Un univers culte, un réalisateur visionnaire… mais une expérience personnelle désastreuse. Oui, ça arrive, parfois !
Un blockbuster ambitieux, oui… peut-être trop ?
Au tournant des années 2000, Hollywood décide de relancer la mythique saga de La Planète des Singes, commencée en 1968 et devenue un classique de la science-fiction. Pour cette nouvelle adaptation, la 20th Century Fox fait appel à Tim Burton, alors connu par les succès que sont Edward aux mains d’argent et Sleepy Hollow. Le pari semble osé mais prometteur : associer l’univers visuel gothique et décalé de Burton à une franchise culte… pourquoi pas ? Le film raconte l’histoire de Leo Davidson (Mark Wahlberg), un astronaute propulsé dans un monde dominé par des singes intelligents, où il tente de libérer les humains réduits en esclavage.

Techniquement, le film frappe fort : Rick Baker signe un travail monumental sur les costumes et les prothèses, permettant aux acteurs de livrer des performances crédibles malgré le poids du maquillage. Les décors et les scènes d’action sont à la hauteur d’un blockbuster de l’époque. Pourtant, malgré un succès commercial plus qu'honorable, la critique se montre mitigée, pointant du doigt un scénario confus, et surtout une fin (trop) énigmatique qui laisse perplexe. On attendait la patte personnelle de Burton ; on se retrouve avec un produit calibré qui manque de son identité visuelle et narrative si singulière.

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Tim Burton, prisonnier d’un système qu’il rejette
Avec le recul, Tim Burton n’a jamais caché son malaise vis-à-vis de cette expérience. Habitué à travailler sur des projets où il pouvait injecter sa sensibilité artistique, il s’est retrouvé ici prisonnier des exigences du studio. Les délais serrés, les pressions commerciales et l’obligation de coller à une franchise historique ont bridé sa créativité. Burton lui-même a déclaré qu’il n’avait eu aucun plaisir à tourner le film, allant jusqu’à dire qu’il ne voudrait jamais en réaliser une suite.
Le film reste un objet étrange dans sa filmographie : ni totalement raté, ni véritablement burtonien, il témoigne de ce que peut donner la rencontre forcée entre un artiste qui a un univers propre et une franchise écrasante. Si le public a retenu son esthétique spectaculaire, Burton lui-même en garde un souvenir amer. À sa manière, La Planète des Singes illustre donc un paradoxe : un blockbuster qui, malgré son ambition et ses qualités techniques, n’a jamais trouvé son âme…