L’histoire du cinéma regorge d’anecdotes de production, mais peu sont aussi surprenantes que le cheminement de Julia Roberts vers ce qui allait devenir un rôle emblématique des années 90. Engagée pour un projet initialement sombre, l’actrice a vu son rêve s’évanouir brutalement quelques jours seulement après son embauche, avant qu’un revirement spectaculaire ne la remette en selle !
L’actrice Julia Roberts, alors encore peu connue, a vécu une véritable montagne russe émotionnelle au début de sa carrière, une expérience résumée par les sources comme une « situation abracadabrantesque ». Alors qu'elle avait été sélectionnée pour un long-métrage, elle s'est retrouvée sans emploi à la suite d'un changement de cap radical du projet. Ce film, qui s'intitulait à l'origine 3000, était loin d'être la romance culte que le public connaît aujourd'hui, étant plutôt conçu comme un drame globalement pessimiste écrit par J.F Lawton.
L'annulation précoce et la métamorphose d'un scénario
Le premier engagement de Roberts fut assuré par une petite société de production, Vestron Pictures. La jeune comédienne s'était réjouie de cette opportunité professionnelle, mais son bonheur fut de courte durée. Après un weekend d’euphorie, elle apprit un lundi matin que Vestron Pictures se retirait définitivement du projet. Ce retrait signifiait l'annulation de sa participation et la fin des espoirs de succès liés à cette première version. Le script de Lawton fut néanmoins racheté par les studios Disney, marquant le début d'une transformation complète.

Le réalisateur Gary Marshall fut nommé pour diriger la production, et avec la productrice Laura Ziskin, le drame 3000 allait se muer en la célèbre comédie romantique Pretty Woman. Suite à ce changement de genre fondamental, Julia Roberts n’était plus considérée comme le choix évident pour le rôle. Une ribambelle d’actrices de renom, incluant Michelle Pfeiffer, Meg Ryan, Sarah Jessica Parker, Sandra Bullock, Daryl Hannah, Valeria Golino, et même Brooke Shields, se virent proposer la chance d'incarner le personnage principal.
Le retour inespéré et la naissance d'un duo culte
Malgré le fait que le rôle ait été offert à de nombreuses concurrentes, Gary Marshall fit preuve d’une grande courtoisie, un trait de caractère que Julia Roberts a elle-même reconnu en le qualifiant de « vrai gentleman ». Il jugea juste de la rencontrer au moins par correction, ouvrant la porte à un retour inattendu de l'actrice au sein de l'aventure. Une fois Roberts réintégrée, l'équipe dut faire face au second défi majeur : trouver l'acteur adéquat pour lui donner la réplique. Des comédiens comme Al Pacino furent sollicités, tandis que Richard Gere refusa initialement le rôle.

C'est lors d'un rendez-vous décisif à New York, en présence de Marshall et Roberts, que cette dernière réussit à convaincre Gere de s'engager. Richard Gere a raconté qu'alors qu’il hésitait encore, il l’a vue lui glisser discrètement un petit post-it sur lequel était simplement écrit : « s’il te plaît, dis oui ». Il accepta finalement, et l'alchimie qui opéra à l'écran donna naissance à ce que l'on appelle un « bonbon romantique », assurant à Pretty Woman une place durable au panthéon des classiques du cinéma des années 90.