Les jeux vidéo ne sont pas seulement un loisir : selon la science, ils peuvent devenir un véritable outil pour renforcer la santé mentale. Du choix du jeu à la manière de jouer, en passant par l’usage social et le développement identitaire, voici comment optimiser votre expérience vidéoludique pour booster votre bien-être.
Les jeux vidéo font régulièrement l’objet des mêmes débats : sont-ils bénéfiques ou nuisibles pour la santé mentale ? Un sujet sur lequel nous revenons aujourd'hui encore, dans le cadre de la semaine de la santé mentale.
Selon les dernières recherches publiées cette année, le bilan tend à être plutôt favorable, notamment chez les adolescents, dont la majorité déclare jouer régulièrement. Dans un entretien accordé à la BBC, le Dr Nick Ballou, psychologue et chercheur postdoctoral à l’Oxford Internet Institute, insiste bien sur le fait que les jeux vidéo peuvent enrichir nos vies et constituer un ajout précieux à notre « boîte à outils » de gestion du bien-être, comme il aime l'appeler. Pour lui, la façon dont le jeu influence notre humeur dépend « très peu du temps passé à jouer » : c’est la qualité qui compte, et non la quantité. Il recommande de se concentrer sur « quoi, comment, pourquoi et avec qui vous jouez ».
« Si vous manquez d'énergie (fatigue, ennui, déprime), optez pour un jeu dynamique ou stratégique. Si vous débordez d'énergie (stress, nervosité), privilégiez un jeu plus réfléchi. Et si vous êtes contemplatif, les jeux riches en émotions offrent un moyen de vivre quelque chose de nouveau et différent. »
D'après le spécialiste, trouver le jeu adapté à votre humeur peut être plus efficace pour rééquilibrer vos émotions que la lecture, la cuisine ou la musique, grâce à l’effet immersif du média.
Si vous ou quelqu’un de votre entourage souffre actuellement d’un trouble mental, voici quelques pistes pour vous aider :
- Le 3114, numéro national souffrance et prévention suicide, gratuit et accessible 7/7 et 24/24 sur l’ensemble du territoire (métropole et Outre-Mer). Pour les personnes en détresse psychique, leur entourage, les personnes endeuillés suite au suicide d’un proche et les professionnels en lien avec des personnes suicidaires.
- Le 0 800 235 236, Fil Santé Jeunes, permanence d’écoute téléphonique (9h à 23h) et tchat individuel (9h à 22h) anonyme et gratuit pour les 12-25 ans sur les thèmes de la santé, le mal être, l’amour…
- Nightline, ligne d'écoute nocturne anonyme et gratuite accessible 7/7 de 21h à 2h30, pour les étudiants et par des étudiants. Un numéro spécifique par région (Lille, Lyon, Paris, Pays de la Loire, Saclay et Toulouse)
- Le 0 980 980 930, Alcool info service, information, soutien, conseil et orientation pour les personnes en difficulté avec l’alcool et leurs proches, service anonyme et gratuit accessible 7/7 de 8h à 2h
- Mon soutien psy, dispositif de l’Assurance Maladie permettant de bénéficier de 8 séances remboursées par an chez un ou une psychologue partenaire. Plus d’informations ici.
- Pour plus d’informations sur la semaine de la santé mentale, rendez-vous sur cette page.
Ne pas se limiter au jeu
Bien sûr, le jeu ne devrait jamais être le seul moyen de gérer votre humeur. La « boîte à outils » recommandée par le Dr Ballou inclut d’autres activités bénéfiques : pratiques créatives, sport, méditation ou pleine conscience. Il met également en garde contre les jeux qui imposent des actions ou des styles de jeu que vous n’appréciez pas, ou dans lesquels vous avez l’impression de ne pas progresser.
Autre élément à prendre en compte : plus de 80 % des jeux se jouent en multijoueur, ce qui renforce l’importance de bonnes pratiques sociales. Il est dès lors important de varier les contextes (coop sur canapé, chat vocal en ligne, jeux solo avec un proche), et discuter après la partie pour partager ce qui a été apprécié et ce qu’on souhaite améliorer. Enfin, il est essentiel de se protéger des comportements toxiques, fréquents dans certains jeux en ligne, et souvent dirigés contre des groupes spécifiques.

- Retrouvez la source de l'article sur le site de la BBC
Explorer l’identité et apprendre
Ce n'est plus un secret, les jeux vidéo offrent aussi un terrain d’expérimentation pour le développement de l’identité. Ils permettent d’incarner différents rôles, d’explorer d’autres contextes culturels, d’expérimenter un autre genre ou une personnalité différente de la vôtre, par exemple plus assertive ou plus vulnérable émotionnellement. Le Dr Ballou cite son expérience dans World of Warcraft, où il a pu exercer un rôle de soignant qu’il n’aurait pas eu l’occasion de tester dans la vie réelle.
Nick explique : « Ayant grandi dans les années 2000 dans une petite ville du New Hampshire, aux États-Unis, je n'ai pas eu beaucoup d'occasions d'explorer ce que signifiait jouer le rôle de gardien pour les autres, mais être guérisseur dans World of Warcraft m'a donné l'occasion d'expérimenter précisément ce rôle. »
Les adolescents vulnérables ou marginalisés, comme les jeunes neurodivers ou LGBTQ+, peuvent particulièrement bénéficier de ce potentiel identitaire, selon l'expert. Il est cependant essentiel de veiller à ce que le jeu reste un aspect parmi d’autres de l’identité, en cultivant également les autres rôles que l’on occupe dans la vie réelle.