Avec la sortie de Baldur’s Gate 3, son niveau de qualité et de finition et les nombreuses prises de parole de ses cadres, on a compris que les équipes de Larian Studios étaient de ferventes défenseuses du jeu vidéo. De fait, lorsque le milliardaire et chef d’entreprise Elon Musk annonce vouloir se lancer dans la création de jeux vidéo en surexploitant l’utilisation de l’intelligence artificielle, il n’en faut pas plus pour que l’un des cadres du studio sorte de ses gonds et s’en aille tacler la « vision » du patron de Tesla et SpaceX.
Larian Studios (Baldur’s Gate 3) monte au créneau contre les ambitions d’Elon Musk dans le jeu vidéo
Peu importe le domaine dans lequel il s’implique, les projets d’Elon Musk ne l’aident pas vraiment à se faire des amis. Dernièrement, Michael Douse, directeur de la publication chez Larian Studios — studio de développement et éditeur à l’origine de Baldur’s Gate 3 — a vivement critiqué les récents projets d’Elon Musk visant à concevoir des jeux vidéo largement développés à l’aide d’outils d’intelligence artificielle générative. Dans une série de messages relayés sur les réseaux sociaux, Michael Douse a exprimé son scepticisme face à ce qu’il considère comme une approche motivée par la recherche de profits rapides plutôt que par une véritable vision créative.
Genuinely what this industry needs is not more mathematically produced, psychologically trained gameplay loops, rather more expressions of worlds that folks are engaged with, or want to engage with. AI has its place as a tool, but we have all the tools in the world and they… https://t.co/eL98XeLGW8
— Very AFK (@Cromwelp) October 6, 2025
« We don’t need another cash grab / Nous n’avons pas besoin d’une autre opportunité d’argent facile », a-t-il déclaré en guise de position tranchée quant à l’arrivée du patron de Tesla et SpaceX dans le secteur vidéoludique. Le projet d’Elon Musk, encore entouré de mystère, vise à lancer dès l’année prochaine le premier « grand jeu » de son futur studio orienté vers l’IA. Un objectif qui s’inscrit dans la tendance actuelle où l’intelligence artificielle générative occupe une place centrale dans toutes les industries technologiques, y compris celle du jeu vidéo. Toutefois, selon Michael Douse, ce n’est pas en empruntant cette voie que le jeu vidéo trouvera la réponse à tous ses problèmes. Selon lui, l’intelligence artificielle se rapproche d’autres révolutions récentes, comme la réalité virtuelle ou le cloud gaming, souvent pilotées par des investisseurs à la recherche d’un retour rapide plutôt que par des créateurs animés d’une vision à long terme.
Le directeur de la publication de Baldur’s Gate 3 déplore les ambitions d’Elon Musk alors que « l’industrie a besoin d’une vision »
Toujours selon le directeur de la publication de Larian Studios, l’industrie du jeu ne souffre pas d’un manque d’outils technologiques, mais d’un déficit de direction et de vision. « AI isn’t going to solve the big problem of the industry, which is leadership & vision / L’IA ne va pas résoudre le grand problème de l’industrie, qui est le leadership et la vision », explique-t-il dans sa série de messages postés sur le réseau social X. Loin de rejeter totalement l’IA, il en reconnaît la valeur comme outil de production, mais s’inquiète de la tentation de l’utiliser pour remplacer le travail créatif humain. L’industrie, selon lui, n’a pas besoin de « boucles de jeu » produites mathématiquement et entraînées psychologiquement, mais de « plus de représentations de mondes auxquelles les joueurs s’intéressent. »

Pour étayer ses propos sur X, Michael Douse met en avant le rôle fondamental du facteur humain dans la conception des jeux vidéo : « There is no craft without the human touch / Il n’y a pas d’artisanat sans une touche humaine. » Pour lui, l’artisanat vidéoludique repose sur la compétence, la différence et la capacité à transmettre une émotion. Transformer les jeux en simples produits numériques reviendrait, selon lui, à en effacer toute résonance, le genre d’élément qui pousse les joueurs à s’immerger dans un jeu vidéo. En guise de conclusion à ses messages, Michael Douse regrette que le passage au numérique, censé rapprocher créateurs et joueurs, ait plutôt renforcé la domination de grandes entreprises guidées par les « tableaux de pertes et de profit ».