Avec Ghost of Yotei, Sucker Punch s’apprête à signer son projet le plus ambitieux. Boosté par un budget record grâce à son intégration aux PlayStation Studios, le jeu promet de surpasser toutes les précédentes créations du studio.

Des débuts modestes mais ambitieux

Fondé en 1997, Sucker Punch a toujours cultivé une approche singulière du jeu vidéo. Le studio se fait connaître avec Sly Cooper sur PlayStation 2, un jeu de plates-formes coloré sorti en 2002. À l’époque, l’équipe travaillait avec un budget relativement limité, misant surtout sur la créativité et un style cartoon marquant. Le succès critique pousse le studio à développer deux suites, mais les moyens restent modestes, à des années-lumière des grandes productions de Naughty Dog ou Insomniac. Avec la génération PlayStation 3, Sucker Punch change d’échelle grâce à inFamous (2009). Ce jeu d’action-aventure en monde ouvert, où le joueur incarne un super-héros électrique, bénéficie d’un budget supérieur aux projets précédents mais demeure relativement restreint pour un open world. L’accueil est solide, assez pour donner naissance à deux suites, et confirmer que le studio maîtrise la narration interactive et la liberté d’action.

Il faudra attendre Ghost of Tsushima en 2020 pour voir Sucker Punch franchir un nouveau cap. Avec un budget estimé autour de 50 à 60 millions de dollars, ce titre devient leur plus grande réussite critique et commerciale, séduisant par son sens du détail historique, sa direction artistique et son système de combat affûté. Malgré ces moyens en hausse, le jeu restait encore en dessous des superproductions maison de Sony, comme The Last of Us Part II ou Horizon Forbidden West, dotées de budgets dépassant parfois les 100 millions.

Le poids du rachat et la montée en puissance

Le tournant s’opère après l’acquisition définitive de Sucker Punch par Sony Interactive Entertainment, qui fait entrer le studio dans le cercle restreint des "Studios PlayStation". Cette intégration garantit un accès à des ressources colossales, aussi bien financières que technologiques. Les équipes bénéficient désormais des outils internes de Sony, de technologies maison comme le moteur Decima, ainsi que d’un soutien marketing global.

Ghost of Yotei, annoncé comme le plus ambitieux projet du studio, profite directement de ce nouveau statut. Pour la première fois, Sucker Punch dispose d’un budget comparable à ceux des plus grandes franchises PlayStation. Si les chiffres précis ne sont pas publics, plusieurs sources proches du développement évoquent un investissement dépassant largement les 100 millions de dollars. On parle ici d’un montant deux fois supérieur à celui de Ghost of Tsushima, ce qui change radicalement les conditions de production : effectifs élargis, motion capture perfectionnée, casting international, et un soin particulier porté aux environnements et à l’intelligence artificielle. Ce financement massif ne se limite pas à la technique. Il permet aussi à l’équipe d’affiner son écriture, de confier la composition musicale à des artistes reconnus, et de renforcer les doublages multilingues pour séduire un public mondial.

Ghost of Yotei et la consolidation de l’héritage

Si l’on considère la trajectoire de Sucker Punch, Ghost of Yotei apparaît comme le projet où tous les curseurs sont poussés au maximum. Le studio a déjà prouvé son talent narratif avec inFamous et sa maîtrise du monde ouvert avec Ghost of Tsushima. Désormais, il dispose de l’expérience et du soutien logistique pour rivaliser avec les géants du secteur.

L’objectif n’est pas seulement technique : il concerne aussi le confort de production, le temps de développement, le nombre de talents impliqués, ou encore l’ampleur de la distribution internationale. Là où Ghost of Tsushima avait dû composer avec des limites techniques et financières, Ghost of Yotei s’affranchit forcément davantage de ces contraintes. En ce sens, Ghost of Yotei n’est pas seulement une suite spirituelle au précédent succès du studio : c’est une vitrine du savoir-faire de Sucker Punch à l’ère PlayStation 5. Le studio s’inscrit dans une logique de consolidation : chaque étape, de Sly Cooper à inFamous, puis Ghost of Tsushima, a marqué une montée en puissance. Le studio a grandi, ses projets ont gagné en ambition, et ses budgets ont suivi cette évolution. Désormais pleinement intégré à Sony, il signe son œuvre la plus importante à ce jour, symbole d’un chemin parcouru en plus de 20 ans d’existence.