué les esprits à l'époque, c'est pour la qualité de son écriture. Le jeu déploie une intrigue profonde, mature et lancinante qui se construit à travers ses quatre chapitres. Avec des dizaines (et des dizaines !) de personnages, elle explore en profondeur des thèmes variés, allant du droit naturel aux privilèges de classe, en passant par le rôle social de la religion sur un cadre politique au premier plan. Le hasard fait bien les choses et si l'on croit beaucoup à la coïncidence, on constate avec amusement que le jeu est sorti à peine 1 an après le premier livre Game of Thrones...
Bref, des thèmes qui, s'il étaient déjà pertinents à l'époque, le sont aujourd'hui et ont l'intérêt d'être encore philosophique. On est constamment questionné sur notre rapport aux différents sujets abordés. C'est aussi le traitement des deux héros qui est magistral et a été rarement égalé dans un jeu du genre.
Dans le royaume d’Ivalice, la paix est un fragile équilibre menacé par la guerre civile et les intrigues de la noblesse. Ramza Beoulve, jeune noble idéaliste, se retrouve entraîné malgré lui dans un conflit où loyautés, trahisons et ambitions personnelles s’entremêlent. Alors qu'il découvre un complot qui le dépasse, Ramza doit choisir son chemin : suivre les règles d’un monde corrompu ou forger sa propre justice. Un choix qu'a fait Delita, son meilleur ami, qui expérimente un événement traumatique dès les premirs instants du jeu. Un événement qui symbolise l’injustice de la société aristocratique. Déterminé à briser ce système, il choisit un chemin d’ambition et de manipulation, se glissant dans les coulisses du pouvoir pour gravir les échelons et façonner le destin du royaume selon sa propre vision.

Une qualité de doublage et de traduction supérieure aux attentes
Un jeu d'alliances tactiques, de trahison et de manœuvres politiques qui fait tout l'essence de la narration dont on peut en prendre la pleine mesure désormais : longtemps laissé orphelin d'une traduction en français, cette version remasterisée affiche une traduction française proche de la perfection. On ne perd pas une miette de la guerre d'idéaux qui se joue devant nos yeux bien que celle-ci soit difficile à suivre : il faut dire que Final Fantasy Tactics dispose d'un casting de personnages riches, d'une multitude de factions et de familles et qu'il est parfois plus aisé de se perdre que de s'accrocher à identifier chacun des individus importants ainsi que leurs origines.
C'est dans ce sens que la traduction est d'autant plus remarquable : tout le codex du jeu a été localisé en français et il est plus que simple de s'immerger dans l'encyclopédie du jeu : il faut juste prendre le temps de le faire. Quelque chose de plaisant et d'indispensable pour vivre plus fort encore une histoire pleine de rebondissements.
Tout est dispo si vous avez un trou de mémoire.

Outre cette traduction en français plus que bienvenue, c'est l'apparition de doublage anglais / japonais inédit qui donne encore plus d'épaisseur et de caractère à la narration de de Final Fantasy Tactics : The Ivalice Chronicles. Difficile de se passer des voix japonaises après les avoir écoutées une première fois : le casting de doubleurs signe une performance d'une excellente qualité synonymes d'un investissement de la production sur ce point-là. Tout pour l'histoire, on vous l'a dit.
Une gameplay toujours riche
Enfin, tout pour l'histoire. Il est clair que ce scénario fait de retournements de situations constitue le premier charme de ce Final Fantasy Tactics. Mais ce serait oublier son système de combat au tour par tour, sur des terrains quadrillés où chaque personnage est un pion aux capacités différentes. Une espèce de jeu d'échec évolué où il faut prendre en compte l'altitude de chaque case, la probabilité que chaque capacité réussisse selon une multiplicité de facteurs (la Bravoure ou la Foi de l'unité, qu'elle soit alliée ou ennemie), etc.
Le jeu est assez difficile, même en normal !

Une richesse tactique qui n'est pas à la portée du premier venu, même en mode standard. Il n'est pas rare de s'y reprendre plusieurs fois sur un même chapitre. L'opportunité de varier nos approches, changer la classe de untel ou untel personage et ce genre de chose. Une profondeur qui nécessite le temps de s'intéresser aux différentes possibilités, avec un temps parfois délirant à passer dans les menus : sur les 35 heures que j'ai passées pour terminer la campagne principale, j'aurai tendance à penser avoir passé au moins la moitié à éplucher les différentes possibilités. De fait, il est possible d'avoir un maximum de 5 personnages à chaque bataille, chacun pouvant s'équiper d'une classe (ayant une multitude de pouvoir) en plus des capacités d'une autres. Sorti en 1997, Final Fantasy Tactics est dans la lignée de ses prédécesseurs (les 7 premiers de la saga principale) et en comprend une multitude.
L'arbre de classes

Il faut donc passer du temps dans les menus, multiplier les allers-retours avec les échoppes qui mettent à jour bataille après bataille leur inventaire d'équipements : les objets vendus ne sont modifient pas drastiquement la manière de jouer mais ont le besoin d'être sans cesse renouvelés pour être au niveau des ennemis qui nous attend. On aurait aimé aussi plus d'options de filtres pour rechercher avec plus de précisions l'arme souhaitée, mais rien de dramatique dans l'absolu non plus.

Un travail préparatoire qui en vaut la peine pour chaque moment où l'on s'exclame sur telle ou telle synergies entre des compétences. Un principe d'autant plus addictif que les classes se débloquent au fur et à mesure des points de classe récupérés. Attention aux amateurs de 100% : avoir la dernière classe relève du travail à la chaîne puisqu'il faut maximiser l'utilisation de compétences et parfois attaquer ses propres alliés. Une boucle qui n'a rien d'excitant, surtout que cette dernière classe n'en vaudra pas la chandelle pour tout le monde. Mais cela fait partie du jeu de l'optimisation de son équipe et on y plonge la tête la première sans s'en rendre compte.

Graphismes, techniques et scories
À l'instar du confrère qui a rédigé le test du jeu en 2007, un autre défaut persiste : celui de la caméra. Chaque bataille se place dans des terrains différents, que ce soit des déserts ou des forêts. Lors d'un tour ennemi ou allié, en plein durant l'action, la caméra a la fâcheuse tendance à se placer au mauvais endroit en mettant au premier plan un arbre ou un bâtiment. De quoi complètement obstruer la vue du joueur et de l'empêcher de profiter du déroulé de l'action. Si l'on peut changer son orientation selon quatre axes et même disposer d'une vue aérienne, la vue d'ensemble dont on dispose est rarement parfaite. C'est d'autant plus dommage dans une expérience aussi précise que Final Fantasy Tactics en termes de tactique puisque cela vient casser, par intermittence, le rythme du jeu.
La caméra qui tourne toute seule pour montrer l'action sous cet angle, bon...

Au-delà de ça, ce remaster ne souffre d'aucun problème technique. Par ailleurs, les graphismes remasterisés ne sont pas les plus fins en termes de qualité de productions (en comparaison à des jeux plus modernes) mais rendent hommage à la direction artistique imaginée par Hiroshi Minagawa et Akihiko Yoshida à l'époque. Largement suffisant pour apprécier et s'immerger dans la campagne, on l'a dit, charme numéro 1 de ce remaster.

En vrac mais vraiment sans entâcher la qualité globale du jeu, on peut noter quelques scories. L'avance rapide aurait gagné à être plus soignée, celle-ci passant parfois des boîtes de dialogue qu'il est impossible de consulter après. Impossible aussi de passer certaines séquences scriptées qui se répètent à chaque fois que l'on essaie à la mission concernée. Enfin, dans un autre registre, on aurait aimé plus de fenêtres tutorielles imposées concernant certains aspects des combats. Grosso modo d'être plus pris par la main sur notamment les affinités entre signes astrologiques, l'importance des statistiques de Foi et Bravoure ou comment maximiser ses chances de réussir sorts sur ses alliés. Mais, encore une fois, tout est indiqué de façon claire et précise.
Un petit clin d'œil sympathique.

Conclusion
Points forts
- Un doublage fort et investi
- Une traduction française parfaite
- Une finesse d'écriture qui fait encore mouche
- Un univers fascinant et immersif
- Une grande profondeur de gameplay
Points faibles
- L'absence du contenu supplémentaire de la version The War of the Lions
- On aurait aimé plus d'options de confort
- 28 ans après, une caméra toujours hasardeuse
Note de la rédaction
Final Fantasy Tactics : The Ivalice Chronicles est un jeu vidéo exceptionnel mais n'est pas un jeu vidéo pour tout le monde. Il appartient à la niche du RPG Tactique au tour par tour et se veut bien plus exigeant que ne veut l'être un Fire Emblem par exemple. Reste que presque 30 ans après, il reste un incontournable pour qualité d'écriture qu'il offre d'autant qu'il jouit, enfin , d'une traduction française impeccable et d'un casting de doublage de haute qualité. En outre, les joueurs prêts à investir leur temps découvriront, morceau par morceau, un excellent système de combat qui dévoile sa richesse à chaque instant de l'aventure. Avec Final Fantasy Tactics : The Ivalice Chronicles, on a juste envie que Square Enix remette à flot cette série de jeux exceptionnels.