Laurence Olivier : le choix controversé d'un film de guerre pour des raisons financières à la fin de sa carrière

Titre original : "Je suis épuisé et je sens la fin proche" Il y a 43 ans, ce grand nom de Hollywood a joué dans ce film de guerre juste pour l'argent

Au crépuscule d’une carrière monumentale jalonnée par la scène et le grand écran, un acteur britannique légendaire, reconnu pour ses interprétations magistrales des œuvres de Shakespeare, accepta de tourner, contre toute attente, dans une production boudée par la critique et le public. Sa motivation, loin d’être artistique, était dictée par une simple nécessité financière, qu’il assuma avec une franchise déconcertante.

Il y a près de quarante-trois ans, Laurence Olivier, l’un des acteurs les plus influents et talentueux du XXe siècle, décédé en 1987, s'est retrouvé à l’affiche d’un film aujourd’hui largement oublié, ou du moins, dénigré. Ce rôle, perçu comme indigne de sa grandeur par beaucoup, fut accepté pour une raison purement pragmatique que le comédien lui-même ne se cacha jamais d'avouer. L'œuvre en question, le film de guerre intitulé Inchon, marque une période où l'icône hollywoodienne privilégiait la rentabilité plutôt que l'excellence artistique.

Un héritage colossal terni par la nécessité financière

Laurence Olivier s'est distingué tout au long de sa carrière par sa passion indéfectible pour le théâtre, art auquel il consacra l'essentiel de sa vie, tout en transposant sur grand écran d'importantes pièces de Shakespeare, notamment Hamlet et Henry V. Il fut d’ailleurs le réalisateur, scénariste et protagoniste de l'adaptation d'Hamlet, ce qui lui valut deux Oscars en 1948, dont celui du Meilleur acteur. En plus de ses nombreuses nominations aux Oscars tout au long des années 70, il fut également le fondateur et le directeur du National Theatre de Londres de 1963 à 1973.

"Je suis épuisé et je sens la fin proche" Il y a 43 ans, ce grand nom de Hollywood a joué dans ce film de guerre juste pour l'argent

Néanmoins, vers la fin de sa vie, Laurence Olivier accepta de plus en plus de rôles secondaires et de travaux pour la télévision. Cette phase, que certains ont jugée en deçà de son talent, culmina avec l'acceptation du rôle dans Inchon, pour lequel il reçut un salaire substantiel d'un million de dollars pour seulement six semaines de tournage. Il expliqua son choix avec lucidité, affirmant qu'il se sentait « presque épuisé » et que la « fin se rapprochait », l’obligeant à gagner de l'argent pour sa famille, car « rien n'est au-dessous de (lui) si cela paie bien ».

La superproduction maudite de 1981

Réalisé par Terence Young, le film Inchon mettait également en vedette James T. Callahan et Jacqueline Bisset. D'une durée de 2h 20min, il est centré sur une bataille décisive qui se déroula en Corée en septembre 1950. Le projet fut cependant entaché par les controverses entourant son financement. Dotée d'un budget colossal de 46 millions de dollars, la production fut entièrement financée par l'Église de l'Unification, fondée par Sun Myung Moon et largement considérée comme une secte par de multiples organisations. Le producteur, Mitsuharu Ishii, était d'ailleurs un membre éminent de la branche japonaise de cette Église.

"Je suis épuisé et je sens la fin proche" Il y a 43 ans, ce grand nom de Hollywood a joué dans ce film de guerre juste pour l'argent

La réalisation fut marquée par des interférences de la part du mouvement Moon et de nombreux retards. À sa sortie en 1981, la réception fut désastreuse : violemment critiqué, le film ne récolta que 5 millions de dollars au box-office et fut qualifié rétrospectivement de l'un des pires jamais réalisés. Malgré cette fausse note en fin de carrière, le grand comédien sera heureusement commémoré pour ses travaux monumentaux, en particulier comme l'un des plus importants représentants de l'œuvre de Shakespeare au XXe siècle.