Son visage a hanté des millions de spectateurs sans que la plupart ne connaissent son nom. Derrière l’une des images les plus glaçantes du cinéma d’horreur se cache une actrice restée longtemps dans l’ombre, bien que son rôle ait marqué l’histoire du genre.
Quelques secondes suffisent parfois à faire basculer une œuvre dans la légende. Dans le cas de ce film culte des années 1970, ce sont précisément ces furtives apparitions qui ont laissé une empreinte indélébile. Pourtant, celle qui a prêté ses traits à l’incarnation du mal n’a jamais vu son nom figurer au générique.
Le visage terrifiant derrière "L’Exorciste"
Sorti en 1973, L’Exorciste de William Friedkin a bouleversé le cinéma d’épouvante par sa radicalité et son atmosphère suffocante. Au cœur de ce récit, la jeune Regan, incarnée par Linda Blair, subit la possession d’un démon. Mais certaines des visions les plus marquantes, notamment celles où surgit fugacement une figure blafarde et démoniaque surnommée « Pazuzu », n’étaient pas portées par la jeune actrice principale. Ces séquences, insérées presque subrepticement à l’écran, reposaient en réalité sur la performance d’une autre comédienne.
C’est le visage grimé d’Eileen Dietz qui apparaît dans ces instants de cauchemar. Son regard fixe, accentué par un maquillage cadavérique, a suffi à hanter l’imaginaire collectif. Pourtant, ni le public de l’époque ni même de nombreux passionnés ne connaissaient son identité, l’actrice n’ayant pas été mentionnée officiellement au générique.

Eileen Dietz, une carrière discrète mais marquée par un rôle culte
Née en 1945 à New York, Eileen Dietz a entamé sa carrière dans des productions télévisées et théâtrales avant d’être sollicitée pour le tournage de L’Exorciste. Elle fut appelée à doubler Linda Blair dans certaines scènes jugées trop sensibles et à incarner l’apparition démoniaque qui fit la renommée du film. La décision de ne pas la créditer résulte d’un choix de production : l’équipe souhaitait préserver l’illusion que Linda Blair, seule, portait l’intégralité de l’interprétation.
Par la suite, Dietz a continué à travailler régulièrement, multipliant les rôles secondaires dans des séries et films, souvent dans l’univers de l’horreur où son nom est devenu familier pour les amateurs. Elle participe encore aujourd’hui à des conventions dédiées au genre, où les spectateurs redécouvrent l’importance de sa contribution à ce classique.
Si son nom reste moins connu que celui de ses partenaires de plateau, son visage, lui, demeure associé à une image d’épouvante universellement reconnue. Un paradoxe qui illustre la manière dont certains acteurs marquent profondément la culture populaire sans jamais recevoir pleinement la reconnaissance qu’ils méritent.