Hades II : Une aventure mythologique addictive, entre renouveau narratif et répétitivité structurale

Titre original : Test du jeu Hades 2 : j'ai terminé 47 jeux vidéo cette année et c'est celui-là que je n'arrive pas à lâcher !

Hades II est enfin arrivé, et le monde du jeu vidéo retient son souffle : cinq ans après le succès colossal du premier opus, le studio Supergiant Games nous propose une nouvelle plongée dans la mythologie grecque, cette fois-ci aux commandes de Melinoë : la sœur de Zagreus, héros du jeu précédent. Sorti sur PC, Switch et Switch 2 le 25 septembre, le jeu promet une expérience plus riche, plus profonde, plus ambitieuse. Arborant une construction narrative évolutive, des combats affinés, des biomes étendus, et une direction artistique sublime, Hades II a de quoi séduire même ceux qui redoutaient le syndrome de la suite. Mais ce renouveau suffit-il à transcender le charme irrévocable du premier ? Est-ce que Hades II, tout en respectant la formule, parvient à réinventer assez ses cycles de jeu pour ne pas tomber dans une répétition lassante ?

Contexte, histoire et narration : un récit mythologique réinventé mais familier

Dans Hades II, le récit prend un tournant marqué : on incarne Melinoë, sœur de Zagreus, née et élevée loin du foyer paternel, plus enveloppée dans la magie et les ténèbres. Elle est chargée d’une mission immense — arrêter Chronos, Titan du Temps, dont l’évasion menace non seulement les Enfers, mais aussi l’Olympe. Le cadre narratif est tissé autour des retours à la Croisée des Chemins (le hub) et autour des échecs. Malgré la défaite de Mélinoë, l'histoire avance, des dialogues s'ouvrent, les personnages qui évoluent et des révélations progressives se dévoilent au fil des runs. L’histoire ne se déroule pas uniquement par de longues cinématiques : c’est dans les tentatives, dans les échecs, dans les rencontres divines imprévues que la toile mythologique se déploie.

Hades 2 : j'ai terminé 47 jeux vidéo cette année et c'est celui-là que je n'arrive pas à lâcher !

Ce système narratif, hérité du premier jeu, trouve ici de nouvelles dimensions : il y a plus de personnages et donc forcément plus de dialogues débloqués à chaque Game Over. De quoi offrir un attachement sans cesse renouvelé aux figures mythologiques. Pourtant, ce que l’on gagne en profondeur, on le paie parfois en lenteur : comme pour le premier, débloquer l'histoire nécessite parfois de passer par un maximum de dialogue pas forcéement intéressants avec certains propos verrouillés derrière des runs nombreux. On ressent parfois une difficulté à débloquer les pans les plus intrigants de l’intrigue, faute de puissance suffisante ou d’armes adéquates, ce qui peut ralentir la découverte. Quelque chose qui m'avait frustré lors de mon 100% du premier épisode.

Mais c’est surtout dans la structure même du jeu que la familiarité se fait sentir. À chaque partie, vous traversez des biomes similaires, vous revisiterez des zones que vous avez déjà arpentées, même si les dialogues, les ressources ou les builds diffèrent. Ce contraste entre la fraîcheur narrative et la déjà-vue visuelle ou structurelle est à la fois source de plaisir et de légère frustration. Car si l’on ne refait jamais vraiment la même partie, les grandes lignes — les biomes, l’ordre, les types de salles — demeurent assez constants.

Gameplay et systèmes : richesse, synergies et faiblesses

Le gameplay de Hades II est une des grandes réussites du studio. Melinoë dispose d’armes variées (hache, torche, etc.), chacune avec ses propres sensations, qui se distinguent du premier et qui peuvent être transformées via des aspects. Les choix de bienfaits des dieux, les synergies entre armes, la sélection d'un familier et accessoires donne une profondeur stratégique impressionnante. Le système de build est plus complexe qu’avant, plus modulable, offrant la possibilité de bifurquer selon ce que le jeu propose pendant une run — ce qui maintient l’intérêt, car on ne joue jamais exactement de la même manière.

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De fait, l'un des grands atouts de Hades II est la variété liée aux bienfaits des Dieux (les Boons) : outre le retour de dieux familiers comme Poséidon, de nouveaux venus comme Héra, Héphaistos, etc., offrent des effets variés, parfois radicaux selon les armes ou les builds utilisés. Les synergies deviennent plus nombreuses, plus complexes. On peut bifurquer en cours de run, changer l’orientation de son build selon ce que proposent les dieux ou ce que le jeu “donne” — ce qui crée une rejouabilité très forte.

Cependant, c’est précisément là que se rencontre le principal reproche qu'on peut faire à cette suite : la répétitivité des cycles de jeu. Malgré la génération aléatoire des salles à chaque tentative, malgré les variations de dialogue, d’équipements et de choix de bienfaits, il y a un sentiment persistant que l’on refait toujours fondamentalement la même chose. Si chaque nuit/run est différente dans le détail — nouveaux dialogues, combos différents, synergies inattendues — les décors, la construction des salles et les parcours de base restent très semblables et les bienfaits donnés, souvent ceux en début de partie, sont capitaux. Et il est parfois très difficile de faire quelque chose avec certains bonus pas équilibrés.

C'est grâce aux Arcanes que l'on devient plus fort.

Hades 2 : j'ai terminé 47 jeux vidéo cette année et c'est celui-là que je n'arrive pas à lâcher !

Par exemple, on retrouve souvent les mêmes types de salles, les mêmes modèles visuels de décoration, le même ordre des biomes, ce qui finit par atténuer l’effet de surprise. On apprécie la richesse, mais au bout de plusieurs dizaines d’heures, la redondance structurelle devient perceptible et c'est clairement autour de ça que le jeu affiche sa principale faiblesse.

Cela ne retire rien aux qualités majeures du gameplay — le challenge, le fun, la progression, la satisfaction de monter en puissance — mais cela montre que Hades II reste profondément attaché à la formule originelle, avec ses forces et ses limites. Pour certains joueurs, cette répétitivité peut ne pas être gênante. Pour d’autres, elle impose un rythme de run très régulier, presque mécanique, où l’alternance échec-progression devient parfois prévisible.

Refaire la première zone de l'Olympe peut être particulièrement pénible.

Hades 2 : j'ai terminé 47 jeux vidéo cette année et c'est celui-là que je n'arrive pas à lâcher !

La croisée des chemins : un QG indispensable et bien construit

Pour appuyer ce sentiment de fraîcheur, il est indispensable de parler du hub, de la même case départ après chaque échec. La Croisée des Chemins n’est pas seulement un point de repos : c’est un lieu de progression narrative et sociale, où débloquer des interactions, des personnages, des salles, des éléments visuels, enrichit l’expérience hors des combats.

C'est le chaudron des incantations qui apporte son fumet à Hades 2. C'est une mécanique nouvelle qui n’existait pas dans Hades I. Après quelques runs, vous débloquez la possibilité d’utiliser ce chaudron à la Croisée des Chemins pour concocter des incantations (spells ou modifications persistantes), pour débloquer des outils de collecte, des zones de repos améliorées, des bonus structurels.

Là où Hades I se concentrait surtout sur les armes, les aspects, les bienfaits, les pouvoirs divins sans véritable système de fabrication persistante, Hades II introduit des recettes d’incantations, des ingrédients à récolter/rassembler, des délais (via le chaudron ou des activités sociales ou en fin de salle) pour que certaines incantations soient “cuites”. On trouve des incantations de type alchimie qui demandent du temps, des ressources accumulées via les runs ou via la collecte, pour débloquer des effets structurels : amélioration de fontaines, zones de repos, génération de puits, etc. de quoi motiver, une nouvelle fois, le fait de relancer une partie.

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Ces mécaniques apportent une sensation de progression plus tangible entre les runs : pas seulement “je suis plus fort parce que j’ai débloqué des aspects”, mais “j’ai débloqué un incantation qui va modifier la structure des futures runs ou des zones que je vais visiter”. Ça offre de la nouveauté, de la profondeur, et diversifie les stratégies.

Direction artistique, ambiance, univers visuel et sonore : un spectacle divin

Si le gameplay et la narration constituent le squelette de Hades II, c’est la direction artistique et la bande sonore qui donnent au jeu son souffle, presque divin. Visuellement, le jeu pousse plus loin les détails du premier : préciosité des expressions, animations fines, éclairages soignés, textures travaillées. Dans le hub, dans les salles de donjon, dans les scènes avec les dieux, tout est fait pour émerveiller, susciter l’émotion, créer un contraste fort entre le calme relatif de la base et la violence ou l’intensité des combats. Les couleurs, les lumières, le jeu des ombres fonctionnent à la perfection, et jouent un rôle non seulement esthétique, mais aussi atmosphérique : on ressent la menace, le poids de la tâche et la solitude de la quête.

Les animations pour les coups sont propres à chaque Dieu.

Hades 2 : j'ai terminé 47 jeux vidéo cette année et c'est celui-là que je n'arrive pas à lâcher !

La bande-originale, quant à elle, appuie cette immersion. Les thèmes pour les combats sont percutants, dramatiques, parfois oppressants ; les moments de repos ou les interactions divines offrent des respirations plus douces, plus mystérieuses. Les transitions musicales, les doublages des personnages, les effets sonores participent à faire de chaque instant un moment à vivre — que ce soit dans le tumulte d’une bataille ou dans le silence suspendu d’un dialogue avec un dieu. C’est dans ces moments que Hades II parvient à se hisser très haut — que l’on soit amateur de loot, de combats ou d’histoire, l’ambiance suffit souvent à elle seule à justifier le voyage : j'ai fini 47 jeux cette année et c'est de loin le plus addictif auquel j'ai joué !

Conclusion

Points forts

  • Direction artistique et mise en scène sublimes
  • Bande-son immersive et parfaitement adaptée aux combats et à l’exploration.
  • Des parties jamais pareilles
  • On découvre sans cesse de nouvelles choses
  • Un univers mythologique vivant et immersif.
  • Hub enrichi et vivant (bains, bar, PNJ supplémentaires), qui renforce l’immersion et le côté social.

Points faibles

  • Une structure redondante, surtout après plusieurs heures
  • Des dialogues qui peinent à se déclencher
  • Équilibre variable des bienfaits divins, pouvant rendre certaines runs plus faciles ou plus frustrantes dès le départ.

Note de la rédaction

18

Hades II réussit ce pari fou de respecter l’essence de son prédécesseur tout en y ajoutant des épaisseurs : gameplay enrichi, narration plus profonde, direction artistique renforcée, bande-son grandiose. Cela dit, le jeu ne transcende pas complètement la répétitivité — cycle après cycle, run après run, on finit par reconnaître les mêmes biomes, les mêmes constructions de salle, les mêmes motifs visuels — ce qui peut limiter l’émerveillement après de longues sessions. Si vous acceptez cette condition — que répéter fait partie du voyage — alors vous vivrez une aventure bénie des Dieux.

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