Le Guépard : Un chef-d'œuvre intemporel de Luchino Visconti et la performance marquante d'Alain Delon

Titre original : Sorti il y a plus de 60 ans, ce film est toujours une référence aujourd'hui. Cet acteur français est à son sommet

Soixante et un ans après sa première présentation, cette œuvre monumentale italo-française, récompensée par la plus haute distinction cannoise, continue de fasciner les cinéphiles et d’influencer les plus grands réalisateurs contemporains. Cette fresque historique opulente, dépeignant la Sicile du Risorgimento, doit une partie de son éclat immortel à la performance éblouissante de ses deux icônes du cinéma français !

Considéré universellement comme un chef-d’œuvre et l'un des jalons majeurs de l'histoire du septième art, Le Guépard fut réalisé par l'illustre Luchino Visconti et présenté au public en 1963. Adaptation du célèbre roman posthume de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, l'œuvre a d'ailleurs été sélectionnée par le ministère italien du Patrimoine culturel pour figurer sur la liste des 100 films italiens jugés indispensables à la mémoire collective du pays.

Le réalisateur milanais, bien que d'abord hésitant quant au choix de l'acteur principal Burt Lancaster pour incarner le prince Salina, n'eut en revanche aucune incertitude concernant le rôle du neveu, Tancrède Falconeri. Pour ce personnage jeune et plein de duplicité, Visconti pensa immédiatement à Alain Delon, dont la présence magnétique est centrale dans la dynamique du récit, aux côtés de Claudia Cardinale.

La fresque somptueuse d'une noblesse déclinante

Le long-métrage plonge le spectateur au cœur de la Sicile de mai 1860, au moment où le débarquement de Garibaldi annonce l'effondrement imminent de l'ancienne aristocratie. Don Fabrizio Salina, le « guépard », observe avec une profonde mélancolie le déclin de sa classe sociale, constatant que la nouvelle donne politique profite désormais aux administrateurs et aux bourgeois montants. Tancrède, le neveu du prince, incarne parfaitement cette transition cynique en expliquant à son oncle que : « Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout ». Cette phrase illustre la « révolution manquée » du Risorgimento, où une alliance s'opère entre la vieille noblesse et la nouvelle bourgeoisie affairiste, symbolisée par le mariage de Tancrède avec Angelica Sedara, la fille du riche et peu instruit maire du village.

Sorti il y a plus de 60 ans, ce film est toujours une référence aujourd'hui. Cet acteur français est à son sommet

Alain Delon a souligné l'investissement personnel du réalisateur dans cette évocation de la décadence, affirmant que le rôle du prince Salina était l'autobiographie du metteur en scène : « Le Prince, c'était lui. Le film est son autobiographie. Chaque geste que fait Lancaster, c'est lui, Visconti ». Le film s'achève sur la séquence magistrale et exténuante du bal, longue de plus de quarante-quatre minutes, où la splendeur des décors filmés au palais Valguarnera-Gangi souligne la mort imminente de cet ordre social.

Un héritage cinématographique couronné et influent

Dès sa sortie, l'œuvre a reçu des éloges considérables, se voyant décerner la prestigieuse Palme d'or au Festival de Cannes 1963. Alain Delon fut également distingué en étant nommé pour le Golden Globe de la révélation masculine de l’année. Bien qu'ayant souffert d'un échec commercial initial aux États-Unis en raison de copies de mauvaise qualité, il s'est imposé comme un succès majeur en Europe, cumulant près de 13 millions d'entrées en Italie et se classant 6ᵉ au box-office français de 1963, avec plus de 3,6 millions d'entrées.

Sorti il y a plus de 60 ans, ce film est toujours une référence aujourd'hui. Cet acteur français est à son sommet

Aujourd'hui, son influence se vérifie par le fait que des cinéastes majeurs comme Martin Scorsese, Francis Ford Coppola et Michael Cimino le considèrent comme l'un des plus grands films jamais réalisés. Le classicisme apparent et la recherche nostalgique d'un monde perdu, que Visconti a cherché à synthétiser à travers la vision du Prince Salina, assurent à ce monument cinématographique une pérennité incontestable dans le panthéon du cinéma mondial.