Avant même la sortie de GTA 6, une université propose un programme inattendu : étudier l’histoire américaine moderne… à travers Grand Theft Auto.
Alors que l’attente autour de Grand Theft Auto VI continue de grimper, l’université du Tennessee innove avec un programme pour le moins original : un cours d’histoire moderne américaine utilisant la franchise Grand Theft Auto comme outil pédagogique. Intitulé « Grand Theft America: U.S. History Since 1980 through the GTA Video Games », le cours ne vise pas à apprendre à jouer, mais à exploiter l’univers du jeu comme cadre structurant pour l’étude des États-Unis depuis 1980.
GTA, miroir des États-Unis
Le professeur à l’origine du programme, Tore Olsson, explique dans une interview avec IGN que les années 1980 à aujourd’hui forment une époque cohérente, marquée par des transformations majeures : l’augmentation des inégalités, la polarisation politique, le quadruplement de la population carcérale et l’essor de l’immigration. Dans ce contexte, la franchise GTA, malgré son caractère fictif et satirique, devient un miroir de l’Amérique contemporaine, permettant aux étudiants de réfléchir à la société réelle à travers ses personnages, ses paysages et ses intrigues.
Le professeur Olsson et les étudiants de son précédent cours sur Red Dead
Ce n’est pas la première fois que Tore Olsson s’appuie sur un jeu vidéo pour enseigner l’histoire américaine. En 2021, il avait déjà lancé un cours autour de Red Dead Redemption 1 et 2, utilisé comme support pour explorer les États-Unis de la fin du XIXe siècle. Le western vidéoludique de Rockstar lui servait alors à illustrer la conquête de l’Ouest, les tensions raciales, la violence politique et les bouleversements liés à l’industrialisation. Fort de cette expérience, il applique aujourd’hui la même méthode avec GTA, mais cette fois pour éclairer l’Amérique contemporaine.
L’approche pédagogique repose sur l’analyse critique de la satire propre aux jeux. Certaines représentations, comme les ports de conteneurs dans Grand Theft Auto V, illustrant l’externalisation industrielle, ou les stations de radio satiriques commentant la polarisation médiatique, sont utilisées pour éclairer des phénomènes historiques et sociaux précis. Des événements narratifs, tels que l’acquittement de policiers corrompus dans San Andreas en 1992, servent de tremplin pour évoquer les émeutes de Los Angeles et comprendre le contexte historique de ces révoltes.
Pas un cours de gaming
Le cours prend soin d’éviter les éléments les plus violents ou déplacés des jeux. Bien que la violence numérique soit reconnue, le message central est profondément anti-violent, centré sur l’humanité des citoyens américains et l’analyse sérieuse des enjeux historiques. Le professeur Olsson insiste sur le fait que la classe constitue un environnement académique sérieux, traitant des sujets lourds avec respect et sensibilité.
Les étudiants ne sont pas obligés de jouer à GTA, et le simple fait de lancer le jeu ne compte pas comme étude. Les évaluations ne portent jamais sur les personnages fictifs comme Trevor Philips ou Niko Bellic. En revanche, le professeur intègre directement dans ses cours des séquences vidéo et des captures d’écran pour illustrer les thèmes abordés, espérant que l’attrait pour le jeu stimule un engagement similaire pour l’histoire réelle.