Alors qu’Electronic Arts vient d’être racheté pour un montant record, les nouveaux propriétaires affichent leur volonté de rationaliser les coûts en misant notamment sur l’intelligence artificielle. Une stratégie qui suscite des réactions contrastées, et que le réalisateur de Baldur’s Gate 3 remet clairement en cause.
L’actualité du jeu vidéo est marquée par une acquisition historique : Electronic Arts, éditeur de franchises majeures comme EA Sports FC et Battlefield, va changer de mains pour la modique somme de de 55 milliards de dollars. Mais au-delà du montant colossal, c’est surtout le discours des repreneurs qui attire l’attention, en particulier lorsqu’ils évoquent la place de l’IA dans la création vidéoludique.
Les nouveaux propriétaires d'EA misent sur l’IA
Les nouveaux dirigeants d’EA affichent une volonté claire : réduire les dépenses liées au développement tout en augmentant les revenus générés par leurs licences phares. Selon leurs déclarations, l’intelligence artificielle représenterait un levier central pour automatiser certaines étapes de production, raccourcir les délais et, à terme, concevoir davantage de contenus avec moins de ressources humaines. Une orientation qui s’inscrit dans une tendance plus large de l’industrie, où l’IA est perçue à la fois comme un outil de productivité et comme une source potentielle d’innovation.

Cette vision, toutefois, suscite des doutes chez de nombreux joueurs et professionnels. Car derrière l’idée d’une plus grande productitivité se pose la question de la qualité finale des titres. La jeune histoire du jeu vidéo a montré que des projets trop centrés sur la rentabilité rapide pouvaient se solder par des expériences décevantes, voire inachevées. Et c’est précisément ce point que certains créateurs mettent en avant pour tempérer l’enthousiasme autour de cette stratégie industrielle.
Le réalisateur de Baldur’s Gate 3 réagit
Swen Vincke, directeur du studio Larian et figure centrale derrière Baldur’s Gate 3, a réagi sur X (anciennement Twitter) et affiché clairement son scepticisme. Selon lui, vouloir produire des jeux plus vite et à moindre coût tout en augmentant les tarifs est une stratégie qui "n’a jamais marché". Il rappelle que l’équilibre délicat entre ambition créative, temps de développement et investissement humain reste la clé d’un projet réussi, et que l’industrie a déjà connu plusieurs échecs liés à des visions trop focalisées sur la réduction des coûts.
Probably a good time to remind people that making games faster and cheaper while charging more has never worked before.
— Swen Vincke @where? (@LarAtLarian) October 2, 2025
Pour S. Vincke, l’attrait de l’IA ne doit pas masquer l’essentiel : la conception de jeux vidéo repose avant tout sur la passion, le savoir-faire et l’implication de développeurs talentueux. Baldur’s Gate 3 en est un exemple éloquent, avec un cycle de production long, exigeant, mais couronné d'un succès critique (GOTY 2023 aux Game Awards) et commercial (plus de 15 millions d'exemplaires vendus). Son message doit être perçu comme un avertissement à l’heure où certains acteurs historiques envisagent de redéfinir leur modèle économique : sacrifier la qualité sur l’autel de la rentabilité pourrait s’avérer contre-productif à long terme.