Cet acteur restera à jamais associé à son rôle bouleversant dans ce film de 2002 qui lui a valu l’Oscar du Meilleur Acteur à seulement 29 ans. Mais derrière cette performance saluée par la critique se cache un engagement extrême, tant physique que psychologique, qui a profondément marqué l’acteur — au point de laisser des séquelles durables.
Sorti en 2002 et réalisé par Roman Polanski, Le Pianiste raconte l’histoire vraie de Władysław Szpilman, pianiste juif polonais et survivant de l’Holocauste. Pour incarner cet homme brisé par la guerre, Adrien Brody s’est lancé dans l’un des rôles les plus exigeants de sa carrière — et sans doute de l’histoire du cinéma.
Déterminé à rendre justice au récit de Szpilman, Brody a tout sacrifié : il a perdu plus de 13 kilos en suivant un régime quasi privatif, atteignant un poids de 58,5 kg pour 1,85 m. Il a vendu sa voiture, quitté son appartement et coupé des liens personnels pour s’immerger totalement dans la solitude et la précarité du personnage. « J’ai ouvert spirituellement une profondeur de compréhension du vide et de la faim que je n’avais jamais connue », confiait-il plus tard.
Cette implication sans compromis a porté ses fruits : Le Pianiste a remporté la Palme d’Or à Cannes, sept Césars, et a valu à Brody l’Oscar du Meilleur Acteur en 2003 — un record toujours inégalé, puisqu’il demeure le plus jeune lauréat de cette catégorie.

Un engagement total… au prix d’un traumatisme durable
Derrière le triomphe artistique, Brody a payé un prix psychologique considérable. L’acteur a reconnu qu’il lui était « trop douloureux » de revoir Le Pianiste, tant l’expérience avait été éprouvante. La sensation de faim intense ne l’a jamais vraiment quitté, et il a confié avoir souffert de trouble de stress post-traumatique (TSPT) après le tournage, ainsi que d’un trouble alimentaire pendant plus d’un an. Une dépression s’est également installée dans les mois qui ont suivi.
Cette transformation radicale et les cicatrices qu’elle a laissées illustrent l’exigence absolue d’Adrien Brody envers son art. Plus de vingt ans après, cet engagement reste le moteur de sa carrière : dans The Brutalist, son rôle le plus récent, l’acteur s’est de nouveau lancé corps et âme dans un personnage complexe — et il est déjà pressenti pour une nouvelle nomination aux Oscars.