Annulation d'un nouvel épisode d'Assassin's Creed : Les raisons politiques et les réactions des joueurs au cœur de la décision d'Ubisoft

Depuis quelques années, Ubisoft est clairement au cœur de beaucoup de polémiques. Suite à celles provoquées par la rage de certains joueurs au racisme à peine dissimulé ainsi qu’au contexte politique américain dominé par l’extrême-droite de Donald Trump, un jeu Assassin’s Creed au concept prometteur aurait été purement et simplement annulé…

Un jeu Assassin’s Creed annulé à cause de Trump et des joueurs

Maintenant que Assassin’s Creed Shadows est sorti, le prochain opus majeur de la saga phare d’Ubisoft devrait en toute logique être le fameux Codename Hexe qui place son contexte en pleine chasse aux sorcières. Mais selon des informations obtenues directement de la bouche d’employés d’Ubisoft par le site Game File, un autre jeu Assassin’s Creed non annoncé aurait également dû voir le jour dans les prochaines années. Cependant, au mois de juillet 2024, ce fameux jeu aurait été purement et simplement annulé par l'équipe de management parisienne de la firme. L’épisode en question aurait dû proposer aux joueurs de leur faire incarner un Assassin noir en plein contexte de Guerre de Sécession américaine, et plus précisément pendant la période de Reconstruction qui s’étend des années 1865 à 1877.

Assassin's Creed : Ubisoft a annulé ce nouvel épisode... à cause de Shadows, des joueurs et de Trump

Le personnage principal aurait donc dû être un ancien esclave ayant vécu dans les États du Sud avant de refaire sa vie dans l’Ouest. Recruté par les Assassins, il aurait ensuite été renvoyé dans les États du Sud pour se battre pour la justice dans un conflit qui l’aurait amené à faire face à l’émergence du Ku Klux Klan. Ubisoft n’a pour le moment pas souhaité commenter cette information, mais les sources de Game File (anonymisées pour leur sécurité) affirment que le projet aurait été annulé pour deux raisons. La première serait liée aux retours véhéments provoqués par la présence de Yasuke dans Assassin’s Creed Shadows, et la seconde concernerait le climat politique des Etats-Unis qui deviendrait “de plus en plus tendu”. Une source résume l’affaire en disant que le jeu était “trop politique dans un pays trop instable”. Et si ces mêmes sources confirment que les annulations ne sont pas rares dans le milieu, elles précisent tout de même que des annulations pour ces motifs le sont beaucoup plus.

Une annulation qui pose de sérieuses questions sur le futur du jeu vidéo

Bien sûr, il est difficile de savoir à quel point une annulation pareille pourrait avoir des répercussions sur le futur de l’industrie du jeu vidéo pour la simple et bonne raison que cette information ne se base que sur le témoignage de quelques personnes anonymisées et qu’Ubisoft ne peut donc pas éclaircir ses positions. Mais dans le cas où tout ceci serait réel et assumé, alors une telle annulation pose de sérieuses questions sur l’avenir du jeu vidéo et de la culture populaire en général.

Vous souvenez-vous du temps où l’on pouvait joyeusement défourailler du Nazi dans des licences cultissimes comme Wolfenstein ou Call of Duty ? De l’exaltation que pouvait provoquer le sound-design du coup de poing en plein dans le nez d’un officier SS dans Indiana Jones et le Cercle Ancien ? Du sentiment cathartique qui pouvait nous submerger lors du visionnage d’un film pourtant uchronique comme Inglourious Basterds ? Si de telles oeuvres étaient possibles et ne choquaient absolument personne, c’est parce que tout le monde savait que les adversaires étaient d’authentiques pourritures responsables du génocide le plus affreux de notre histoire moderne. En annulant (potentiellement) un jeu qui propose d’incarner un personnage directement victime du même type de pourritures dans sa quête de justice face à ses bourreaux, Ubisoft confirmerait qu’il n’est plus acceptable de se divertir en simulant un combat contre les personnes les plus infâmes de la planète. Mais s’il n’est plus possible de se battre contre eux, alors contre qui pouvons-nous nous battre ? Comment pourrons nous avoir d’autres œuvres éminemment politiques, antifascistes et pourtant ultra populaires comme Star Wars ou tout ce qui peut se faire chez Marvel et DC ?

Assassin’s Creed, comme beaucoup d’autres licences avant et après elle, a toujours eu une portée morale et politique. Les Templiers de la série ont toujours été une représentation fictive de tous les suprémacistes autoritaires qui ont pu avoir la moindre influence dans notre histoire. Personne n’aurait été étonné de voir un épisode d’Assassin’s Creed où les Templiers auraient été mêlés aux Nazis, comme personne n’aurait été étonné de voir un épisode d’Assassin’s Creed où le Ku Klux Klan et les Templiers ne feraient qu’un. Finalement, les seules personnes choquées par ce genre de scénario seraient ceux que Trump qualifiait de “very fine people” à Charlottesville, qui cachent à peine leurs tatouages à l’iconographie bizarrement très proche de celle du IIIème Reich et à qui on donne peut-être un peu trop le micro sans comprendre les conséquences de ce choix désastreux.