Alors que les maîtres du cinéma hollywoodien tels que Steven Spielberg et Christopher Nolan sont souvent cités pour leurs œuvres marquantes sur les conflits armés, un long-métrage colossal, mais farouchement critiqué pour son objectif idéologique, a détrôné leurs plus grands succès au box-office mondial.

Ni l'incontournable Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg, ni Dunkerque de Christopher Nolan ne détiennent le record du film de guerre le plus rentable de l'histoire. Ce titre revient désormais à The Battle At Lake Changjin, une production chinoise monumentale qui a non seulement supplanté le chef-d'œuvre de Spielberg, mais aussi le biopic sur la guerre en Irak, American Sniper de Clint Eastwood.

Un record de rentabilité et de budget sans précédent

Ayant englouti un budget faramineux de 200 millions de dollars américains, The Battle At Lake Changjin détient la distinction d'être le spectacle de guerre ayant nécessité le plus d'argent, dépassant toutes les productions antérieures et ultérieures. Ce coût de production colossal a été largement amorti par un résultat mondial au box-office qui s'est élevé à 905 millions de dollars. En dépit du contexte mondial difficile de 2021 marqué par la crise sanitaire, ce succès phénoménal a positionné l'œuvre comme le deuxième film le plus rentable de l'année, juste derrière Spider-Man: No Way Home.

Cependant, ce succès commercial retentissant s'accompagne d'une vive polémique. L’œuvre n'est pas le fruit d'une initiative purement artistique ou commerciale, mais a été commanditée par des organismes d’État influents, notamment la Direction nationale de la radio et de la télévision chinoises, la Commission militaire centrale, ainsi que le Département de la propagande du Parti communiste chinois. L'objectif explicite derrière ce projet était de consolider et d'exalter le sentiment national au sein de la population chinoise.

Bataille épique et critiques acerbes

Le récit cinématographique se concentre sur l'affrontement éponyme du lac Changjin, une confrontation majeure survenue durant la guerre de Corée. Historiquement, cette bataille vit les forces chinoises triompher, forçant le retrait de l'armée américaine pourtant en infériorité numérique. La réalisation de cette œuvre ambitieuse fut confiée à un trio de figures majeures du cinéma chinois et hongkongais : Tsui Hark (connu pour Il était une fois en Chine), Chen Kaige (célèbre pour Adieu ma concubine), et Dante Lam (metteur en scène de Operation Red Sea).

Face à cette production mandatée par l'État, les critiques internationales n'ont pas manqué d'exprimer leurs réserves, dénonçant son caractère manifestement propagandiste. Dans un commentaire publié par The Guardian, le film a été qualifié de la sorte : « C'est de la pure propagande – parfois presque comique ». Preuve que cette thématique a largement résonné auprès du public chinois, une suite, intitulée The Battle At Lake Changjin II, fut lancée dans les cinémas l'année suivante et rencontra également un immense succès, générant 626 millions de dollars.